Politiques, humoristiques, pornographiques… les deepfakes, armes de désinformation massive ?
15:15 09.09.2019 Par Mike Beuve
Faire dire n’importe quoi, à n’importe qui. Le phénomène du deepfake prend de l’ampleur et inquiète. En cause ? La difficulté de distinguer ces fausses vidéos en raison d’un niveau de réalisme toujours plus grand. Sputnik s’est entretenu avec Yannick Harrel, expert en cyberstratégie, afin de comprendre les problèmes posés par cette technologie.
Les deepfakes n’en finissent plus de faire parler. Depuis quelques jours, l’application chinoise ZAO, qui permet à ses utilisateurs de remplacer dans une séquence vidéo, le visage d’une célébrité par le vôtre, ou celui d’un ami, fait un véritable tabac. Un succès qui soulève, outre la question de la protection des données, de nombreuses questions.
En effet, le face-swapping est un exemple de deepfake (combinaison de Deep Learning et fake) qui consiste à générer ou manipuler, de manière très réaliste, une vidéo grâce à l’intelligence artificielle. Plus particulièrement, les deepfakes reposent sur la technique des réseaux adversatifs générateurs (GAN), une technique de Machine learning. Le principe est simple: à partir d’images données, un premier algorithme tente de générer une image fausse mais réaliste, tandis qu’un second algorithme cherche à détecter si celle-ci est fausse. Les deux algorithmes s’entraînent et progressent mutuellement jusqu’au moment où le premier algorithme produit de fausses vidéos si réelles que le second n’arrive plus à détecter l’imposture.
La chaîne YouTube Ctrl Shift Face donne un aperçu des possibilités du deepfake. Par exemple, une des vidéos transforme l’acteur Bill Hader en Arnold Schwarzenegger.
Néanmoins, si ce type de montage, bien que troublant, reste divertissant et inoffensif, d’autres applications ont, quant à elles, dépassé les limites. On pense notamment au phénomène du fake porn qui fait «participer» des célébrités comme Gal Gadot (Wonder Woman) ou Scarlett Johansson dans des films à caractère pornographique, en plaquant leur visage sur celui de véritables actrices de film X.
À croire que le deepfake et le sexe font malheureusement bon ménage, l’application Deep nude, récemment censurée, permettait à ses utilisateurs de «déshabiller» virtuellement des femmes lambda en prenant simplement un cliché d’elles dans la rue. L’algorithme de l’application, utilisant des analyses poussées, proposait de dévoiler une version potentielle de leurs parties intimes.
Malgré le caractère dérangeant de ce type d’application, les conséquences des deepfakes d’un point de vue politique, voire géopolitique, pourraient être beaucoup plus graves. En effet, on se rappelle la vidéo partagée par le média Buzzfeed, où des termes injurieux à l'égard de Donald Trump sont énoncés par un faux Barack Obama.
Yannick Harrel, expert et chargé de cours en cyberstratégie, auteur de nombreux ouvrages sur le cyberespace et de stratégies de la donnée, a détaillé à Sputnik les écueils de cette technologie.
Sputnik France: on sait que la diffusion massive de fake news repose en grande partie sur des biais de confirmation. Avec des vidéos créées grâce à des IA qui permettent de faire tenir tel ou tel propos à une personnalité publique ou politique, le deep fake est-il un phénomène plus préoccupant que celui des infox ?
Yannick Harrel: «le "deepfaking" est une évolution de ce qui existait déjà depuis de nombreuses années. Pourtant, deux éléments lui ont permis de franchir un cap tant qualitatif que quantitatif: la datamasse et l'intelligence artificielle auxquels vous ajoutez une puissance de calcul démultipliée linéairement depuis les années 1970 (loi de Moore) […] Sur le principe donc, rien de nouveau depuis l'avènement de l'enregistrement des données visuelles. On peut citer de nombreuses retouches photographiques sur différents supports. Par exemple, en 1864 avec le général Ulysse S.Grant au front pendant la guerre de Sécession (association de trois photographies différentes pour en créer une), le requin qui émerge de l'eau à proximité d'un homme de l'US Air Force hélitreuillé.
Néanmoins, là où le procédé est toutefois plus complexe et remarquable, c’est que les retouches sont désormais réalisées en temps réel à l’image des réalisations du vidéaste Ctrl Shift Face.
Et pour cause, on passe de l'image fixe à de l'image en mouvement, la difficulté est donc accrue. De ce fait, on pourrait être susceptible de donner encore plus de crédibilité à ce qui est techniquement plus compliqué. D'où le risque de méprise en visionnant certaines vidéos puisque leur manipulation est censée être bien plus improbable que de simples photographies.»
«N'oublions pas l'aspect psychologique pour de nombreux spectateurs crédules qui se traduirait par: je ne crois que ce que je vois ».
Sputnik France: quelles sont les utilisations potentielles du deepfaking ?
Yannick Harrel: «elles sont pléthore: politique, humoristique, pornographique, pédagogique, etc. Le plus compliqué est de discerner les productions du deepfaking. À ce titre, on peut conjecturer que l'intelligence artificielle sera une réponse à cette problématique, et ce de façon ironique puisque ce procédé technique n'aurait pu connaître cet essor sans son apport. Cela laisse entrevoir, dans le futur, une lutte entre intelligences artificielles dont on peine à mesurer les conséquences plus larges.»
Sputnik France: Comment peut-on réussir à se prémunir contre ce phénomène ?
Yannick Harrel: «pour se prémunir contre ce phénomène, le mieux est déjà de ne pas diffuser ses photographies sur de multiples réseaux sociaux. Nous savons pertinemment que ceux-ci exploitent ces données, y compris graphiques, à leur profit ou au profit de partenaires commerciaux.
Lutter a posteriori contre ces pratiques de deepfaking est très compliqué. En effet, cela nécessite de la part de l’intéressé d'opérer un démenti officiel, de tenter une conciliation avec la plateforme éditrice, de saisir la CNIL (Commission Nationale Informatique et Libertés) pour un constat et une médiation assortie d'une sanction en cas de refus et, solution extrême, de saisir la justice.
Ce procédé technique a le mérite de nous rappeler que notre patrimoine ne se limite pas simplement à nos biens matériels ou immatériels mais aussi à notre personne. Selon les pays, le droit à l'image est protégé plus ou moins fortement mais il existe, et peut justifier l'intervention de la justice. Cependant, je rappelle qu'un minimum de précaution est nécessaire avant toute diffusion volontaire de sa représentation visuelle et qu'une entreprise ou une administration employant illégalement ou transférant celle-ci est susceptible de poursuites.»
Sputnik France: selon vous, les deepfakes peuvent-elles devenir une «arme» pour des gouvernements dans une optique de guerre informationnelle ?
Yannick Harrel: «Bien évidemment, le deepfake est une arme informationnelle comme les autres pouvant servir à divers desseins des gouvernements, soit à destination interne, soit à destination externe. C’est une arme d'autant plus crédible que les moyens mis en service peuvent être ridicules eu égard aux effets attendus selon les individus visés et les situations souhaitées (confusion, altération, aggravation ou éviction).
Or, par le passé, comme rappelé précédemment, certaines photographies retouchées avaient été employées à remonter le moral des troupes, discréditer une section politique dissidente ou attribuer indûment un évènement à une puissance concurrente. Toute cyberpuissance intervient sur les trois couches disponibles: logicielle, matérielle et informationnelle.»
«Si certains utilisateurs emploient le deepfaking pour assouvir de bas instincts, certains États l'emploient pour assouvir de basses œuvres.»
Le bon côté serait de faire jouer à l'infini des artistes disparus et ces nouveaux films sur Marylin Monroe, Laurel & Hardy ou humoristes Coluche, Thierry le Luron leur redonneraient vie. Mais, si l'on part au départ d'un visage 100 % imitation Clint Eastwood nul autre que le concepteur sur ordinateur ne peut toucher des droits d'auteur.
C'est ce qui pend au nez de Producteurs ou Metteurs-en-scène qui empêchent volontairement de donner une chance aux scénaristes et comédiennes/comédiens en les écartant afin de ne pas ombrager d'autres vedettes choisies !
Malheureusement, il y a (sur Youtube) des milliers de très mauvais films dont on se demande comment ils ont fait pour avoir un budget !
N'oublions pas qu'un ou une interprète sur le plateau ne joue mal qu'à la demande du metteur-en-scène ! (sinon il en changerait !). C'est ainsi que des artistes ont vu leur carrière démolie par des films mal tournés, mal montés et critiques de cinéma payés pour dire du mal de tel ou telle.
En Chine, Zao, la nouvelle application de type deepfake, est devenue virale. Cet application d’échange de visage est maintenant la plus télechargée du pays. Les utilisateurs fournissent à l’application une série de selfies dans lesquels ils clignent des yeux, bougent la bouche et créent des expressions faciales. Zao utilise ensuite ces clichés pour les transposer de manière réaliste à des personnages de films, d’émission de télévision ou d’autres contenus.
Toutefois, les critiques ont mis en garde contre le fait que l’application dispose de droits gratuits, irrévocables, permanents et transférables sur tout contenu généré par l’utilisateur. De cette manière, Zao peut utiliser les images des utilisateurs pour des publicités. Ces conditions ont immédiatement entraîné des réactions indignées.
Échange de visage
Zao a été développé par Momo, une société chinoise générant la majorité de ses revenus à partir de services de streaming. Momo est cotée à la bourse américaine Nasdaq. La capitalisation boursière de la société est de plus de 7 milliards de dollars.
