Que le « darknet » dérange de nombreux États est indéniable, mais est-ce bien pour la raison qu’ils invoquent ?
Par Yannick Chatelain.
Un article de The Conversation
7 JUILLET 2018
- "Quand un seul chien se met à aboyer à une ombre, dix mille chiens en font une réalité". (proverbe chinois)
En matière de terrorisme islamique, sitôt un attentat commis, le responsable de la radicalisation, le coupable du passage à l’acte émerge rapidement. En France tout du moins, la chanson est toujours la même : le complice le plus impliqué c’est Internet.
Étrangement, pas un seul instant les médias de masse ne se remettent en question dans leur mode de traitement outrancier d’actes odieux. Nous-mêmes en tant qu’usagers nous interrogeons-nous sur le relais que nous faisons sur les réseaux sociaux des actes les plus abjects ?
- "Pardonnez-moi une question dérangeante : quel groupuscule terroriste pourrait rêver d’attachés de presse plus forcenés répondant aussi promptement à leurs attentes : essaimer l’horreur absolue".
Dans les situations auxquelles je me réfère, le coupable étant tout désigné, les solutions du « politique experts » pleuvent comme un jour de mousson : c’est à qui inventera dans l’urgence de nouvelles solutions miracles. Contraindre un peu plus Internet étant l’une des premières options. Depuis le sinistre 11 septembre, à la courte paille du simplisme, vous aurez constaté que c’est toujours Internet qui gagne.
S’ensuivent usuellement des interventions anxiogènes sur le Deep web, le dark web, le darknet… dans un mélange des genres invariablement orientés mauvais genre. Reconnaissons que le terme darknet sonne très « force obscure » aux oreilles de l’opinion publique.
L’évoquer est une chose, cependant, lorsqu’il est mis en avant dans ces contextes dramatiques, c’est de façon réductrice, pour ne pas dire totalement dévoyée. Que cela soit intentionnel ou pas, je vous en laisse juge. Il s’agit toutefois de mettre en avant la face sombre de la bête. Cela se traduit par un défilé d’orateurs alarmistes décrivant un espace qui est pourtant bien éloigné de la réalité qu’ils décrivent.
DE LA DIFFÉRENCE ENTRE DEEP WEB, DARK WEB ET LE DARKNET
Ben Ward/Flickr
. Le deep web, ou web profond, par opposition au Web de surface, est constitué de ressources non référencées par des moteurs de recherches. Notons à ce sujet, qu’il s’agisse de Google ou d’autres moteurs, que n’importe quel Webmaster peut choisir d’empêcher l’indexation de contenu.
. Le dark web, lui, est une partie réduite du deep web. C’est le contenu du web qui existe sur les darknets pris dans un sens plus large que le sens originel du terme. À l’origine, le terme darknet (inventé dans les années 1970) désignait des réseaux qui étaient isolés d’Arpanet – l’ancêtre d’Internet – pour des raisons de sécurité.
LA DISQUALIFICATION SYSTÉMATISÉE DU « DARKNET »
Dans le contexte d’attentats que j’évoque, les discours les plus abracadabrants sur le sujet ne manquent pas, et ce, jusqu’au plus haut sommet de l’État. Feindre d’avoir identifié le problème c’est déjà rassurer la population. Cependant si le problème est mal posé… je vous laisse le soin d’imaginer l’efficacité de la solution.
Certains n’hésiteront pas à mettre le darknet sur le banc des accusés, des assertions aussi surprenantes qu’invérifiables comme le fera Bernard Cazeneuve, alors ministre de l’Intérieur, le 22 mars 2016 – immédiatement après l’attentat ayant frappé l’aéroport et une rame de métro de Bruxelles – d’abord à l’Assemblée nationale, pour surenchérir le lendemain au Sénat :
- "Ceux qui nous frappent utilisent le darknet et des messages chiffrés".
Que dire face à ce type de déclaration à l’emporte-pièce ? Nous pouvons ajouter qu’ils utilisent vraisemblablement des voitures, des téléphones portables et ont même parfois – croyez-le ou non – une télévision… et rajouter, pour être taquin, qu’il fut un temps où Ben Laden et ses comparses étaient les rois de la cryptographie.
