- ENTREE de SECOURS -



vendredi 28 juin 2019

Les nouveaux héros : cinq agneaux pour sauver le monde

Andrea Zhok
Sinistra in Rete
lun., 17 juin 2019 10:13 UTC


Hier, reportage sur la BBC. Titre : « Cinq adolescents qui ont changé le monde » (Five teens who changed the world). 

L'agneau peint par Zurbaran accepte son destin sans la moindre crispation, sans aucun ressentiment. Le contraste avec les pattes attachées, ne laissant aucun doute sur l'issue, et la douceur du visage qui consent, en est d'autant plus bouleversant.

On y raconte l'épopée moderne de Greta Thunberg (engagée contre le changement climatique), Malala Yousafzaï (héroïne de l'émancipation féminine anti-talibans), Emma González (survivante d'une fusillade dans un lycée étasunien et militante du contrôle des armes à feu), Jack Andraka (inventeur d'un test médical dans une foire étasunienne pour petits inventeurs), Amika George (qui soutient le droit des femmes les moins fortunées à avoir des serviettes hygiéniques gratuites). 

En dehors de quelque effet comique involontaire de cas un peu inégaux, cette charretée de « nouveaux héros » s'avère assez éclairante. Elle nous montre une façon significative qu'ont les membres de l'appareil médiatique de l'Occident industrialisé de protéger les intérêts des couches sociales qui signent leurs chèques. 

On mettra tout de suite de côté toute question concernant la valeur humaine ou l'exceptionnalité réelle des adolescents ci-dessus mentionnés. Il peut se faire que les jeunes concernés soient tous des personnes merveilleuses, capables et vertueuses. 

Ce ne sont pas eux qui sont ici le sujet. 

Ce qui compte, c'est le type de modèle humain qui est ainsi proposé au grand public. 

Il y a quatre points à souligner, que nous pouvons énumérer comme suit. 

1 ~ Jeunisme 


Le premier point qui saute aux yeux, c'est le fait d'élever au rang de modèle éthique justement des ados. Quel est le sens de cet intérêt particulier ? Ce n'est pas difficile à comprendre. Un jeune a des racines superficielles, courtes, il n'a pas (nécessairement) des connaissances profondes, ni des expériences solides, ni un enracinement social. D'un côté, il apparaît comme quelqu'un qui ne doit rien à personne, et, de l'autre, il a une autonomie limitée. Une fleur coupée dans un vase, qui peut être déplacée à volonté, tant qu'elle dure. 

Faute d'enracinement, les adolescents doivent tout à l'œil de la caméra, qui les porte à l'existence en tant que symboles à l'usage d'autrui. Privés d'un arrière-plan structuré et contrôlable, ils peuvent difficilement donner lieu à des « coups de tête » imprévus. Et, si jamais ils devaient le faire, au fond, ce sont des gamins, n'est-ce pas ? Tant qu'ils sont utiles, ils peuvent être des adultes honoraires, et, s'ils devaient se mettre à gêner, on peut à tout moment les laisser retomber dans le néant du silence médiatique. 

2 ~ Individualisme 

Nos jeunes modèles sont représentés selon le canon littéraire du héros solitaire. Le récit qu'ils suscitent est construit de façon à en souligner l'image d'« êtres supérieurs » qui s'imposent par leurs propres vertus, envers et contre tous. Self-made (wo)men en herbe, ils sont présentés comme de jeunes idéalistes qui n'ont pas besoin d'interagir, discuter, trouver des points d'accord, convaincre personne. La voie royale c'est, comme dans tout film de Hollywood digne de ce nom, « fais ce qui est juste » et le monde te suivra. 

3 ~ Particularisme 

Il s'agit, en troisième lieu, de sujets qui sont censés « changer le monde » sans avoir la moindre idée du « monde » qu'ils seraient en train de « changer ». (Et, du reste, comment prétendre qu'ils puissent en avoir, à cet âge ?). Leur histoire est là pour attester que les tentatives de compréhension systématique, de vision complexe et d'ensemble sont choses fastidieuses et superflues. Pour « améliorer le monde », tout ce qu'il faut, c'est suivre l'inspiration du moment et lutter de tout son cœur contre l'obstacle, se dévouant ainsi à ce petit bout de monde sur lequel on a achoppé. L'idée, ici, c'est que le monde s'améliorera automatiquement si on multiplie les prétendues solutions sectorielles pleines de bonnes intentions. 