Zao permet à ses utilisateurs de remplacer des célébrités dans des scènes de films de cinéma, d’émissions de télévision ou de vidéoclips. L’utilisateur peut ensuite partager ce contenu sur les médias sociaux avec d’autres personnes.
Ces dernières années, les applications de substitution de visage sont devenues populaires. Il y a d’abord eu Masquerade, qui a été reprise par Facebook en 2016. Plus récemment, on a assisté au lancement de FaceApp, une application russe qui génère une version plus âgée de vous-même.
FaceApp, développé par la société russe Wireless Lab, a également fait l’objet de critiques. Les critiques ont notamment expliqué que l’application stockait de nombreuses données personnelles de ses utilisateurs. L’origine russe de l’application était également une source d’inquiétudes pour beaucoup de personnes. L’organisation Bits of Freedom a déconseillé d’utiliser FaceApp.
Fausses nouvelles
En outre, les critiques estiment qu’il existe un autre risque. « Avec l’aide de l’intelligence artificielle, il est possible de créer de fausses vidéos avec des visages et des voix reconstitués artificiellement », indiquent-t-il. « Cette technologie peut être utilisée à des fins d’usurpation d’identité, de cyberintimidation et de fausses informations. »
Momo a déclaré comprendre parfaitement les préoccupations liées à la protection de la vie privée. La société a également modifié les conditions d’utilisation de l’application. Zao a promis d’utiliser les photos et vidéos de fichiers collectés uniquement pour améliorer ses services.
Le contenu supprimé par les utilisateurs sera également éliminé de ses serveurs. Mais cette annonce n’a pas rassuré tout le monde. Selon WeChat, propriété de la société Internet chinoise Tencent, l’application présente trop de risques pour la sécurité.
En Europe les écologistes font beaucoup plus de victimes que les terroristes
le 9 septembre 2019
Il y a des étés sans vagues de chaleur, parfois plutôt froids, et des été « caniculaires ». En cet été 2019 la vague de chaleur qui traversa l’Europe fut particulièrement prononcée puisque la température a atteint à Paris 42,5 degrés et 43,3 degrés dans certaines villes d’Allemagne. Comme conséquence de la canicule il y a eu une augmentation de 30 % du nombre de noyades pour se rafraîchir alors que moins de 5 % des logements en France sont équipés de conditionneurs d’air. C’est pire en Allemagne où le tout puissant parti « Vert » a tellement dissuadé les habitants de ce pays d’utiliser ce type d’équipement de confort que seulement 3 % des logements en sont équipés. La canicule de 2003, en conséquence, tua 7000 personne dans ce pays, 15000 en France et pour toute l’Europe 70000.
L’argument du parti écolo allemand n’est pas rassurant pour le public. En effet, en période de canicule les conditions météorologiques sont le plus souvent anticycloniques et il n’y a pas assez de vent pour faire tourner les moulins à vent. Les autorités allemandes ont donc déconseillé aux citoyens de s’équiper de conditionneurs d’air car la demande en électricité serait trop importante dans ces conditions. De plus les conditionneurs d’air sont considérés en haut lieu comme nuisibles pour le climat en particulier selon l’Institut allemand d’écologie appliquée (Öko-Institut). Si les Allemands et les Français disposaient d’air conditionné comme les Américains (90 %) les Coréens du Sud et les Japonais (86 %) ou encore les Chinois (60 %) personne n’aurait entendu parler des conséquences catastrophiques de ces canicules ! Conclusion : les écolos sont des criminels … mais on le savait déjà avec le riz doré que l’on peut citer comme exemple emblématique de leurs actions orientées contre le bien-être des populations. Les écolos sont donc de dangereux terroristes malgré le fait qu’ils viennent de trouver pour leur Eglise de Scientologie Climatique une sainte en la personne de Greta Thunberg.
EPA Part 2: Combien de degrés Celsius de réchauffement ces nouvelles directives pour les WA vont-elles diminuer ?
September 9th, 2019
Temps pour la question des coûts-avantages. Dans un monde sain, l'analyse de rentabilité de la réduction des émissions de carbone ressemble à une singularité nue. Peu importe combien de fois la question est posée, aucune réponse numérique n’émerge jamais.
Pourtant, des économies entières tournent autour de cette question même. - Jo
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Question 2: Combien de degrés Celsius de réchauffement ces nouvelles exigences vont-elles réduire et comment ce résultat sera-t-il mesuré ?
Quels sont les avantages pour l'environnement australien occidental des recommandations de l'EPA, d'autant plus qu'aucun pays n'essaie de réduire ses émissions et d'installer autant d'énergie renouvelable aussi rapidement que l'Australie l'est déjà. [1]
La population de l’Afrique de l’Ouest compte 2,6 millions d’habitants, soit environ 0,03% de la population totale de la Terre. Étant donné que les plus grandes économies du monde, telles que la Chine, l'Inde, le Brésil, le Japon et l'Indonésie, ne parviendront pas à réduire leurs émissions de manière significative, l'imposition de la population de l'État de Washington impose un lourd fardeau à l'industrie et à l'économie de l'État. être totalement inutile. Seuls 16 pays ont même pour objectif d'atteindre leurs objectifs de Paris. [2] L’un de ces 16 pays est l’Indonésie, mais il ya seulement cinq mois, l’Indonésie a menacé de se retirer de l’Accord de Paris [3]. Les États-Unis d’Amérique sont l’un des rares pays à avoir réduit leurs émissions de gaz carbonique, mais aucun programme ni objectif n’a été défini. La réduction est presque entièrement due à la croissance de l'industrie du gaz de schiste.
Si nous supposons que le IPCC a raison et que l’Australie pourrait réduire les émissions à zéro à compter d’aujourd’hui, elle ferait baisser la température en 2050 d’environ 0,015 ° C [4]. Évidemment, le total pour l’Australie occidentale uniquement, et avec une réduction partielle seulement, est un ordre de grandeur (ou deux) inférieur à celui-ci. Si la sensibilité du climat de l'IPCC est de 3 à 10 fois moins importante, comme le suggèrent les observations empiriques, l’effet total de la seule action de l’Australie occidentale sera encore plus faible.
L’EPA n’est tenue d’examiner que les incidences sur l’environnement. Néanmoins, même si l’avantage de la réduction des émissions de carbone par les projets de l’Australie occidentale est sûrement mesuré en dix millièmes de degré, l’EPA devrait-elle suivre des lignes directrices n’ayant qu’un avantage symbolique ?
Il y a sûrement des actions environnementales plus importantes que l'EPA devrait envisager ?
L’EPA doit définir ce qu’est une mesure «raisonnable».
En outre, si l'action de l'APE réduit les émissions, il est probable que ces émissions migreront simplement (avec les emplois et les investissements) vers les pays aux normes d'émissions moins élevées. Ainsi, les émissions seront simplement émises ailleurs et les réglementations de l'EPA n'auront rien obtenu en termes d'émissions de gaz carbonique globales.
Pire encore, la plupart des pays appliquent des normes de pollution inférieures à celles de l’Australie. L’effet final pourrait donc consister à préserver une très petite partie de la nature sauvage de l’Atlantique Occidentale, mais indirectement à créer plus de dommages environnementaux au niveau mondial.
Le document de l'EPA affirme que «les organismes de réglementation sont en train de considérer les pratiques internationales courantes en matière d'émissions de gaz à effet de serre». De nombreux pays paient du bout des lèvres aux émissions, mais les réductions réelles sont rares: voir la Chine, l'Indonésie, l'Inde, l'Afrique, le Brésil ou les États-Unis.
RÉFÉRENCES
[1 ^] Blakers, A., Stocks, M. et Lu, B. (2019) Australie: la superstar des énergies renouvelables, Observatoire de l'analyse et des politiques de l'APO, ANU, [PDF]
[2 ^] Nachmany, M. et Mangan, E. (2018) Alignement des objectifs climatiques nationaux et internationaux, London School of Economics and Political Science. http://www.lse.ac.uk/GranthamInstitute/publication/targets/
[4 ^] Evans, David (2011), calculs indépendants, publiés à l'adresse http://joannenova.com.au/2011/03/carbon-tax-australia-welcome-to-futility-island/. Le Dr Evans était autrefois l’un des principaux modélisateurs de Kyoto Carbon, l’Australian Greenhouse Office.
Implantée sur le territoire de Vittel, Nestlé est accusée par des citoyens d’accaparer les ressources en eau de la région: l’exploitation commerciale intensive accélérerait l’assèchement des sources, en plein changement climatique. Écologie et bien-être des citoyens face aux profits d’une multinationale, le pot de terre contre le pot de fer ?
Nestlé est-il en train de tuer sa poule aux œufs d’or, tout en privant une région entière d’une ressource vitale? Mondialement connue pour son eau minérale, la petite ville de Vittel, dans les Vosges, est aujourd’hui le théâtre d’un affrontement qui cristallise les enjeux du XXIe siècle.
En effet, un collectif citoyen est mobilisé depuis plusieurs mois afin d’alerter la population et les pouvoirs publics sur la gestion problématique de l’eau. Principale ressource naturelle de la région, celle-ci doit répondre aux besoins de plusieurs types d’usagers, qui dressent désormais un même constat: le risque de pénurie. Parmi eux, la très puissante multinationale Nestlé Waters, propriétaire du site depuis le début des années 1990.