Ce type de discours de diabolisation sert à légitimer et enchaîner des lois qui restreignent nos libertés, en favorisant l’acceptation sociale d’absurdités. Le sulfureux darknet de Monsieur Cazeneuve est en cela un levier puissant, régulièrement de sortie. Le traitement médiatique de ce dernier est naturellement concentré sur les usages criminels possibles comme nous avons pu l’observer encore récemment avec le démantèlement de BlackHand, un forum qui proposait à la vente depuis plus de deux ans de nombreux produits et services illicites : stupéfiants, armes, faux papiers, données bancaires volées…
Au-delà du terrorisme, le darknet est ainsi brandi à toutes les occasions par ses détracteurs. Rien de très étonnant, vous conviendrez que de par son nom même, c’est celui qui peut générer le plus de fantasmes et rendre légitime un contrôle – pour votre bien et le mien – de plus en plus exagéré. Tout est donc mis en œuvre pour ancrer le darknet dans les esprits comme un repère infesté de crapules sans foi ni loi. Les gouvernances, quels que soient les régimes, utilisent le sempiternel même argument réducteur – la cybercriminalité – pour rendre acceptable leur volonté de destruction de toute possibilité d’anonymat des citoyens.
LE DARKNET UNE ZONE DE NON-DROIT ? AH BON !
Paradoxe et non des moindres – n’en déplaise à ceux et celles qui souhaiteraient voir disparaître le monstre – évoquer une zone de non-droit peuplée de criminels est une absurdité. La preuve en est : puis-je me permettre de souligner que le darknet, contrairement à ce qui est raconté – dans la partie mineure au service de la délinquance qu’il représente – n’est pas une zone de non-droit comme le démontre l’affaire « Black Hunt ». C’est un endroit permettant aux services de renseignement mondiaux l’infiltration, la mise en place de honey pots, le suivi au plus près de l’évolution de la criminalité, etc. !
« DARKNET » : LE DERNIER REFUGE DE LA LIBERTÉ D’INFORMER ET DE S’INFORMER
Il faut garder à l’esprit que cet « Internet de l’ombre » n’est pas un grand dédale où s’organisent les pires trafics : il est avant tout l’outil qui a permis et qui permet, lorsque la situation l’exige, de relayer des idées à l’abri de l’oppression, de faire savoir au monde la teneur d’une situation sans exposer sa vie pour avoir parlé.
ALLONS FAIRE UN TOUR EN « ENFER » ! SUIVEZ LE GUIDE !
Pour vous faire une idée par vous même : téléchargez Tor, puis lancez-le. Un navigateur va s’ouvrir. Dans un second temps, accédez alors à hidden wiki en copiant l’adresse suivante dans votre navigateur : http://zqktlwi4fecvo6ri.onion/wiki/ vous découvrirez une sorte de Wikipedia proposant de nombreuses ressources classées par thème.
Expérimenter c’est connaître !
Vous constaterez par vous-même qu’une majorité de ressources présentes ne sont aucunement destinées à recruter des assassins, vendre des armes, de la drogue… mais peuvent servir à des personnes qui risquent leur vie en s’exprimant. Toutes les ressources traditionnelles du Web de surface sont disponibles pour : mettre en place des sites, des blogs, discuter en ligne, etc. en minimisant le risque d’être tracé.
(Attention : n’allez pas traîner là où il ne faut pas ! Il y a les bons là où rodent les méchants, et la loi est la loi. L’expérimentation a ses limites en forme de barreaux de prison.)
Avec Internet, le citoyen-monde où qu’il se trouve, s’il y a accès, peut disposer d’outils lui permettant d’accéder à une information non contrainte et d’en diffuser sans risque. Quel individu assez fou et mégalomane pourrait encore avoir la prétention de faire taire une conscience humaine en train de se mondialiser et empêcher certains hommes d’informer et d’être informés ?
Voilà la raison même d’être du darknet. Lorsque la parole est brimée, il faut aux hommes un espace protégé pour qu’elle puisse s’exprimer. Je m’étonne d’ailleurs que les agences de presse n’y soient pas (sauf erreur de ma part) présentes, pour permettre un accès à l’information par-delà la censure exercée dans certains pays.
Que le darknet dérange de nombreux États est indéniable, mais est-ce bien pour la raison qu’ils invoquent ? Alors plutôt que de dire n’importe quoi à son sujet. Messieurs les censeurs de ce monde, laissez donc faire le renseignement pour ce qui concerne les délinquants avérés qui s’y promènent et laissez donc le darknet en paix au service de la liberté inaliénable d’informer et d’être informé.