4 ~ Compatibilité avec le système 

Enfin, on notera que les thèmes sur lesquels ils se concentrent appartiennent à des ordres d'idées répondant à deux caractéristiques : être déjà médiatiquement accrédités (des choses qui, chez les élites occidentales, sont reconnues comme étant le Bien), et être des sujets définis de façon à ne pas créer de problèmes aux capitaines du bateau (les signataires des chèques ci-dessus mentionnés). Des choses qui donnent bonne conscience, sans rien coûter de significatif à ceux qui tiennent la caisse. 

Naturellement, il n'est nul besoin d'une « planification centralisée » pour lancer ces projets médiatiques. Ce sont des contenus qui ont une fonction, et peuvent donc naître et proliférer comme des fruits spontanés de l'engagement des « professionnels de l'information ». 

Il s'agit de fragments d'une éthique médiatique qui donnent l'impression à tous qu' « il y a de l'espoir », sans besoin de rien faire, sans besoin d'actions collectives ou de vérités communes. Tels des fleurs des champs, belles, sauvages et vigoureuses, les « jeunes » sauveront le monde, et, pendant qu'ils le sauvent, nous, nous serons à l'abri, à filmer l'événement, à manger des pop corn et à les applaudir. 

Nous avons ici, bien loin des encombrantes formes traditionnelles de « l'homme providentiel », des « gamins providentiels » qui, sans tomber dans les formes coercitives et fastidieuses des exemplaires adultes, remettront le monde sur ses rails à coups d'actes spontanés, individuels, purs, sans le fardeau des arguments, et sans aucune forme contraignante. D'un côté, la « politique », sale, trouble, intrusive, un mal peut-être nécessaire, mais à éviter autant que possible ; en face, le spontanéisme juvénile de qui n'a besoin de rien, ne doit rien à personne, n'est ni compromis ni intrusif, et qui, surtout, fait tout lui-même, sans besoin de rien de notre part que notre sympathie. 

Petits agneaux de Dieu, venus nous libérer des péchés du monde, sans perturber le zapping. 

~ Traduit de l'italien pour Le Grand Soir

10 commentaires:

  1. Inde - 13 millions d'habitants touchés par une grave pénurie d'eau dans l'indifférence cynique et criminelle des autorités


    Arun Kumar
    WSWS
    mer., 26 juin 2019 08:48 UTC


    Une grave crise de l'eau dans le sud de l'Inde frappe Chennai, la capitale de l'État du Tamil Nadu qui est la quatrième région métropolitaine la plus peuplée du pays. Les résidents sont forcés de se joindre à des files d'attente la nuit pour avoir accès à de petites quantités d'eau. Les plus durement touchés sont les familles de la classe ouvrière et les familles pauvres.

    Pénurie d'eau Chennai Inde

    Alors que les autorités affirment que la crise est due à une mousson insuffisante, la véritable responsabilité de la pénurie d'eau à laquelle sont confrontés plus de 13 millions d'habitants de la région métropolitaine de Chennai incombe à l'establishment politique des grandes entreprises. Les gouvernements successifs central et des États, qu'ils soient dirigés par l'actuel parti au pouvoir, le Bharatiya Janata (BJP), parti suprématiste hindouiste, ou par le Parti du Congrès et les principaux partis régionalistes tamouls - le All India Anna Dravida Munnetra Kazhagam (AIADMK) ou le Dravida Munnetra Kazhagam (DMK) - font tous preuve d'indifférence criminelle face aux besoins fondamentaux des travailleurs.

    L'élite indienne se vante des « frappes chirurgicales » menées par ses militaires à l'intérieur du Pakistan et dépense des milliards de dollars pour construire l'arsenal nucléaire de l'Inde et acheter d'autres armements sophistiqués. Elle dépense également des milliards de dollars pour construire les infrastructures demandées par les investisseurs étrangers et locaux. Mais elle reste réticente et incapable d'investir dans les ressources en eau de l'Inde et de les gérer de manière à satisfaire les besoins les plus élémentaires de la population, à savoir son accès à de l'eau potable.

    Des manifestations ont eu lieu dans plusieurs parties de Chennai, ainsi que dans plusieurs villes et villages du Tamil Nadu, à propos de la crise de l'eau, qui a été aggravée par la vague de chaleur qui frappe actuellement une grande partie de l'Inde. Les températures ont atteint 42 degrés Celsius à Chennai.

    Il y a eu des incidents répétés de personnes qui cherchaient désespérément de l'eau en arrêtant des autobus de transport d'État pour demander de l'eau, et plusieurs affrontements ont eu lieu lorsque la police a tenté de briser les barrages routiers établis par les manifestants.