Sous les pieds des Vittellois, trois nappes phréatiques renferment le précieux or bleu. Les deux premières, les plus superficielles, sont exploitées depuis les années 1850 et correspondent à la commercialisation de l’eau Hépar, Vittel Grande source et Contrex. C’est autour de la troisième nappe, l’aquifère des Grès du Trias inférieur (GTI), baptisée «Bonne source» et situé à une centaine de mètres de profondeur, que se concentrent les enjeux. Autorisée à prélever un million mètres cubes d’eau par an (soit un milliard de litres) par décret préfectoral, l’entreprise Nestlé Waters affirme y pomper aujourd’hui 678.053 mètres cubes (données 2018). Soit une quantité inférieure à la limite légale.
«Le problème, c’est que c’est là une déclaration de Nestlé», répond au micro de Sputnik Bernard Schmitt, porte-parole du collectif Eau 88, qui est engagé contre l’exploitation intensive du site. «Si nous demandons les chiffres à l’Agence de l’eau, celle-ci nous rétorque qu’elle ne peut pas les communiquer pour cause de secret en matière industrielle et commerciale.»
Car, rappelons-le, le bénéfice d’une telle activité est important: alors que le litre d’eau potable coûte en France, en moyenne, entre 0,002 et 0,003 centime d’euro au robinet, il est vendu à environ 50 centimes pour l’eau en bouteille, soit 100 à 200 fois plus cher. Du côté de la multinationale, on souhaite relativiser la situation:
«Nestlé Waters ne représente qu’un 1/4 seulement de la consommation», explique à Sputnik Audrey Roques, responsable de la communication.
En effet, la nappe en question alimente les besoins des industriels, notamment la fromagerie l’Ermitage, présente sur le territoire, mais également les agriculteurs et le réseau d’eau potable de la ville. Selon les chiffres communiqués par Nestlé, en 2017, les activités industrielles représenteraient 45% des prélèvements d’eau du secteur: 26% pour Nestlé Waters (soit 0,75 million de m3) et 17% pour la fromagerie l’Ermitage (0,50 million de m3). La multinationale suisse assure également avoir réduit ses prélèvements de 26% entre 2010 et 2018. Les 55% restants sont consommés par les activités locales.
«Le problème, c’est qu’il y a un taux de fuite dans les réseaux de 20% d’eau, s’insurge Bernard Schmitt. Cette part est comptabilisée sur celle des consommateurs par la Commission locale de l’eau. On nous les colle sur le dos, de quel droit »
Au total, ce sont environ 3 milliards de litres d’eau qui sont extraits chaque année de la seule nappe GTI, selon Eau 88. Problème, les pluies ne parviennent pas à recharger la nappe phréatique, qui se vide continuellement: les autorités évaluent le déficit d’eau à environ 1 million de m3 par an. Face au risque de pénurie, un projet de substitution a vu le jour. Celui-ci consisterait à transférer aux habitants de Vittel une eau provenant d’un territoire voisin situé à vingtaine de kilomètres, sur les communes de Valfroicourt et de Lerrain. Une opération qui implique un nouveau forage afin d’alimenter la ville en eau potable. Avec quelles conséquences ? Les membres du collectif ont fait appel à l’hydrogéologue Jean-Pierre Vançon, aujourd’hui retraité, avant d’évaluer les répercussions d’un tel changement. L’homme connaît bien la région et s’est donc penché sur la question.
«Le principal problème, affirme Jean-Pierre Vançon à Sputnik, c’est que les données qui servent de base aux rapports ne sont pas fiables.»
Selon lui, il serait nécessaire de mesurer plus efficacement les différents paramètres afin de mesurer avec exactitude la faisabilité du projet. L’un des points épineux concerne la recharge de cette nappe phréatique alternative, destinée à alimenter les Vittellois.
«Les calculs de pluviométrie annoncent une recharge de sept millions de mètres cubes d’eau par an. Or, de ces sept millions, six alimentent la rivière locale, le Madon, environ 0,5 sont pompés par les habitants sur place et 0,5 circule dans les grès» explique M. Vançon à l’aide d’un schéma. «Conclusion: il y a déjà une situation d’équilibre! Y ajouter un second forage pour les habitants de Vittel impliquerait une altération complète. On peut, dans ce cas, par exemple, accepter que le débit du Madon diminue.»
Problème, la pluviométrie est susceptible d’évoluer à la baisse, notamment à cause du changement climatique.
«Si, comme cette année, nous subissons des périodes répétées de sécheresse, alors la recharge de sept millions de mètres cubes va évidemment diminuer», s’inquiète l’ancien hydrogéologue.
Au delà de la question technique, c’est tout l’aspect moral qui bouscule certains habitants. Catherine Noviant, vittelloise de toujours, s’insurge à notre micro:
«Nous allons devoir arrêter de boire notre eau pour aller chercher celle du voisin parce que Nestlé, lui, continue de la pomper? Est-ce que c’est normal, ça »
Préfigurations des difficultés à venir Le département a imposé cet été, pour la deuxième année consécutive, des restrictions d’eau aux habitants. «Le déficit pluviométrique global qui perdure a entraîné une baisse générale des débits de tous les cours d’eau», annonce, fataliste, le communiqué qui informe des mesures prises par arrêté préfectoral: interdiction du remplissage des piscines à usage privé, de laver les véhicules, les voiries et les trottoirs, de nettoyer les terrasses et façades, interdiction d’arroser les pelouses et les espaces verts publics ou privés, etc.
«La réponse de la municipalité est de distribuer gratuitement des mousseurs aux habitants pour réduire le débit d’eau, la bonne blague! Et Nestlé, sont-ils invités à ralentir leur activité durant cette période?», s’interroge avec ironie Mme Noviant.
Dans la petite cité vosgienne, le débat fait rage.
«On ne peut pas discuter de ça avec les gens, moi je le vois avec mes patients», nous explique Marie-Laurence Zeil, médecin généraliste. «Toutes les familles ont un membre qui travaille ou a travaillé chez Nestlé. Pour eux, la priorité, c’est l’emploi.»
Une vision à court terme que dénonce également M. Schmitt:
«Les syndicats ne nous soutiennent pas sur ce dossier. Pourtant, ce chantage à l’emploi n’est pas un argument valable, car la tendance chez Nestlé est à la réduction des effectifs.»
L’entreprise est en effet passée de 1.350 salariés en 2010 à environ 900 employés aujourd’hui. En juin 2019, quelques mois après la concertation publique autour du projet de réaménagement de l’approvisionnement en eau, la CGT Nestlé Waters alertait sur la suppression de 120 emplois sur les sites de Vittel et Contrexéville.
«Un cadre dirigeant de Nestlé me disait déjà il y a deux ans que l’objectif était de descendre jusqu’à 300-200 emplois», assure M. Schmitt.
«C’est une sorte de colonisation, Nestlé dévore l’âme de cette ville», renchérit avec gravité Sylvain Loisant.
Ce peintre, ancien adjoint au maire de Vittel de 1995 à 2001, insiste sur l’aspect symbolique de la lutte que mènent les opposants à la multinationale:
«C’est un combat international qui se livre ici, deux façons de concevoir le monde et ses ressources. Avant, il y avait le souci de la qualité et de l’équilibre dans la production des bouteilles de Vittel. Avec Nestlé, la recherche de la quantité a pris le dessus.»
Le terme de «colonisation» que mentionne l’artiste souligne la question des rapports entre la multinationale et les différents leviers du pouvoir local. Dès la création de la Société des eaux de Vittel au milieu du XIX ° siècle, alors dirigée par Louis Bouloumié, le pouvoir municipal est intimement lié aux intérêts de la station thermale, puis aux usines d’embouteillage. Statue à l’effigie du patriarche, avenue et stade baptisés du même nom, la dynastie Bouloumié marque encore aujourd’hui le paysage urbain de Vittel. Les différents héritiers vont se succéder à la tête de l’entreprise et à celle de la ville. Maire de 1953 à 1975 et de 1995 à 2001, Guy de la Motte-Bouloumié est le dernier représentant de ce «capitalisme familial». Il a été également PDG de la Société des eaux de 1979 à 1992, date à laquelle Nestlé Waters rachète le groupe.
Qu’en est-il aujourd’hui des liens entre le nouveau propriétaire des nappes et les élus ? Déterminé, le collectif Eau 88 a œuvré, avec l’aide d’Anticor, une association de lutte contre la corruption, à l’ouverture d’une mise en examen de Claudie Pruvost pour conflits d’intérêts. Ancienne conseillère départementale, Mme Pruvost était la présidente de la Commission locale de l’eau, organisme alors responsable de l’évaluation des différentes alternatives proposées pour pallier le problème de déficit en eau. Mais l’ancienne élue est également l’épouse de Bernard Pruvost, à l’époque cadre chez Nestlé.
«Il y a une subordination des élus et des médias aux intérêts de Nestlé», dénonce M. Schmitt.
Exemple emblématique de taille, l’activiste souligne les liens étroits qui lient Peter Brabeck, PDG de Nestlé de 1997 à 2008, et Emmanuel Macron. La proximité entre les deux hommes n’est pas un secret. Celui qui deviendra par la suite candidat aux élections présidentielles aurait amplement participé au rachat en 2012, par Nestlé, de la filiale de nutrition infantile du groupe pharmaceutique Pfizer.