Maurice Clavel : « Messieurs les censeurs, bonsoir ! »
- "Pourvu que je ne parle ni de l’autorité, ni de la politique, ni de la morale, ni des gens en place, ni de l’opéra, ni des autres spectacles, je puis tout imprimer librement, sous la direction, néanmoins, de deux ou trois censeurs. (Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais)"
The Conversation
À suivre
Yannick Chatelain, Enseignant Chercheur. Head of Development. Digital I IT, Grenoble École de Management (GEM)
La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation. http://theconversation.com/fr
Murray Rothbard juge des relations entre État et énergie nucléaire
RépondreSupprimerPour l’économiste libertarien Murray Rothbard, l’État, par sa culture du secret, ses restrictions sans fin et ses subventions déraisonnables, a fait plus de mal que de bien sur le secteur de l’énergie nucléaire.
Par Murray Rothbard.
Un article de l’Institut Coppet
7 JUILLET 2018
Nous nous sommes abstenus jusqu’à présent d’examiner l’énergie atomique. L’avènement de l’ère nucléaire forme aujourd’hui l’argument principal de ceux qui considèrent que le contrôle de l’État et le pilotage de la science sont nécessaires dans le monde moderne, a minima dans le domaine de l’énergie atomique. La fabrication de la bombe atomique a impliqué un effort collaboratif, sous la conduite de l’État, qui a été glorifié comme le modèle devant être imité par la science dans les années à venir.
Toutefois, Jewkes, Sawers et Stillerman ont analysé cette opinion commune et soulignent, primo, que les découvertes atomiques fondamentales ont été réalisées par des scientifiques universitaires employant un équipement rudimentaire. Parmi eux, l’un des plus notables a livré le commentaire suivant : « nous ne pouvions pas nous offrir un équipement sophistiqué, donc nous avons dû utiliser nos méninges1. »
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De plus, la presque totalité de l’effort de recherche élémentaire portant sur l’énergie atomique, c’est-à-dire jusqu’à la fin de 1940, fut financé par des fondations privées et des universités2. Développer une bombe atomique fut, en temps de paix, un processus extrêmement coûteux. Les frictions entre scientifiques et administrateurs qui peuvent émerger sur un projet, ainsi que les grandes difficultés de la gouvernance, ont été souvent mis en évidence3. Jewkes, Sawers et Stillerman suggèrent au surplus que le chaperonnage étatique sur la recherche a plutôt ralenti qu’accéléré le développement atomique en temps de paix, notamment à cause d’une culture excessive du secret et de restrictions. Ils préviennent également que les dernières estimations indiquent que, même en l’an 2000, moins de la moitié de la production totale d’électricité proviendra de l’énergie atomique (laquelle est son utilisation principale en temps de paix), et que l’optimisme à l’endroit de l’énergie atomique a déjà drainé les scientifiques et les ingénieurs, les éloignant d’autres domaines et diminuant l’offre de recherche qui s’avèrerait nécessaire ailleurs. Et le professeur Bornemann signale que :
- "La pression en faveur d’une exploitation à des fins militaires a épuisé le stock de connaissances scientifiques de base et ce, d’ailleurs, dans un environnement qui n’a pas favorisé de nouvelles découvertes dans ce domaine4."
John Nef, un éminent historien de l’économie, souligne que certaines inventions qui furent employées pour la guerre, comme la nitroglycérine et la dynamite, sont des fruits, non de la guerre, mais de l’évolution de l’industrie minière. Nef remarque que les deux guerres mondiales n’ont pas stimulé le développement scientifique, mais qu’elles l’ont plutôt détourné vers des tâches purement militaires ; qu’elles ont ralenti le véritable progrès scientifique. Et tandis que par de vastes sommes l’État accélérait le développement de la bombe atomique, « il est impossible de soutenir que la guerre ait rapproché l’heure de l’utilisation générale de cette force pour le bénéfice matériel de l’humanité. » Un ingénieur américain éminent note encore que, technologiquement parlant, les armées ont stagné entre les deux guerres, et que :
- "Les progrès technologiques qu’il est possible d’accomplir durant une guerre sont bien maigres, si l’on excepte ceux qui se font sous la pression des évènements et qui sont forcés et superficiels. Tout progrès réalisé dans la technologie militaire est le résultat de progrès scientifiques et industriels plus globaux5".