    Mercredi dernier, au moins 550 personnes ont été arrêtées après avoir participé à une manifestation devant le siège de la municipalité de Coimbatore, la deuxième ville du Tamil Nadu. Les manifestants, transportant des récipients d'eau vides, ont accusé les fonctionnaires de mauvaise gestion et de négligence.

    Les activités quotidiennes des habitants de Chennai ont été gravement affectées par la crise de l'eau. La Chennai City Corporation ayant pratiquement cessé toute distribution d'eau, les familles sont obligées de se joindre à de longues files d'attente, qui commencent à se former vers minuit, pour remplir leurs bidons avec l'eau dont elles ont besoin pour boire, cuisiner, se nettoyer et laver. Les plus durement touchés sont la classe ouvrière et les pauvres, car les résidents mieux lotis ont des puits privés ou peuvent acheter de l'eau embouteillée.

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  2. Les quatre lacs de la région qui alimentent en eau Chennai, Red Hills, Sholavaram, Chembarambakkam et Poondi, se sont transformés en véritables terres arides.

    Le lac Red Hills est l’un des quatre lacs fournissant de l’eau à Chennai, mais qui sont tous maintenant presque complètement asséchés

    L'eau acheminée par camion à la ville est loin de répondre à la demande. Faute d'eau pour cuisiner, de nombreuses personnes ont été forcées de dépenser leurs maigres ressources pour se procurer des repas au restaurant. Mais nombre de restaurateurs également touchés par la crise de l'eau augmentent leurs prix pour compenser le fait qu'ils doivent payer plus cher pour acheter de l'eau à des camions-citernes privés. D'autres ont choisi de tout simplement fermer leurs installations.

    Les étudiants vivant en foyer et les employés des TI sont également confrontés à la pénurie d'eau. Certaines entreprises de TI ont ainsi ordonné à leurs employés de travailler à domicile. Des citadins et des villageois des zones les plus durement touchées ont quitté leur foyer et se sont réfugiés chez des parents ou des amis dans d'autres régions ayant un meilleur accès à l'eau.

    La plupart des familles bourgeoises et de la classe moyenne supérieure ont accès à de l'eau sur leurs propriétés munies de puits profonds forés à leurs propres frais. Cependant, leur accès à l'eau souterraine est maintenant affecté par la mousson insuffisante et par l'expansion rapide et non planifiée des puits privés ces dernières années.

    N'ayant pas les moyens de se payer de tels puits de forage, la classe ouvrière et les familles pauvres doivent dépendre de l'approvisionnement limité en eau fournie par les robinets publics. Même avant la crise, les gens se plaignaient souvent que l'eau du robinet fournie par la Chennai City Corporation était contaminée par les eaux usées, qu'elle était malodorante et qu'elle n'était pas hygiénique. Mais les autorités municipales n'ont jamais tenu compte de ces plaintes, faisant preuve d'indifférence criminelle à l'égard des normes de santé élémentaires pour la grande majorité des résidents de la ville.

    Chennai est l'une des villes indiennes les plus durement touchées par la crise de l'eau plus générale qui touche une grande partie du pays. La capitale nationale, New Delhi, au nord, les États du Maharashtra et du Gujarat à l'ouest, et du Tamil Nadu, du Karnataka et d'Andhra Pradesh au sud souffrent tous d'une grave pénurie d'eau. Des dizaines de millions de personnes doivent se démener pour obtenir de l'eau afin de satisfaire leurs besoins quotidiens, et dans une grande partie de l'Inde, les cultures sur lesquelles l'économie rurale dépend sont menacées.

    Le gouvernement central récemment réélu du premier ministre Narendra Modi et formé par son parti, le BJP, qualifie la crise de l'eau comme étant une « exagération des médias ». Le ministre de l'énergie hydraulique, Gajendra Singh Shekhwat, a déclaré lors d'une conférence de presse le 17 juin :

    « Au Himachal Pradesh et dans d'autres régions, il y a suffisamment d'eau dans les barrages et les réservoirs. La crise de l'eau n'est pas aussi grave que tout le battage médiatique le laisse croire. »

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  3. Les remarques de Shekhwat révèlent l'indifférence cynique du gouvernement Modi et de l'élite dirigeante indienne qu'il représente à l'égard des besoins fondamentaux des travailleurs et des masses appauvries du pays. Contrairement aux affirmations du ministre BJP, en date du 15 juin, sur 91 réservoirs à travers le pays, 85 avaient des niveaux d'eau inférieurs à 40 % de leur capacité et 65 étaient à moins de 20 % de leur capacité, selon une analyse basée sur les données de la Commission centrale des eaux.