De telles accointances faciliteraient-elles l’étouffement de critiques ou d’enquêtes visant la multinationale suisse? De 1999 à 2003, plusieurs cas de pollution ont affecté la rivière du Petit Vair, qui traverse la commune de Vittel. Le scénario est quasiment toujours le même: des produits chimiques déversés dans l’eau provoquent la mort des poissons sur plusieurs kilomètres, ce qui alerte les autorités. Comme le rappelle le journaliste Jean Louis Lecomte, à l’époque correspondant dans la région,
«si l’usine Vittel a été soupçonnée, rien n’a prouvé sa responsabilité.» Il ajoute néanmoins que «le refus de communiquer de la part des responsables de l’usine n’était pas clairement exprimé, mais plutôt suggéré par leur attitude. Ça n’a pas facilité les choses.»
Ancien vice-président de la Société de pêche, Roland Boeuf se rappelle également de cette période: «Le Petit Vair a été contaminé au moins sept ou huit fois»,. Avec ses amis de l’époque, il se déplaçait pour constater les dégâts. Éric (nom modifié), ancien salarié de Nestlé sur le site voisin de Contrexéville, affirme à Sputnik que «tout était fait pour taire les accidents de ce genre.» L’homme nous énumère les nombreux cas de pollution auxquels il a assisté:
«Au cours de ma carrière chez les embouteilleurs, j’y ai vu énormément de pollutions accidentelles ou volontaires. Fioul lourd en fuites importantes, paraffine, rejets de colle de cartonnage non conforme, fuel, soude, déversement d’acide, déversement d’encres d’imprimerie (d’étiquettes et de cartons) dans les carrières de Sauville, chlore en goutte-à-goutte dans des forages, échappement de perchlorure de fer, émanations importantes de gaz chlores lors des brûlages d’extrudeuses de bouteilles PVC... et tout ce qui nous a été caché.»
l’entreprise Nestlé Waters reconnaît l’existence d’un «accident ponctuel», survenu en 1999.
«La cause de cette fuite accidentelle identifiée, nous avions pris toutes les mesures nécessaires afin de la maîtriser. Les mesures correctives appropriées ont été partagées avec le ministère de l’Écologie et du Développement durable. Depuis cet incident, qui remonte à près de 20 ans, plus aucun incident de ce genre n’a été à déplorer», assure la multinationale.
Inégal, le bras de fer qui oppose l’entreprise à certains citoyens ne semble pas près de trouver son dénouement.
«Ce que nous voulons d’abord, c’est que la justice impose un arrêt de l’embouteillage des grès par Nestlé, que les autorisations préfectorales soient interrompues», rappelle avec insistance Bernard Schmitt.
Écartant l’éventualité d’un arrêt de sa production, Nestlé déclare vouloir continuer à s’inscrire «dans une démarche collective avec l’ensemble des parties prenantes pour trouver des solutions et des opportunités pour l’avenir du territoire». Trouver un compromis entre la recherche du profit, propre à toute entreprise et la préservation d’une ressource naturelle par les habitants s’avère être un exercice difficile, peut-être même impossible. Une bataille qui se livre à Vittel, mais qui témoigne d’un enjeu global, que le réchauffement climatique semble avoir transformé en actualité brûlante.
Iriez-vous boire de l'eau de pluie filtrée par la terre qui remplirait une nappe remplies de milliards de milliards de bactéries baignant dans une eau merdique ? C'est du moins ce qu'a tenté d'écrire le ufologue Vançon:
(...) «Les calculs de pluviométrie annoncent une recharge de sept millions de mètres cubes d’eau par an. Or, de ces sept millions, six alimentent la rivière locale, le Madon, environ 0,5 sont pompés par les habitants sur place et 0,5 circule dans les grès» explique M. Vançon à l’aide d’un schéma. (...)
- Or, de ces sept millions, six alimentent la rivière locale, çà ruisselle.
- environ 0,5 sont pompés par les habitants sur place pour arroser les jardins
- 0,5 circule dans les grès sous terre.
Les nappes phréatique sont EXCLUSIVEMENT remplies par la chaufferie magmatique où l'eau infiltrée des bassins maritimes & océaniques est chauffée/bouillie et ressort toute propre (comme pour une cafetière électrique ou chauffage central) aux sources de montagnes (où elle perd 1°C par 100 m) et aux nappes phréatiques. C'est pour cela que l'eau est pure, garantie sans couleur, sans odeur et sans microbes !
Les taux de suicide en Amérique rurale bondissent, près d'un demi million de morts
par Tyler Durden Lundi 09/09/2019 - 23h45
Une nouvelle étude publiée la semaine dernière sonne l'alarme sur une crise suicidaire qui frappe l'Amérique rurale.
De 1999 à 2016, le taux de suicide des Américains âgés de 25 à 64 ans a bondi de 41%, ont noté des chercheurs dans le JAMA Network Open. L'étude a révélé que les Américains vivant dans des communautés rurales avaient 25% plus de chances de se suicider que ceux vivant dans les villes.
L'étude, intitulée Facteurs contextuels associés aux taux de suicide au niveau du comté aux États-Unis, de 1999 à 2016, a été dirigée par Danielle Steelesmith, chercheuse postdoctorale au centre médical Wexner de l'Université de l'Ohio State, a révélé que les taux de suicide ont augmenté dans les la pauvreté, les bas revenus, la faillite de l’agriculture, la désindustrialisation et le sous-emploi considérable.
Le rapport sur les emplois de «Goldilocks» confirme que la Fed réduira ses taux lors de la prochaine réunion, a déclaré Schmidt d'Aviva "Ces facteurs sont vraiment néfastes dans les zones rurales", a déclaré Steelesmith.
Steelesmith a déclaré qu'entre 1999 et 2016, il y avait eu 453 577 suicides parmi les Américains âgés de 25 à 64 ans, le nombre le plus important survenant entre 2010 et 2016. Environ 350 000 de ces décès étaient des hommes et beaucoup étaient des adultes d'âge moyen.
- voir cartes sur sites -
Les taux de suicide les plus élevés ont été observés dans l'Ouest, notamment au Colorado, au Nouveau-Mexique, en Utah et au Wyoming; Les Appalaches, y compris les comtés du Kentucky, de la Virginie et de la Virginie occidentale; et les Ozarks, y compris les comtés de l'Arkansas et du Missouri.
"La pauvreté persistante et à long terme semble être plus enracinée et les opportunités économiques plus limitées dans les zones rurales. Un plus grand isolement social, des problèmes de transport et de communication interpersonnelle et des difficultés associées à l'accès aux services de santé et de santé mentale contribuent probablement à l'association disproportionnée de la privation avec le suicide dans les comtés ruraux ", a déclaré Steelesmith.
L'indice de fragmentation sociale de l'étude inclut les niveaux de ménages d'une personne, de résidents non mariés et d'impermanence des résidents. Une fragmentation sociale élevée était associée aux comtés présentant des taux de suicide plus élevés.
Avec la disponibilité des armes à feu chez Walmart et la prolifération de magasins d’armes dans les États du Centre et du Midwest au cours des deux dernières décennies, l’accès aux armes à feu dans les communautés rurales a considérablement accru les suicides.
Oren Miron, chercheur à l'Institut de recherche Clalit en Israël, a déclaré que la hausse des taux de suicide dans les comtés ruraux est "alarmante".
Miron n'a pas participé à l'étude mais a déclaré que le chômage était le principal facteur de taux de suicide élevé.
Le suicide "est une tragédie américaine grandissante", a déclaré le Dr Albert Wu, interniste et professeur de politique et de gestion de la santé à la Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health.
"Il est devenu l'une des principales causes de décès aux États-Unis et un problème de santé publique majeur."
Dans les communautés rurales, "beaucoup des problèmes sociaux et de santé les plus pernicieux se croisent", a déclaré Wu.
Le manque d'installations de soins de santé et de santé mentale dans les zones rurales aggrave encore le problème. "L'assurance peut être un proxy pour l'accès des gens aux soins de santé mentale", a déclaré Steelesmith.
Wu a accepté. "Le manque d'assurance maladie tue les gens", a-t-il déclaré. "Plus d'assurance, y compris l'expansion de Medicaid, pourrait aider."
Néanmoins, "les déterminants sociaux de la santé sont vraiment importants", a déclaré le Dr David Brent, titulaire de la chaire de recherche sur le suicide et professeur de psychiatrie à l'Université de Pittsburgh. "On ne peut pas s'attaquer à ce type de problèmes de santé publique sans s'attaquer à [ces déterminants sociaux]. Oui, vous pouvez fournir davantage de services aux personnes démunies, mais rien de tel que d'aider les gens à se sortir de la pauvreté".
Et comme l'étude ne portait que sur les données de suicide de 1999 à 2016, il est probable que le nombre de suicides en Amérique rurale de 2016 à aujourd'hui a augmenté, grâce à un naufrage dans l'agriculture et à une récession dans le secteur manufacturier.
Politiques, humoristiques, pornographiques… les deepfakes, armes de désinformation massive ?
RépondreSupprimer15:15 09.09.2019
Par Mike Beuve
Faire dire n’importe quoi, à n’importe qui. Le phénomène du deepfake prend de l’ampleur et inquiète. En cause ? La difficulté de distinguer ces fausses vidéos en raison d’un niveau de réalisme toujours plus grand. Sputnik s’est entretenu avec Yannick Harrel, expert en cyberstratégie, afin de comprendre les problèmes posés par cette technologie.
Les deepfakes n’en finissent plus de faire parler. Depuis quelques jours, l’application chinoise ZAO, qui permet à ses utilisateurs de remplacer dans une séquence vidéo, le visage d’une célébrité par le vôtre, ou celui d’un ami, fait un véritable tabac. Un succès qui soulève, outre la question de la protection des données, de nombreuses questions.