RépondreSupprimerBornemann avance en outre que le monopole étatique sur l’atome, privé des incitations produites par le système des profits et des pertes, a rendu l’énergie atomique inefficace et exagérément coûteuse. La culture du secret entretenue par l’État a ralenti dans une large mesure le processus d’apprentissage par lequel les ingénieurs de l’industrie de l’énergie auraient pu se tenir à la page de la technologie moderne, ce qui, par suite, a ralenti le développement scientifique.
LA SCIENCE NUCLÉAIRE NE REND PAS L’INDIVIDU OBSOLÈTE
Comme nous l’avons vu précédemment, le Dr John R. Baker n’est pas davantage impressionné par les réalisations soviétiques telles que spoutnik et il se garde bien de les présenter comme un modèle de recherche scientifique. La direction de la recherche scientifique en vue de la réalisation d’une fin spécifique, au-delà d’amener les autres dangers liés au contrôle public, prive également la recherche fondamentale des ressources scientifiques nécessaires6.
Le fait que l’émergence de la science nucléaire moderne n’ait pas rendu obsolète l’inventeur individuel, l’esprit libre et non régenté (voir les vues de Jewkes et al., analysées ci-avant) a récemment été confirmé de manière saisissante par le cas du « foufou Grec », Nicholas Christofilos, qui, travaillant comme ingénieur et superviseur dans un atelier de réparation de camions, a appris la physique nucléaire en parfait autodidacte et a développé des théories si complexes que les experts de l’atome se sont moqués de lui et l’ont ignoré jusqu’à ce qu’ils soient contraints d’abdiquer devant ses résultats. Le Dr Edward Teller et nombreux autres, y compris Christofilos lui-même, ont noté que, dans son cas, le manque de formation avait été un avantage positif lui permettant de sauvegarder le caractère original de son esprit7.
Si, par conséquent, l’avènement de l’énergie atomique ne remet pas en cause nos conclusions fondamentales, à savoir que toute la recherche et développement civile doit être effectuée par le marché libre, et que le plus grand nombre possible de travaux scientifiques militaires doivent être redirigés vers des opérations privées plutôt que publiques, qu’en est-il de la conquête de l’espace ? Comment allons-nous financer nos futures explorations dans l’espace ?
La réponse est simple : dans la mesure où les explorations spatiales sont un sous-produit d’un travail militaire nécessaire (comme c’est le cas pour les missiles guidés) et seulement dans cette mesure, l’exploration spatiale doit procéder sur la même base que n’importe quelle autre recherche militaire.
Cependant, dans la mesure où les militaires n’en ont pas besoin et que cette recherche n’est qu’un penchant romantique pour l’exploration spatiale, alors ce penchant, comme tout autre chose, doit avancer à ses risques et périls sur le marché libre. On peut s’enthousiasmer à l’idée de s’engager dans l’exploration de l’espace, mais l’opération est aussi prodigieusement coûteuse et gaspille des ressources qui pourraient être utilisées pour améliorer la vie sur cette terre.
Dans la mesure où des fonds volontaires sont utilisés dans de telles opérations, tout va bien ; mais lever des impôts sur des fonds privés dans le but de s’engager dans de telles entreprises ne peut être autre chose qu’un énième gaspillage étatique de grande ampleur8.
RépondreSupprimerLA SUPÉRIORITÉ DE L’ENTREPRISE PRIVÉE
Si nous passons du général au particulier, nous constatons que, ces dernières années, le gouvernement fédéral américain a commencé à admettre l’efficacité supérieure de l’entreprise privée, même dans le développement atomique. Le groupe de travail Hoover a constaté que les centrales nucléaires de la Commission de l’énergie atomique étaient toutes exploitées sous la forme d’installations contractuelles, soit par des entreprises privées, soit par des universités.
En 1954, la Commission de l’énergie atomique a signé près de 18 000 contrats principaux avec plus de 5 000 entreprises, qui ont à leur tour passé plus de 375 000 contrats de sous-traitance.
En conséquence, toutes les principales installations productives du programme d’énergie atomique ont été conçues, construites, équipées et exploitées par des entreprises privées9. En outre, la loi de 1954 sur l’énergie atomique a sensiblement assoupli le monopole fédéral sur l’atome, permettant ainsi une bien plus grande participation de la sphère privée dans le développement atomique. Dès que la loi a été adoptée, l’industrie privée a commencé à prendre place avec succès dans le domaine atomique.