    En accord avec ses alliés du gouvernement central du BJP, le premier ministre du Tamil Nadu et le chef de l'AIADMK, K. Palaniswami, a cherché à minimiser l'importance de la crise de l'eau qui frappe Chennai et tout l'État, affirmant que « le problème n'est pas aussi important que ce que l'on dit, surtout dans ce qui est rapporté par les médias. » Il attribue l'appauvrissement des nappes phréatiques à la sécheresse et à une mousson insuffisante.

    Cherchant à exploiter la crise pour son propre profit politique, l'opposition formée par le DMK a accusé le gouvernement de l'État de faire preuve de « négligence » et responsable « d'échec administratif ». Le DMK, qui a disputé les élections d'avril-mai en alliance avec le Parti du Congrès représentant des grandes entreprises et le Parti communiste de l'Inde (Marxiste) stalinien a organisé des manifestations dans tout l'État le 22 juin pour exhorter le gouvernement de l'État à prendre des mesures pour résoudre la crise de l'eau.

    Des problèmes climatiques, y compris les changements climatiques, ont eu des répercussions sur les niveaux d'eau, faisant notamment subir à l'Inde des températures plus élevées et des sécheresses plus fréquentes au cours des dernières années. Mais la crise de l'eau au Tamil Nadu et en Inde en général est enracinée dans le refus des gouvernements, tant au niveau central qu'au niveau des États, à construire des infrastructures adéquates pour le stockage et la conservation de l'eau pour voir aux besoins fondamentaux de la population, notamment en matière d'irrigation. Tous les partis de l'establishment - tant les partis actuellement au pouvoir aux niveaux central et étatiques que sont le BJP et l'AIADMK, que leurs prédécesseurs du Congrès et du DMK - sont pleinement responsables de cette situation.

    Commentant la crise de l'eau à Chennai, Jyoti Sharma, fondateur et président de FORCE, une ONG indienne travaillant sur la conservation de l'eau, a souligné le manque d'infrastructures pour stocker l'eau de pluie lorsque la mousson tombe. « Le sol devient très vite saturé, explique Sharma. Sans systèmes de collecte d'eau, les rivières débordent alors vu qu'il n'y a pas d'espace pour que l'eau puisse rester, et tout va vers la mer et loin de la ville. »

    Cette négligence des autorités menace d'avoir des conséquences catastrophiques pour la grande majorité de la population. Un rapport publié l'an dernier par la National Institution for Transforming India (NITI Aayog), un groupe de réflexion du gouvernement indien présidé par Modi, a averti que Chennai se retrouvera sans eau potable dans les prochaines décennies. Le rapport note en outre que 21 grandes villes indiennes, dont Chennai, Bengalaru, Kochi, Coimbatore, Hyderabad, Vijayawada, Amravati et Solapur, seront à court d'eaux souterraines d'ici 2020.

    Malgré tous ces avertissements, ni Modi ni le gouvernement de l'AIADMK ou aucun autre organe étatique compétent n'ont pris la moindre mesure sérieuse pour se préparer à cette crise.

    https://fr.sott.net/article/34063-Inde-13-millions-d-habitants-touches-par-une-grave-penurie-d-eau-dans-l-indifference-cynique-et-criminelle-des-autorites

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    1. Dans TOUTES les dictatures les dirigeants sont totalement indifférents aux demandes du Peuple. C'est ce manque de Démocratie (C'est le Peuple qui dirige) qui font les guerres, les famines, les épidémies et parfois fort heureusement les révolutions.

      A ce jour, seule la Suisse est en Démocratie.

      Les dictateurs (monarchies, républiques, empires) se foutent TOTALEMENT de ce nombre qui les dépasse d'êtres humains incultes ou qui défilent les samedis pour soutenir la dictature en place et cracher sur la Démocratie !

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  4. Ils craignent «l’uberisation des pompiers»: Les soldats du feu se mettent en grève tout l’été


    17:30 28.06.2019
    Fabien Buzzanca


    Sept syndicats de pompiers professionnels ont appelé à une grève cet été afin de dénoncer leurs conditions de travail et le manque de moyens. Sputnik France demandé à Rémy Chabbouh, secrétaire général du syndicat Sud Solidaires SPP et Frédéric Perrin, président du SPASDIS-CFTC, de faire le point sur la situation de ces professionnels à bout.