En effet, le face-swapping est un exemple de deepfake (combinaison de Deep Learning et fake) qui consiste à générer ou manipuler, de manière très réaliste, une vidéo grâce à l’intelligence artificielle. Plus particulièrement, les deepfakes reposent sur la technique des réseaux adversatifs générateurs (GAN), une technique de Machine learning. Le principe est simple: à partir d’images données, un premier algorithme tente de générer une image fausse mais réaliste, tandis qu’un second algorithme cherche à détecter si celle-ci est fausse. Les deux algorithmes s’entraînent et progressent mutuellement jusqu’au moment où le premier algorithme produit de fausses vidéos si réelles que le second n’arrive plus à détecter l’imposture.
La chaîne YouTube Ctrl Shift Face donne un aperçu des possibilités du deepfake. Par exemple, une des vidéos transforme l’acteur Bill Hader en Arnold Schwarzenegger.
Néanmoins, si ce type de montage, bien que troublant, reste divertissant et inoffensif, d’autres applications ont, quant à elles, dépassé les limites. On pense notamment au phénomène du fake porn qui fait «participer» des célébrités comme Gal Gadot (Wonder Woman) ou Scarlett Johansson dans des films à caractère pornographique, en plaquant leur visage sur celui de véritables actrices de film X.
À croire que le deepfake et le sexe font malheureusement bon ménage, l’application Deep nude, récemment censurée, permettait à ses utilisateurs de «déshabiller» virtuellement des femmes lambda en prenant simplement un cliché d’elles dans la rue. L’algorithme de l’application, utilisant des analyses poussées, proposait de dévoiler une version potentielle de leurs parties intimes.
Malgré le caractère dérangeant de ce type d’application, les conséquences des deepfakes d’un point de vue politique, voire géopolitique, pourraient être beaucoup plus graves. En effet, on se rappelle la vidéo partagée par le média Buzzfeed, où des termes injurieux à l'égard de Donald Trump sont énoncés par un faux Barack Obama.
Yannick Harrel, expert et chargé de cours en cyberstratégie, auteur de nombreux ouvrages sur le cyberespace et de stratégies de la donnée, a détaillé à Sputnik les écueils de cette technologie.
Sputnik France: on sait que la diffusion massive de fake news repose en grande partie sur des biais de confirmation. Avec des vidéos créées grâce à des IA qui permettent de faire tenir tel ou tel propos à une personnalité publique ou politique, le deep fake est-il un phénomène plus préoccupant que celui des infox ?
RépondreSupprimerYannick Harrel: «le "deepfaking" est une évolution de ce qui existait déjà depuis de nombreuses années. Pourtant, deux éléments lui ont permis de franchir un cap tant qualitatif que quantitatif: la datamasse et l'intelligence artificielle auxquels vous ajoutez une puissance de calcul démultipliée linéairement depuis les années 1970 (loi de Moore) […] Sur le principe donc, rien de nouveau depuis l'avènement de l'enregistrement des données visuelles. On peut citer de nombreuses retouches photographiques sur différents supports. Par exemple, en 1864 avec le général Ulysse S.Grant au front pendant la guerre de Sécession (association de trois photographies différentes pour en créer une), le requin qui émerge de l'eau à proximité d'un homme de l'US Air Force hélitreuillé.
Néanmoins, là où le procédé est toutefois plus complexe et remarquable, c’est que les retouches sont désormais réalisées en temps réel à l’image des réalisations du vidéaste Ctrl Shift Face.
Et pour cause, on passe de l'image fixe à de l'image en mouvement, la difficulté est donc accrue. De ce fait, on pourrait être susceptible de donner encore plus de crédibilité à ce qui est techniquement plus compliqué. D'où le risque de méprise en visionnant certaines vidéos puisque leur manipulation est censée être bien plus improbable que de simples photographies.»
«N'oublions pas l'aspect psychologique pour de nombreux spectateurs crédules qui se traduirait par: je ne crois que ce que je vois ».
Sputnik France: quelles sont les utilisations potentielles du deepfaking ?
Yannick Harrel: «elles sont pléthore: politique, humoristique, pornographique, pédagogique, etc. Le plus compliqué est de discerner les productions du deepfaking. À ce titre, on peut conjecturer que l'intelligence artificielle sera une réponse à cette problématique, et ce de façon ironique puisque ce procédé technique n'aurait pu connaître cet essor sans son apport. Cela laisse entrevoir, dans le futur, une lutte entre intelligences artificielles dont on peine à mesurer les conséquences plus larges.»
Sputnik France: Comment peut-on réussir à se prémunir contre ce phénomène ?
Yannick Harrel: «pour se prémunir contre ce phénomène, le mieux est déjà de ne pas diffuser ses photographies sur de multiples réseaux sociaux. Nous savons pertinemment que ceux-ci exploitent ces données, y compris graphiques, à leur profit ou au profit de partenaires commerciaux.
Lutter a posteriori contre ces pratiques de deepfaking est très compliqué. En effet, cela nécessite de la part de l’intéressé d'opérer un démenti officiel, de tenter une conciliation avec la plateforme éditrice, de saisir la CNIL (Commission Nationale Informatique et Libertés) pour un constat et une médiation assortie d'une sanction en cas de refus et, solution extrême, de saisir la justice.
Ce procédé technique a le mérite de nous rappeler que notre patrimoine ne se limite pas simplement à nos biens matériels ou immatériels mais aussi à notre personne. Selon les pays, le droit à l'image est protégé plus ou moins fortement mais il existe, et peut justifier l'intervention de la justice. Cependant, je rappelle qu'un minimum de précaution est nécessaire avant toute diffusion volontaire de sa représentation visuelle et qu'une entreprise ou une administration employant illégalement ou transférant celle-ci est susceptible de poursuites.»
Sputnik France: selon vous, les deepfakes peuvent-elles devenir une «arme» pour des gouvernements dans une optique de guerre informationnelle ?
Yannick Harrel: «Bien évidemment, le deepfake est une arme informationnelle comme les autres pouvant servir à divers desseins des gouvernements, soit à destination interne, soit à destination externe. C’est une arme d'autant plus crédible que les moyens mis en service peuvent être ridicules eu égard aux effets attendus selon les individus visés et les situations souhaitées (confusion, altération, aggravation ou éviction).
RépondreSupprimerOr, par le passé, comme rappelé précédemment, certaines photographies retouchées avaient été employées à remonter le moral des troupes, discréditer une section politique dissidente ou attribuer indûment un évènement à une puissance concurrente. Toute cyberpuissance intervient sur les trois couches disponibles: logicielle, matérielle et informationnelle.»
«Si certains utilisateurs emploient le deepfaking pour assouvir de bas instincts, certains États l'emploient pour assouvir de basses œuvres.»
https://fr.sputniknews.com/international/201909091042063313-politiques-humoristiques-pornographiques-les-deepfakes-armes-de-desinformation-massive/
Le bon côté serait de faire jouer à l'infini des artistes disparus et ces nouveaux films sur Marylin Monroe, Laurel & Hardy ou humoristes Coluche, Thierry le Luron leur redonneraient vie. Mais, si l'on part au départ d'un visage 100 % imitation Clint Eastwood nul autre que le concepteur sur ordinateur ne peut toucher des droits d'auteur.
SupprimerC'est ce qui pend au nez de Producteurs ou Metteurs-en-scène qui empêchent volontairement de donner une chance aux scénaristes et comédiennes/comédiens en les écartant afin de ne pas ombrager d'autres vedettes choisies !
Malheureusement, il y a (sur Youtube) des milliers de très mauvais films dont on se demande comment ils ont fait pour avoir un budget !
N'oublions pas qu'un ou une interprète sur le plateau ne joue mal qu'à la demande du metteur-en-scène ! (sinon il en changerait !). C'est ainsi que des artistes ont vu leur carrière démolie par des films mal tournés, mal montés et critiques de cinéma payés pour dire du mal de tel ou telle.
L’application deepfake chinoise crée la panique
RépondreSupprimerArnaud Lefebvre
9 septembre 2019
En Chine, Zao, la nouvelle application de type deepfake, est devenue virale. Cet application d’échange de visage est maintenant la plus télechargée du pays. Les utilisateurs fournissent à l’application une série de selfies dans lesquels ils clignent des yeux, bougent la bouche et créent des expressions faciales. Zao utilise ensuite ces clichés pour les transposer de manière réaliste à des personnages de films, d’émission de télévision ou d’autres contenus.
Toutefois, les critiques ont mis en garde contre le fait que l’application dispose de droits gratuits, irrévocables, permanents et transférables sur tout contenu généré par l’utilisateur. De cette manière, Zao peut utiliser les images des utilisateurs pour des publicités. Ces conditions ont immédiatement entraîné des réactions indignées.
Échange de visage
Zao a été développé par Momo, une société chinoise générant la majorité de ses revenus à partir de services de streaming. Momo est cotée à la bourse américaine Nasdaq. La capitalisation boursière de la société est de plus de 7 milliards de dollars.
Zao permet à ses utilisateurs de remplacer des célébrités dans des scènes de films de cinéma, d’émissions de télévision ou de vidéoclips. L’utilisateur peut ensuite partager ce contenu sur les médias sociaux avec d’autres personnes.
Ces dernières années, les applications de substitution de visage sont devenues populaires. Il y a d’abord eu Masquerade, qui a été reprise par Facebook en 2016. Plus récemment, on a assisté au lancement de FaceApp, une application russe qui génère une version plus âgée de vous-même.