Consolidated Edison a fait état de ses plans pour la construction d’une centrale atomique de 200 000 kilowatts à Indian Point, dans l’État de New York, et ce sans recevoir aucune aide publique au-delà de la permission accordée à l’entreprise d’acheter du combustible atomique. Les autres entreprises intéressées par une participation à différents niveaux de l’industrie de l’énergie atomique sont : les fabricants d’équipement électrique et les entreprises de certaines industries (avions, locomotives, machines-outils, pétrole, etc.) qui recherchent des canaux de diversification ; c’est en outre les universités, les entreprises de la santé et autres organismes de recherche, qui ont l’espoir de faire l’acquisition de petits réacteurs atomiques.
Il reste cependant beaucoup à faire, et les restrictions et les règlements qui subsistent empêchent encore un large segment de l’industrie de faire progresser le secteur de l’atome. Le Comité de l’énergie atomique de l’Association des chimistes de l’industrie réclame instamment une libéralisation plus poussée de la réglementation en matière de sécurité et de brevets10. Le Comité de l’énergie atomique devrait se voir retirer ses pouvoirs d’autorisation et de réglementation subséquente.
LA SUBVENTION ENTRETIENT LA MAUVAISE ALLOCATION DES RESSOURCES
La Commission de l’énergie atomique devrait limiter ses activités à l’énergie atomique militaire ; en subventionnant et en réglementant l’énergie atomique civile, elle fausse l’allocation des ressources par le marché et fait obstacle à la rentabilité des opérations. Les subventions que l’État fédéral accorde aux centrales nucléaires empêchent les centrales concurrentes d’offrir des sources d’énergie alternatives, ce qui donne lieu à une utilisation inopportune des ressources.
Il existe un autre moyen important par lequel l’État pourrait encourager le développement atomique civil d’une manière compatible avec le marché libre : ce serait en le libérant des entraves étatiques, en éliminant la réglementation des prix des services publics (ce que peuvent faire les élus locaux).
Les services publics sont les principaux utilisateurs potentiels de l’énergie atomique, mais ils peuvent difficilement s’acquitter du travail dont ils sont chargés avec leurs tarifications et leurs méthodes d’exploitation, toutes deux fixées par les autorités de l’État. Le gouvernement fédéral pourrait en outre stimuler l’exploration spatiale de manière compatible avec le marché libre, en permettant aux entreprises privées ou aux organisations qui pourraient atterrir sur d’autres planètes de devenir propriétaire du sol et des ressources qu’ils commenceraient à exploiter, et ce à la façon de la loi Homestead, bien que sans les restrictions que cette loi contient quant à la superficie ou à l’utilisation des terres. Le fait que l’État accorde la propriété automatique sur toute nouvelle terre dans l’espace serait un stimulant considérable pour l’exploration et le développement par la sphère privée.
RépondreSupprimerCes dernières années, les entreprises qui ambitionnaient une entrée sur le secteur de l’énergie atomique (notamment les constructeurs de réacteurs nucléaires) ont fait pression pour obtenir que des subventions fédérales complètent l’assurance de responsabilité civile qui leur est proposée par les compagnies d’assurance privées pour couvrir les cas d’accidents dans les usines atomiques où des tiers se trouvent impactés11.
Il convient de résister fermement à cette pression. Si une entreprise privée, en utilisant ses propres fonds, n’est pas en mesure de s’acquitter de la totalité de ses frais d’assurance, elle ne devrait pas s’établir et se lancer dans les affaires. Comme nous l’avons vu, la promotion de l’énergie atomique civile n’est pas un objectif absolu ; elle doit entrer en concurrence avec les centrales électriques et les autres industries pour l’utilisation des ressources.
Toute subvention étatique accordée à une entreprise, que ce soit par l’intermédiaire de subventions d’assurance ou par toute autre méthode, affaiblit le système de l’entreprise privée et son principe fondamental selon lequel chaque entreprise doit se maintenir avec l’aide de ses propres ressources, acquises de manière volontaire. Ces subventions empêchent que, par une allocation efficace des ressources, les désirs des consommateurs se trouvent satisfaits. Toutes les entreprises de ce pays payent leurs frais d’assurance par eux-mêmes et l’industrie atomique ne doit pas s’écarter de cette norme. Les sages paroles du groupe de travail Hoover sur les agences de prêt sont à méditer :
- "Les risques qui découlent de la propriété sont indissociablement liés au concept même de propriété privée. Lorsqu’un propriétaire se retrouve exempté de ses risques normaux sans qu’il doive ce soulagement à ses propres efforts et à son industrie, il en est redevable à ceux qui assumeront les risques à sa place. Cela augmente la probabilité qu’il soit également débarrassé des autres attributs de la propriété — du droit, par exemple, de décider comment, quand, où et par qui la propriété devra être utilisée. En fin de compte, il est susceptible d’être déchargé de la propriété elle-même12."