    La maison Pompiers France brûle. Sept syndicats professionnels se sont mis en grève du 26 juin au 31 août. Ils demandent notamment une revalorisation des salaires, des recrutements et le retrait du projet de loi de transformation de la fonction publique.

    Le texte, porté par Olivier Dussopt, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Action et des Comptes publics, doit rendre la fonction publique «plus attractive et réactive, offrir des parcours professionnels plus diversifiés», selon Le Parisien. Les sapeurs-pompiers craignent de leur côté des appels de plus en plus nombreux aux contractuels.

    «Nous sommes attachés au statut de titulaire. Dans la fonction publique territoriale, les agents sont recrutés après concours, puis stagiaires et enfin titularisés. Nous craignons que la réforme de la fonction publique n’entraîne un recours de plus en plus massif aux contrats. Cela ressemblerait chez nous à des contrats militaires que l’on connaît bien dans la profession, car beaucoup d’entre nous sont passés par les pompiers de Paris et de Marseille, qui ont le statut militaire. Nous n’en voulons pas. Nous voyons bien que les pompiers issus du cursus militaire font tout pour venir chez nous, c’est assez révélateur. Ce dont on a besoin, c’est de pérenniser et de sécuriser les emplois. Avec cette réforme, nous allons vers l’“uberisation” des pompiers», explique Frédéric Perrin, président SPASDIS-CFTC.

    Mais ce qui inquiète le plus les pompiers concerne l’explosion des interventions ces dernières années. En 2017, ils ont effectué 4.651.500 interventions, soit près de 400.000 interventions de plus qu’en 2012. Le tout avec des effectifs qui stagnent. Selon un rapport du ministère de l’Intérieur, les pompiers professionnels étaient au nombre de 40.537 en 2017 pour 194.975 volontaires contre 40.343 professionnels et 197.986 volontaires en 2012. Faire plus avec les mêmes moyens, voilà toute la difficulté de l’équation. «Début des années 2000, nous étions à environ 65% d’interventions de secours à la personne. Aujourd’hui, nous sommes à plus de 80%. Et nos effectifs n’ont pas évolué, de même que nos conditions de travail. C’est l’effet ciseau», assure Frédéric Perrin.

    «La principale revendication concerne le surcroît d’activité entraîné par de nouvelles formes d’intervention, le tout dans un contexte où les effectifs n’augmentent pas. J’en veux pour preuve que les véhicules de secours aux asphyxiés et blessés (VSAB) sont devenus des véhicules de secours aux victimes (VSAV). Cela peut paraître anodin, mais c’est tout sauf un détail. Cela signifie qu’aujourd’hui, les pompiers n’interviennent plus seulement pour des urgences vitales, mais également pour des situations moins graves, telles des carences médicales», analyse Rémy Chabbouh, secrétaire général du syndicat Sud Solidaires SPP, qui ne fait pas partie de l’intersyndicale ayant appelé à la grève jusqu’au 31 août.

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  5. «Nous avons opté pour une journée de grève unique le 21 août. Et pas par hasard. Il s’agit de la Saint-Christophe. Nous sommes un peu plus dans le registre de l’impertinence. Le syndicat Sud est très implanté dans les grandes villes de France, comme Lyon ou Bordeaux. Nous avons une excellente connaissance du terrain et nous savons que la période estivale met particulièrement les collègues à cran. Nous avons pensé qu’une grève de deux mois allait plus les pénaliser qu’autre chose et avons opté pour l’action ciblée», explique-t-il.

    Des agressions en très forte hausse

    Les pompiers disent payer les pots cassés de l’austérité budgétaire qui frappe la France depuis plusieurs années. «Plus d’interventions, moins d’effectifs, suppressions et fusions de casernes… Le système est à bout de souffle. Tout cela entraîne un allongement des délais d’intervention», se désole Rémy Chabbouh.

    «Tout est lié. La disparition d’hôpitaux un peu partout, les déserts médicaux, etc. Tout cela nous touche. En période de grippe, les pompiers sont sollicités en masse pour des enfants qui toussent. C’est le syndrome Noémie, du prénom de cette jeune femme décédée l’année dernière après que le SAMU ait refusé de la prendre en charge. Le scandale a été tellement énorme que désormais, tout le monde a peur. Le moindre enfant qui a le nez qui coule peut être pris en charge par les pompiers», ajoute-t-il.