FaceApp, développé par la société russe Wireless Lab, a également fait l’objet de critiques. Les critiques ont notamment expliqué que l’application stockait de nombreuses données personnelles de ses utilisateurs. L’origine russe de l’application était également une source d’inquiétudes pour beaucoup de personnes. L’organisation Bits of Freedom a déconseillé d’utiliser FaceApp.
Fausses nouvelles
En outre, les critiques estiment qu’il existe un autre risque. « Avec l’aide de l’intelligence artificielle, il est possible de créer de fausses vidéos avec des visages et des voix reconstitués artificiellement », indiquent-t-il. « Cette technologie peut être utilisée à des fins d’usurpation d’identité, de cyberintimidation et de fausses informations. »
Momo a déclaré comprendre parfaitement les préoccupations liées à la protection de la vie privée. La société a également modifié les conditions d’utilisation de l’application. Zao a promis d’utiliser les photos et vidéos de fichiers collectés uniquement pour améliorer ses services.
Le contenu supprimé par les utilisateurs sera également éliminé de ses serveurs. Mais cette annonce n’a pas rassuré tout le monde. Selon WeChat, propriété de la société Internet chinoise Tencent, l’application présente trop de risques pour la sécurité.
https://fr.express.live/lapplication-deepfake-chinoise-cree-la-panique/
Remplacer les pédérastes des merdias ? Bêh il va y avoir du boulot !!
SupprimerEn Europe les écologistes font beaucoup plus de victimes que les terroristes
RépondreSupprimerle 9 septembre 2019
Il y a des étés sans vagues de chaleur, parfois plutôt froids, et des été « caniculaires ». En cet été 2019 la vague de chaleur qui traversa l’Europe fut particulièrement prononcée puisque la température a atteint à Paris 42,5 degrés et 43,3 degrés dans certaines villes d’Allemagne. Comme conséquence de la canicule il y a eu une augmentation de 30 % du nombre de noyades pour se rafraîchir alors que moins de 5 % des logements en France sont équipés de conditionneurs d’air. C’est pire en Allemagne où le tout puissant parti « Vert » a tellement dissuadé les habitants de ce pays d’utiliser ce type d’équipement de confort que seulement 3 % des logements en sont équipés. La canicule de 2003, en conséquence, tua 7000 personne dans ce pays, 15000 en France et pour toute l’Europe 70000.
L’argument du parti écolo allemand n’est pas rassurant pour le public. En effet, en période de canicule les conditions météorologiques sont le plus souvent anticycloniques et il n’y a pas assez de vent pour faire tourner les moulins à vent. Les autorités allemandes ont donc déconseillé aux citoyens de s’équiper de conditionneurs d’air car la demande en électricité serait trop importante dans ces conditions. De plus les conditionneurs d’air sont considérés en haut lieu comme nuisibles pour le climat en particulier selon l’Institut allemand d’écologie appliquée (Öko-Institut). Si les Allemands et les Français disposaient d’air conditionné comme les Américains (90 %) les Coréens du Sud et les Japonais (86 %) ou encore les Chinois (60 %) personne n’aurait entendu parler des conséquences catastrophiques de ces canicules ! Conclusion : les écolos sont des criminels … mais on le savait déjà avec le riz doré que l’on peut citer comme exemple emblématique de leurs actions orientées contre le bien-être des populations. Les écolos sont donc de dangereux terroristes malgré le fait qu’ils viennent de trouver pour leur Eglise de Scientologie Climatique une sainte en la personne de Greta Thunberg.
https://jacqueshenry.wordpress.com/2019/09/09/en-europe-les-ecologistes-font-beaucoup-plus-de-victimes-que-les-terroristes/
EPA Part 2: Combien de degrés Celsius de réchauffement ces nouvelles directives pour les WA vont-elles diminuer ?
RépondreSupprimerSeptember 9th, 2019
Temps pour la question des coûts-avantages. Dans un monde sain, l'analyse de rentabilité de la réduction des émissions de carbone ressemble à une singularité nue. Peu importe combien de fois la question est posée, aucune réponse numérique n’émerge jamais.
Pourtant, des économies entières tournent autour de cette question même. - Jo
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Question 2: Combien de degrés Celsius de réchauffement ces nouvelles exigences vont-elles réduire et comment ce résultat sera-t-il mesuré ?
Quels sont les avantages pour l'environnement australien occidental des recommandations de l'EPA, d'autant plus qu'aucun pays n'essaie de réduire ses émissions et d'installer autant d'énergie renouvelable aussi rapidement que l'Australie l'est déjà. [1]
La population de l’Afrique de l’Ouest compte 2,6 millions d’habitants, soit environ 0,03% de la population totale de la Terre. Étant donné que les plus grandes économies du monde, telles que la Chine, l'Inde, le Brésil, le Japon et l'Indonésie, ne parviendront pas à réduire leurs émissions de manière significative, l'imposition de la population de l'État de Washington impose un lourd fardeau à l'industrie et à l'économie de l'État. être totalement inutile. Seuls 16 pays ont même pour objectif d'atteindre leurs objectifs de Paris. [2] L’un de ces 16 pays est l’Indonésie, mais il ya seulement cinq mois, l’Indonésie a menacé de se retirer de l’Accord de Paris [3]. Les États-Unis d’Amérique sont l’un des rares pays à avoir réduit leurs émissions de gaz carbonique, mais aucun programme ni objectif n’a été défini. La réduction est presque entièrement due à la croissance de l'industrie du gaz de schiste.
Si nous supposons que le IPCC a raison et que l’Australie pourrait réduire les émissions à zéro à compter d’aujourd’hui, elle ferait baisser la température en 2050 d’environ 0,015 ° C [4]. Évidemment, le total pour l’Australie occidentale uniquement, et avec une réduction partielle seulement, est un ordre de grandeur (ou deux) inférieur à celui-ci. Si la sensibilité du climat de l'IPCC est de 3 à 10 fois moins importante, comme le suggèrent les observations empiriques, l’effet total de la seule action de l’Australie occidentale sera encore plus faible.
L’EPA n’est tenue d’examiner que les incidences sur l’environnement. Néanmoins, même si l’avantage de la réduction des émissions de carbone par les projets de l’Australie occidentale est sûrement mesuré en dix millièmes de degré, l’EPA devrait-elle suivre des lignes directrices n’ayant qu’un avantage symbolique ?
Il y a sûrement des actions environnementales plus importantes que l'EPA devrait envisager ?
L’EPA doit définir ce qu’est une mesure «raisonnable».
RépondreSupprimerEn outre, si l'action de l'APE réduit les émissions, il est probable que ces émissions migreront simplement (avec les emplois et les investissements) vers les pays aux normes d'émissions moins élevées. Ainsi, les émissions seront simplement émises ailleurs et les réglementations de l'EPA n'auront rien obtenu en termes d'émissions de gaz carbonique globales.
Pire encore, la plupart des pays appliquent des normes de pollution inférieures à celles de l’Australie. L’effet final pourrait donc consister à préserver une très petite partie de la nature sauvage de l’Atlantique Occidentale, mais indirectement à créer plus de dommages environnementaux au niveau mondial.
Le document de l'EPA affirme que «les organismes de réglementation sont en train de considérer les pratiques internationales courantes en matière d'émissions de gaz à effet de serre». De nombreux pays paient du bout des lèvres aux émissions, mais les réductions réelles sont rares: voir la Chine, l'Indonésie, l'Inde, l'Afrique, le Brésil ou les États-Unis.
RÉFÉRENCES
[1 ^] Blakers, A., Stocks, M. et Lu, B. (2019) Australie: la superstar des énergies renouvelables, Observatoire de l'analyse et des politiques de l'APO, ANU, [PDF]
[2 ^] Nachmany, M. et Mangan, E. (2018) Alignement des objectifs climatiques nationaux et internationaux, London School of Economics and Political Science. http://www.lse.ac.uk/GranthamInstitute/publication/targets/
[3 ^] Telesur, https://www.telesurenglish.net/news/Indonesia-Threatens-to-Withdraw-From-Paris-Agreement-Over-Palm-Oil-20190328-0007.html
[4 ^] Evans, David (2011), calculs indépendants, publiés à l'adresse http://joannenova.com.au/2011/03/carbon-tax-australia-welcome-to-futility-island/. Le Dr Evans était autrefois l’un des principaux modélisateurs de Kyoto Carbon, l’Australian Greenhouse Office.
http://joannenova.com.au/2019/09/epa-part-2-how-many-degrees-celsius-of-warming-will-these-new-wa-guidelines-abate/
Quand Nestlé prive Vittel… d’eau potable
RépondreSupprimer18:59 09.09.2019
Par Loïc Ramirez
Implantée sur le territoire de Vittel, Nestlé est accusée par des citoyens d’accaparer les ressources en eau de la région: l’exploitation commerciale intensive accélérerait l’assèchement des sources, en plein changement climatique. Écologie et bien-être des citoyens face aux profits d’une multinationale, le pot de terre contre le pot de fer ?
Nestlé est-il en train de tuer sa poule aux œufs d’or, tout en privant une région entière d’une ressource vitale? Mondialement connue pour son eau minérale, la petite ville de Vittel, dans les Vosges, est aujourd’hui le théâtre d’un affrontement qui cristallise les enjeux du XXIe siècle.