    D’après Le Monde, le ministère de l’Intérieur réfléchit à alléger la charge de travail des pompiers: «Des groupes de travail réfléchissent aux moyens de faire baisser la pression au niveau de la prise en charge des personnes, comme le rapprochement entre les ARS (agences régionales de santé) et les SDIS (services départementaux d’incendie et de secours) ou la limitation du temps d’attente des pompiers aux urgences.»

    «Tout cela va dans la bonne direction. Mais il reste un problème de taille. Les pompiers ne décident pas de l’endroit où ils vont transporter les victimes. C’est le service d’aide médicale urgente (SAMU) qui décide. Et cela donne des situations absolument aberrantes. Un exemple: Une femme enceinte appelle les pompiers à 2 h 00 du matin, car elle est sur le point d’accoucher. Imaginons qu’elle se situe à proximité de la polyclinique de Rieu, dans la région lyonnaise. L’établissement est parfaitement en capacité de faire accoucher cette femme. Il suffit qu’elle soit suivie dans un autre hôpital qui se situe à plusieurs dizaines de kilomètres pour que les pompiers soient obligés de l’amener dans cet établissement. À l’heure de la dématérialisation des dossiers, cela pose tout de même des questions», analyse Rémy Chabbouh.

    Frédéric Perrin va dans le même sens. Il s’en prend, lui aussi, à une organisation qui pénalise les pompiers:

    «Le ministère de la Santé joue seul. Je le dénonce clairement, même si je ne suis pas là pour taper sur nos collègues de la santé, qui sont eux aussi touchés par des mouvements sociaux. Reste que je suis syndicaliste depuis 20 ans, et cela 20 ans que la santé fait ce qu’elle veut. Les pompiers n’admettent plus d’être aux ordres des SAMU. Nous n’avons jamais réussi à nous mettre de façon objective et concrète autour de la table avec eux. La réalité, c’est qu’aujourd’hui, nous faisons le boulot que l’on ne devrait pas faire. Au-delà de l’urgence vitale, nous assurons un tas de missions qui ne sont pas les nôtres. Prenons le cas d’une caserne rurale isolée, qui n’a qu’une seule ambulance. Le SAMU, faute de moyens privés, demande à assurer un transport pour une personne qui n’est pas en danger de mort. Les pompiers s’en chargent et pendant ce temps-là la personne qui fait un arrêt cardiaque ne trouve plus de véhicule disponible pour l’emmener à l’hôpital.»

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  6. Les pompiers sont également confrontés à un nombre d’agressions qui explose. En décembre dernier, l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) lâchait une bombe. Entre 2008 et 2017, les agressions contre les pompiers ont triplé (+213%) pour atteindre le chiffre de 2.813 attaques. Quand on sait qu’elles étaient déjà de 2.280 en 2016 et que ce chiffre représentait une hausse de 17,6% par rapport à l’année précédente, il y a de quoi s’alarmer.

    «Nous demandons une réponse pénale plus forte lorsque l’on s’attaque aux pompiers. Il y a encore trop de classements sans suite ou de peines dérisoires prononcées. Il est vrai que l’on se heurte au problème des mineurs qui sont souvent à l’origine des “caillassages”. C’est un problème sociétal. En revanche concernant les adultes, les victimes et les proches des victimes qui agressent les pompiers, comme on peut le voir depuis quelques années, ils doivent être sévèrement punis. Il faut des condamnations exemplaires qui font passer un message: on n’agresse pas les pompiers. De plus, il y a un travail à faire concernant la charge de la preuve qui doit être fournie par le pompier. On nous avait promis l’expérimentation de caméra individuelle sur le modèle de celles des policiers, afin de filmer les interventions. Aujourd’hui, seuls quelques départements sont équipés. Pourtant, cela permettrait d’améliorer la situation», dénonce Rémy Chabbouh.

    En juillet 2018, une loi a autorisé les pompiers à expérimenter le port de caméra individuelle pour une durée de trois ans avant évaluation. Le texte a cependant fixé des limites à leur utilisation. L’enregistrement ne doit pas avoir lieu durant l’intégralité de l’intervention et il ne peut être activé s’il est susceptible de trahir le secret médical. De son côté, Frédéric Perrin mise sur la prévention:

    «Il faut refaire de la pédagogie. Nous avons identifié depuis plusieurs années les zones à risque et les quartiers difficiles. Les pompiers faisaient de la pédagogie dans les groupes scolaires, les associations. Sauf qu’aujourd’hui, la violence s’est banalisée. Les problèmes ne se concentrent plus seulement sur les quartiers difficiles, mais toutes les classes sociales sont concernées. Les gens sont devenus exigeants et parfois violents dans leurs propos, voire leurs gestes. La solution, on ne la connaît pas. Il faut responsabiliser les gens en leur demandant de ne pas appeler les pompiers pour tout et rien et d’être patients. Mais derrière cela, se trouvent des années d’échecs politiques. Des services ferment, les déserts médicaux gagnent du terrain. Depuis des années, nous tirons la sonnette d’alarme en disant: “Attention, là où les médecins disparaissent ce sont les pompiers qui vont être sollicités”. C’est tout un système qu’il faut revoir. Nous payons beaucoup d’impôts dans ce pays. Il serait temps qu’ils soient mieux utilisés.»

    Les pompiers demandent également une revalorisation de la «prime de feu» à 28% contre 19% actuellement. «La police est à 26%. Il faut qu’ils reconnaissent notre métier et ses risques à leur juste valeur», a déclaré à nos confrères du Parisien Jérôme François, secrétaire général de l’UNSA SDIS.

    «Les sapeurs-pompiers sont parfois équipés de casques lourds et de gilets pare-balles. Nous avons des missions qui n’existaient pas il y a quelques années, encore moins il y a 27 ans quand j’ai commencé dans le métier. Certains pompiers sont susceptibles d’intervenir en cas de tuerie de masse afin d’extraire les victimes conjointement avec les services de police. Les policiers et les urgentistes ont bénéficié de gestes récemment alors que ce n’est pas le cas pour nous: il y a quelque chose qui cloche. Il faudrait valoriser notre profession et pas uniquement lors des commémorations pour nos morts. Nous aimerions avoir plus de reconnaissance de notre vivant et autre chose que des médailles», revendique Rémy Chabbouh.

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  7. Du côté de la place Beauvau, on a déjà rappelé que «le mouvement n’aura pas d’impact sur la prise en charge de nos concitoyens», service minimum oblige. De plus, selon Le Monde, aucun «recrutement massif» n’est à l’ordre du jour. Pas plus que l’augmentation de la «prime de feu». «Cela coûterait 130 millions d’euros et les départements n’ont pas 130 millions d’euros pour cela», a déclaré Olivier Richefou, président de la Conférence nationale des SDIS, toujours au Monde. La mise en place d’une plateforme unique pour les services d’urgence, demandée par les pompiers, a cependant été évoquée par Olivier Richefou. Reste que la pilule pourrait être dure à avaler quand l’on sait que le gouvernement a récemment fait des concessions financières aux policiers et aux urgentistes, comme l’a rappelé Rémy Chabbouh. Dédaignés, les pompiers?

    «Oui, c’est un peu le sentiment que l’on a. Nous voulons des explications claires et des justifications. Nous ne sommes pas jaloux de ce qu’ont obtenu les policiers et les urgentistes, car de toute façon, cela ne suffira pas. On n’achète pas les gens. Nous ne voulons pas une prime pour retourner au boulot, mais des moyens pour travailler dignement et des recrutements. L’État compte trop sur les pompiers volontaires, mais par définition, ils ont un emploi à côté de leur engagement citoyen dans nos casernes. Nous savons très bien que nous ne pourrons pas mettre des professionnels partout, mais à un moment donné, il y a des choix à faire et un courage politique à avoir», lance Frédéric Perrin.

    Rémy Chabbouh veut donner sa chance au gouvernement:

    «Chez Sud, nous n’avons pas le même ressenti que nos collègues des autres syndicats. Nous avons eu des échanges très constructifs avec les autorités. Certes, les portes sont loin d’être grandes ouvertes, mais sur certains dossiers, nous avons des ouvertures. Il faut reconnaître qu’il y a six mois, tout était bloqué. Nous ne comprenons pas vraiment pourquoi l’intersyndicale a sorti l’artillerie lourde. Nous souhaitons encore privilégier le dialogue. Nous avons récemment été reçus par le président de l’ADF, l’Association des départements de France et la rencontre s’est très bien passée.»

    Il juge cependant le chiffre de 130 millions d’euros avancé par Olivier Richefou «surprenant»: «Il me semble qu’il a eu la main un peu lourde.»

    La rentrée risque d’être explosive pour le gouvernement. Entre réformes de l’assurance chômage, de la fonction publique et des retraites, la contestation sociale pourrait avoir droit à son été indien. L’intersyndicale qui a appelé à la grève des pompiers n’exclut pas de descendre dans la rue en septembre si elle n’est pas entendue durant l’été.