En effet, un collectif citoyen est mobilisé depuis plusieurs mois afin d’alerter la population et les pouvoirs publics sur la gestion problématique de l’eau. Principale ressource naturelle de la région, celle-ci doit répondre aux besoins de plusieurs types d’usagers, qui dressent désormais un même constat: le risque de pénurie. Parmi eux, la très puissante multinationale Nestlé Waters, propriétaire du site depuis le début des années 1990.
Sous les pieds des Vittellois, trois nappes phréatiques renferment le précieux or bleu. Les deux premières, les plus superficielles, sont exploitées depuis les années 1850 et correspondent à la commercialisation de l’eau Hépar, Vittel Grande source et Contrex. C’est autour de la troisième nappe, l’aquifère des Grès du Trias inférieur (GTI), baptisée «Bonne source» et situé à une centaine de mètres de profondeur, que se concentrent les enjeux. Autorisée à prélever un million mètres cubes d’eau par an (soit un milliard de litres) par décret préfectoral, l’entreprise Nestlé Waters affirme y pomper aujourd’hui 678.053 mètres cubes (données 2018). Soit une quantité inférieure à la limite légale.
«Le problème, c’est que c’est là une déclaration de Nestlé», répond au micro de Sputnik Bernard Schmitt, porte-parole du collectif Eau 88, qui est engagé contre l’exploitation intensive du site. «Si nous demandons les chiffres à l’Agence de l’eau, celle-ci nous rétorque qu’elle ne peut pas les communiquer pour cause de secret en matière industrielle et commerciale.»
Car, rappelons-le, le bénéfice d’une telle activité est important: alors que le litre d’eau potable coûte en France, en moyenne, entre 0,002 et 0,003 centime d’euro au robinet, il est vendu à environ 50 centimes pour l’eau en bouteille, soit 100 à 200 fois plus cher. Du côté de la multinationale, on souhaite relativiser la situation:
«Nestlé Waters ne représente qu’un 1/4 seulement de la consommation», explique à Sputnik Audrey Roques, responsable de la communication.
En effet, la nappe en question alimente les besoins des industriels, notamment la fromagerie l’Ermitage, présente sur le territoire, mais également les agriculteurs et le réseau d’eau potable de la ville. Selon les chiffres communiqués par Nestlé, en 2017, les activités industrielles représenteraient 45% des prélèvements d’eau du secteur: 26% pour Nestlé Waters (soit 0,75 million de m3) et 17% pour la fromagerie l’Ermitage (0,50 million de m3). La multinationale suisse assure également avoir réduit ses prélèvements de 26% entre 2010 et 2018. Les 55% restants sont consommés par les activités locales.
«Le problème, c’est qu’il y a un taux de fuite dans les réseaux de 20% d’eau, s’insurge Bernard Schmitt. Cette part est comptabilisée sur celle des consommateurs par la Commission locale de l’eau. On nous les colle sur le dos, de quel droit »
RépondreSupprimerAu total, ce sont environ 3 milliards de litres d’eau qui sont extraits chaque année de la seule nappe GTI, selon Eau 88. Problème, les pluies ne parviennent pas à recharger la nappe phréatique, qui se vide continuellement: les autorités évaluent le déficit d’eau à environ 1 million de m3 par an. Face au risque de pénurie, un projet de substitution a vu le jour. Celui-ci consisterait à transférer aux habitants de Vittel une eau provenant d’un territoire voisin situé à vingtaine de kilomètres, sur les communes de Valfroicourt et de Lerrain. Une opération qui implique un nouveau forage afin d’alimenter la ville en eau potable. Avec quelles conséquences ? Les membres du collectif ont fait appel à l’hydrogéologue Jean-Pierre Vançon, aujourd’hui retraité, avant d’évaluer les répercussions d’un tel changement. L’homme connaît bien la région et s’est donc penché sur la question.
«Le principal problème, affirme Jean-Pierre Vançon à Sputnik, c’est que les données qui servent de base aux rapports ne sont pas fiables.»
Selon lui, il serait nécessaire de mesurer plus efficacement les différents paramètres afin de mesurer avec exactitude la faisabilité du projet. L’un des points épineux concerne la recharge de cette nappe phréatique alternative, destinée à alimenter les Vittellois.
«Les calculs de pluviométrie annoncent une recharge de sept millions de mètres cubes d’eau par an. Or, de ces sept millions, six alimentent la rivière locale, le Madon, environ 0,5 sont pompés par les habitants sur place et 0,5 circule dans les grès» explique M. Vançon à l’aide d’un schéma. «Conclusion: il y a déjà une situation d’équilibre! Y ajouter un second forage pour les habitants de Vittel impliquerait une altération complète. On peut, dans ce cas, par exemple, accepter que le débit du Madon diminue.»
Problème, la pluviométrie est susceptible d’évoluer à la baisse, notamment à cause du changement climatique.
«Si, comme cette année, nous subissons des périodes répétées de sécheresse, alors la recharge de sept millions de mètres cubes va évidemment diminuer», s’inquiète l’ancien hydrogéologue.
Au delà de la question technique, c’est tout l’aspect moral qui bouscule certains habitants. Catherine Noviant, vittelloise de toujours, s’insurge à notre micro:
«Nous allons devoir arrêter de boire notre eau pour aller chercher celle du voisin parce que Nestlé, lui, continue de la pomper? Est-ce que c’est normal, ça »
Préfigurations des difficultés à venir Le département a imposé cet été, pour la deuxième année consécutive, des restrictions d’eau aux habitants. «Le déficit pluviométrique global qui perdure a entraîné une baisse générale des débits de tous les cours d’eau», annonce, fataliste, le communiqué qui informe des mesures prises par arrêté préfectoral: interdiction du remplissage des piscines à usage privé, de laver les véhicules, les voiries et les trottoirs, de nettoyer les terrasses et façades, interdiction d’arroser les pelouses et les espaces verts publics ou privés, etc.
«La réponse de la municipalité est de distribuer gratuitement des mousseurs aux habitants pour réduire le débit d’eau, la bonne blague! Et Nestlé, sont-ils invités à ralentir leur activité durant cette période?», s’interroge avec ironie Mme Noviant.
Dans la petite cité vosgienne, le débat fait rage.
RépondreSupprimer«On ne peut pas discuter de ça avec les gens, moi je le vois avec mes patients», nous explique Marie-Laurence Zeil, médecin généraliste. «Toutes les familles ont un membre qui travaille ou a travaillé chez Nestlé. Pour eux, la priorité, c’est l’emploi.»
Une vision à court terme que dénonce également M. Schmitt:
«Les syndicats ne nous soutiennent pas sur ce dossier. Pourtant, ce chantage à l’emploi n’est pas un argument valable, car la tendance chez Nestlé est à la réduction des effectifs.»
L’entreprise est en effet passée de 1.350 salariés en 2010 à environ 900 employés aujourd’hui. En juin 2019, quelques mois après la concertation publique autour du projet de réaménagement de l’approvisionnement en eau, la CGT Nestlé Waters alertait sur la suppression de 120 emplois sur les sites de Vittel et Contrexéville.
«Un cadre dirigeant de Nestlé me disait déjà il y a deux ans que l’objectif était de descendre jusqu’à 300-200 emplois», assure M. Schmitt.
«C’est une sorte de colonisation, Nestlé dévore l’âme de cette ville», renchérit avec gravité Sylvain Loisant.
Ce peintre, ancien adjoint au maire de Vittel de 1995 à 2001, insiste sur l’aspect symbolique de la lutte que mènent les opposants à la multinationale:
«C’est un combat international qui se livre ici, deux façons de concevoir le monde et ses ressources. Avant, il y avait le souci de la qualité et de l’équilibre dans la production des bouteilles de Vittel. Avec Nestlé, la recherche de la quantité a pris le dessus.»
Le terme de «colonisation» que mentionne l’artiste souligne la question des rapports entre la multinationale et les différents leviers du pouvoir local. Dès la création de la Société des eaux de Vittel au milieu du XIX ° siècle, alors dirigée par Louis Bouloumié, le pouvoir municipal est intimement lié aux intérêts de la station thermale, puis aux usines d’embouteillage. Statue à l’effigie du patriarche, avenue et stade baptisés du même nom, la dynastie Bouloumié marque encore aujourd’hui le paysage urbain de Vittel. Les différents héritiers vont se succéder à la tête de l’entreprise et à celle de la ville. Maire de 1953 à 1975 et de 1995 à 2001, Guy de la Motte-Bouloumié est le dernier représentant de ce «capitalisme familial». Il a été également PDG de la Société des eaux de 1979 à 1992, date à laquelle Nestlé Waters rachète le groupe.
Qu’en est-il aujourd’hui des liens entre le nouveau propriétaire des nappes et les élus ? Déterminé, le collectif Eau 88 a œuvré, avec l’aide d’Anticor, une association de lutte contre la corruption, à l’ouverture d’une mise en examen de Claudie Pruvost pour conflits d’intérêts. Ancienne conseillère départementale, Mme Pruvost était la présidente de la Commission locale de l’eau, organisme alors responsable de l’évaluation des différentes alternatives proposées pour pallier le problème de déficit en eau. Mais l’ancienne élue est également l’épouse de Bernard Pruvost, à l’époque cadre chez Nestlé.
«Il y a une subordination des élus et des médias aux intérêts de Nestlé», dénonce M. Schmitt.