    «Nous sommes particulièrement concernés par la réforme des retraites. Les pathologies que les pompiers pouvaient avoir en fin de carrière dans le passé se retrouvent aujourd’hui beaucoup plus tôt. Notre métier fait partie de ceux dont l’espérance de vie à la retraite est la plus courte. Nous souhaitons savoir comment seront prises en compte les spécificités de notre métier dangereux. Nous n’avons actuellement aucune réponse. Nous avons l’impression que le gouvernement lui-même ne sait pas où il va», lance Frédéric Perrin.

    Jean-Marc Canon, de la CGT, déclarait récemment: «Il n’y a pas de dialogue social possible avec ceux qui représentent le pouvoir. Le projet de loi [sur la transformation de la fonction publique, NDLR] sera adopté, mais les sujets de fond sur le pouvoir d’achat et la défense des missions de service public seront toujours là à la rentrée.»

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  8. Certains Gilets jaunes promettent également un retour en force du mouvement en septembre. Pourrait-on voir les pompiers s’y mêler ? Rémy Chabbouh en doute:

    «Les Gilets jaunes nous ont déjà sollicités à plusieurs reprises, mais nous n’avons jamais donné suite. Je suis assez partagé sur ce sujet. Nous n’avons pas forcément les mêmes revendications. Nous sommes assez corporatistes de notre côté. Nous n’avons pas les mêmes problèmes que la secrétaire de mairie par exemple. Je pense qu’il vaut mieux que l’on reste dans notre registre de sapeur-pompier. Ensuite, un mouvement à la rentrée, pourquoi pas, mais laissons d’abord sa chance au dialogue.»

    https://fr.sputniknews.com/france/201906281041542475-ils-craignent-luberisation-des-pompiers-les-soldats-du-feu-se-mettent-en-greve-tout-lete/

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  9. Les ventes de munitions en Californie montent en flèche au début de la vérification des antécédents


    par Tyler Durden
    Vendredi, 28/06/2019 - 11h50


    Les propriétaires d'armes à feu californiennes se sont précipités pour acheter des balles avant l'entrée en vigueur lundi d'une nouvelle loi sur la vérification des antécédents, la première du genre au pays.

    "Au cours des deux dernières semaines, j'ai enregistré une hausse d'environ 300%", a déclaré à Fox News un propriétaire de magasin de munitions à Sacramento, précisant que les gens s'étaient "abreuvés à cause de ces nouvelles lois stupides".

    Adoptées en 2016, les propositions 63 et SB 1235 exigent l'un des deux types de vérification des antécédents lors de l'achat de tout type de munition pour arme à feu; un «contrôle d'éligibilité des munitions standard» de 1 $ pour toute personne ayant légalement acheté une arme de poing dans l'État depuis 1990 (et dont le permis de conduire ou l'ID correspond à l'adresse utilisée à l'époque) prend 2 à 3 minutes ou 19 $ plus invasif Contrôle d’éligibilité des munitions de base ", qui prendra environ 10 jours.

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    Les gagnants de la vente Sotheby's
    Ceux avec un "certificat d'éligibilité" (COE) valide délivré par le MJ devront payer des frais de 1 $.

    Via CRPA.org

    Les vérifications en arrière-plan instantanées référenceront les informations stockées dans le système automatisé des armes à feu du MJ, qui sera automatiquement archivé lorsqu'un résident de la Californie achète une arme à feu.

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    Vous trouverez un aperçu détaillé de la loi ici (via l’association californienne Rifle & Pistol / Michel & Associates).

    "Verrouiller une porte n'empêche pas un voleur de cambrioler, alors poser une autre restriction sur les munitions ne va pas empêcher une personne folle ou une personne souffrant de maladie mentale de se procurer des munitions ou une arme à feu", a déclaré à Fox un propriétaire de magasin d'armes à feu dans la région de Los Angeles 11

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    Il y a actuellement 10 projets de loi en instance devant la législature de l'État qui étendraient la loi. L'un d'entre eux permettrait aux gens de demander à un tribunal de désarmer un résident considéré comme "à risque", tandis qu'un autre prolongerait les ordonnances restrictives liées à la violence armée. d'un an à cinq ans.

    Des opposants à la nouvelle loi ont intenté une action en justice contre l’État, affirmant qu’elle violait leurs droits relatifs au 2e amendement.

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    https://www.zerohedge.com/news/2019-06-28/california-ammo-sales-spike-background-checks-start-monday

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