RépondreSupprimerExemple emblématique de taille, l’activiste souligne les liens étroits qui lient Peter Brabeck, PDG de Nestlé de 1997 à 2008, et Emmanuel Macron. La proximité entre les deux hommes n’est pas un secret. Celui qui deviendra par la suite candidat aux élections présidentielles aurait amplement participé au rachat en 2012, par Nestlé, de la filiale de nutrition infantile du groupe pharmaceutique Pfizer.
De telles accointances faciliteraient-elles l’étouffement de critiques ou d’enquêtes visant la multinationale suisse? De 1999 à 2003, plusieurs cas de pollution ont affecté la rivière du Petit Vair, qui traverse la commune de Vittel. Le scénario est quasiment toujours le même: des produits chimiques déversés dans l’eau provoquent la mort des poissons sur plusieurs kilomètres, ce qui alerte les autorités. Comme le rappelle le journaliste Jean Louis Lecomte, à l’époque correspondant dans la région,
«si l’usine Vittel a été soupçonnée, rien n’a prouvé sa responsabilité.» Il ajoute néanmoins que «le refus de communiquer de la part des responsables de l’usine n’était pas clairement exprimé, mais plutôt suggéré par leur attitude. Ça n’a pas facilité les choses.»
Ancien vice-président de la Société de pêche, Roland Boeuf se rappelle également de cette période: «Le Petit Vair a été contaminé au moins sept ou huit fois»,. Avec ses amis de l’époque, il se déplaçait pour constater les dégâts. Éric (nom modifié), ancien salarié de Nestlé sur le site voisin de Contrexéville, affirme à Sputnik que «tout était fait pour taire les accidents de ce genre.» L’homme nous énumère les nombreux cas de pollution auxquels il a assisté:
«Au cours de ma carrière chez les embouteilleurs, j’y ai vu énormément de pollutions accidentelles ou volontaires. Fioul lourd en fuites importantes, paraffine, rejets de colle de cartonnage non conforme, fuel, soude, déversement d’acide, déversement d’encres d’imprimerie (d’étiquettes et de cartons) dans les carrières de Sauville, chlore en goutte-à-goutte dans des forages, échappement de perchlorure de fer, émanations importantes de gaz chlores lors des brûlages d’extrudeuses de bouteilles PVC... et tout ce qui nous a été caché.»
l’entreprise Nestlé Waters reconnaît l’existence d’un «accident ponctuel», survenu en 1999.
«La cause de cette fuite accidentelle identifiée, nous avions pris toutes les mesures nécessaires afin de la maîtriser. Les mesures correctives appropriées ont été partagées avec le ministère de l’Écologie et du Développement durable. Depuis cet incident, qui remonte à près de 20 ans, plus aucun incident de ce genre n’a été à déplorer», assure la multinationale.
Inégal, le bras de fer qui oppose l’entreprise à certains citoyens ne semble pas près de trouver son dénouement.
«Ce que nous voulons d’abord, c’est que la justice impose un arrêt de l’embouteillage des grès par Nestlé, que les autorisations préfectorales soient interrompues», rappelle avec insistance Bernard Schmitt.
Écartant l’éventualité d’un arrêt de sa production, Nestlé déclare vouloir continuer à s’inscrire «dans une démarche collective avec l’ensemble des parties prenantes pour trouver des solutions et des opportunités pour l’avenir du territoire». Trouver un compromis entre la recherche du profit, propre à toute entreprise et la préservation d’une ressource naturelle par les habitants s’avère être un exercice difficile, peut-être même impossible. Une bataille qui se livre à Vittel, mais qui témoigne d’un enjeu global, que le réchauffement climatique semble avoir transformé en actualité brûlante.
https://fr.sputniknews.com/france/201909091042065923-quand-nestle-prive-vittel-deau-potable-/
Iriez-vous boire de l'eau de pluie filtrée par la terre qui remplirait une nappe remplies de milliards de milliards de bactéries baignant dans une eau merdique ?
SupprimerC'est du moins ce qu'a tenté d'écrire le ufologue Vançon:
(...) «Les calculs de pluviométrie annoncent une recharge de sept millions de mètres cubes d’eau par an. Or, de ces sept millions, six alimentent la rivière locale, le Madon, environ 0,5 sont pompés par les habitants sur place et 0,5 circule dans les grès» explique M. Vançon à l’aide d’un schéma. (...)
- Or, de ces sept millions, six alimentent la rivière locale, çà ruisselle.
- environ 0,5 sont pompés par les habitants sur place pour arroser les jardins
- 0,5 circule dans les grès sous terre.
Les nappes phréatique sont EXCLUSIVEMENT remplies par la chaufferie magmatique où l'eau infiltrée des bassins maritimes & océaniques est chauffée/bouillie et ressort toute propre (comme pour une cafetière électrique ou chauffage central) aux sources de montagnes (où elle perd 1°C par 100 m) et aux nappes phréatiques. C'est pour cela que l'eau est pure, garantie sans couleur, sans odeur et sans microbes !
Les taux de suicide en Amérique rurale bondissent, près d'un demi million de morts
RépondreSupprimerpar Tyler Durden
Lundi 09/09/2019 - 23h45
Une nouvelle étude publiée la semaine dernière sonne l'alarme sur une crise suicidaire qui frappe l'Amérique rurale.
De 1999 à 2016, le taux de suicide des Américains âgés de 25 à 64 ans a bondi de 41%, ont noté des chercheurs dans le JAMA Network Open. L'étude a révélé que les Américains vivant dans des communautés rurales avaient 25% plus de chances de se suicider que ceux vivant dans les villes.
L'étude, intitulée Facteurs contextuels associés aux taux de suicide au niveau du comté aux États-Unis, de 1999 à 2016, a été dirigée par Danielle Steelesmith, chercheuse postdoctorale au centre médical Wexner de l'Université de l'Ohio State, a révélé que les taux de suicide ont augmenté dans les la pauvreté, les bas revenus, la faillite de l’agriculture, la désindustrialisation et le sous-emploi considérable.
Le rapport sur les emplois de «Goldilocks» confirme que la Fed réduira ses taux lors de la prochaine réunion, a déclaré Schmidt d'Aviva
"Ces facteurs sont vraiment néfastes dans les zones rurales", a déclaré Steelesmith.
Steelesmith a déclaré qu'entre 1999 et 2016, il y avait eu 453 577 suicides parmi les Américains âgés de 25 à 64 ans, le nombre le plus important survenant entre 2010 et 2016. Environ 350 000 de ces décès étaient des hommes et beaucoup étaient des adultes d'âge moyen.
- voir cartes sur sites -
Les taux de suicide les plus élevés ont été observés dans l'Ouest, notamment au Colorado, au Nouveau-Mexique, en Utah et au Wyoming; Les Appalaches, y compris les comtés du Kentucky, de la Virginie et de la Virginie occidentale; et les Ozarks, y compris les comtés de l'Arkansas et du Missouri.
"La pauvreté persistante et à long terme semble être plus enracinée et les opportunités économiques plus limitées dans les zones rurales. Un plus grand isolement social, des problèmes de transport et de communication interpersonnelle et des difficultés associées à l'accès aux services de santé et de santé mentale contribuent probablement à l'association disproportionnée de la privation avec le suicide dans les comtés ruraux ", a déclaré Steelesmith.
L'indice de fragmentation sociale de l'étude inclut les niveaux de ménages d'une personne, de résidents non mariés et d'impermanence des résidents. Une fragmentation sociale élevée était associée aux comtés présentant des taux de suicide plus élevés.
Avec la disponibilité des armes à feu chez Walmart et la prolifération de magasins d’armes dans les États du Centre et du Midwest au cours des deux dernières décennies, l’accès aux armes à feu dans les communautés rurales a considérablement accru les suicides.
Oren Miron, chercheur à l'Institut de recherche Clalit en Israël, a déclaré que la hausse des taux de suicide dans les comtés ruraux est "alarmante".
Miron n'a pas participé à l'étude mais a déclaré que le chômage était le principal facteur de taux de suicide élevé.
RépondreSupprimerLe suicide "est une tragédie américaine grandissante", a déclaré le Dr Albert Wu, interniste et professeur de politique et de gestion de la santé à la Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health.
"Il est devenu l'une des principales causes de décès aux États-Unis et un problème de santé publique majeur."
Dans les communautés rurales, "beaucoup des problèmes sociaux et de santé les plus pernicieux se croisent", a déclaré Wu.
Le manque d'installations de soins de santé et de santé mentale dans les zones rurales aggrave encore le problème. "L'assurance peut être un proxy pour l'accès des gens aux soins de santé mentale", a déclaré Steelesmith.
Wu a accepté. "Le manque d'assurance maladie tue les gens", a-t-il déclaré. "Plus d'assurance, y compris l'expansion de Medicaid, pourrait aider."
Néanmoins, "les déterminants sociaux de la santé sont vraiment importants", a déclaré le Dr David Brent, titulaire de la chaire de recherche sur le suicide et professeur de psychiatrie à l'Université de Pittsburgh. "On ne peut pas s'attaquer à ce type de problèmes de santé publique sans s'attaquer à [ces déterminants sociaux]. Oui, vous pouvez fournir davantage de services aux personnes démunies, mais rien de tel que d'aider les gens à se sortir de la pauvreté".
Et comme l'étude ne portait que sur les données de suicide de 1999 à 2016, il est probable que le nombre de suicides en Amérique rurale de 2016 à aujourd'hui a augmenté, grâce à un naufrage dans l'agriculture et à une récession dans le secteur manufacturier.
https://www.zerohedge.com/news/2019-09-09/suicide-rates-rural-america-jump-nearly-half-million-dead