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(extrait de Science, technology and government [1959], Ludwig von Mises Institute, 2015, p. 85-97.)
RépondreSupprimerTraduit par Benoît Malbranque.
https://www.institutcoppet.org/les-defauts-de-lintervention-de-letat-dans-lenergie-nucleaire/
1. Jewkes, et al., Sources of Invention, p. 76.
2. Voir Compton, Atomic Quest, p. 28.
3. Ibid., p. 113.
4. Bornemann, “Atomic Energy and Enterprise Economics”, p. 196. Voir également Department of State, Pub. #2702, The International Control of Atomic Energy (Washington, D.C., Chemists’ Association), Impact of Peaceful Uses of Atomic Energy on the Chemical Industry (Washington, D.C., Feb. 1956).
5. John U. Nef, War and Human Progress (Harvard University Press, 1950), pp. 375–77, 448.
6. Voir Baker, Science and the Sputniks.
7. William Trombley, “Triumph is Space for a ‘Crazy Greek’,” Life (March 30, 1959): 31–34.
8. Voir Frank S. Meyer, “Principles and Heresies,” National Review (November 8, 1958), p. 307.
9. Voir Council for Technological Advancement, Industrial Participation in Atomic Energy Development (18 octobre, 1954).
10. Impact of Peaceful Uses …, p. 10.
11. Voir Paul F. Genachte, Moving Ahead With the Atom (New York, Chase Manhattan Bank, January 1957), p. 12.
12. Task Force Report, Commission on Organization of the Executive Branch of the Government, Lending Agencies (Washington, D.C., février 1955), p. 9.
https://www.contrepoints.org/2018/07/07/319764-murray-rothbard-juge-des-relations-entre-etat-et-energie-nucleaire
Nicolas Hulot en fait trop !
RépondreSupprimerNicolas Hulot se comporte comme le pire des ignorants.
Par Rémy Prud’homme.
7 JUILLET 2018
Monsieur Hulot qui veut fermer des centrales nucléaires en état de marche fait penser à la Marie-Chantal qui va chez son garagiste changer sa voiture parce que son cendrier est plein. Dans les deux cas, on a un fils à papa qui entre dans un magasin à la mode, et fait ses emplettes sans même chercher à savoir combien ça coûte : « des éoliennes, j’en prend 10 000 ; du solaire, vous m’en mettrez cinquante mille hectares ; j’oubliais l’hydrogène dont on me dit grand bien, allons-y pour dix millions de tonnes ; et livrez-moi tout ça dès demain matin ». La similitude des comportements est frappante. À y regarder de plus près cependant le cas du ministre de la République est pire que celui de la gosse de riche ignorante.
Tout d’abord, Marie-Chantal avait une raison, grossièrement ridicule certes, mais réelle : il est désagréable de conduire avec un cendrier plein sous les yeux. Hulot n’en a aucune, si ce n’est le désir de se faire bien voir d’une minorité d’écologistes chaque jour davantage marginalisés.
Deuxièmement, Marie-Chantal voulait vendre sa voiture (pour en acheter une autre), alors que Hulot veut mettre à la casse nos centrales. Pour tous les Français d’origine paysanne, et pour la plupart des Français de revenus modestes, casser délibérément un objet qui a coûté des sous, et qui rend les services qu’on lui demande, c’est un méfait qui donne le haut-le-cœur, et suscite indignation et mépris.
ON PERD SUR TOUS LES TABLEAUX
Troisièmement, Marie-Chantal voulait une voiture nouvelle, mieux assortie à la dernière couleur de ses cheveux peut-être, en tout cas qui lui donnerait davantage de satisfaction. On peut trouver cela choquant, mais pas absurde. Hulot veut remplacer l’électricité de nos centrales nucléaires existantes (très bon marché, totalement décarbonée, toujours disponible, et made in France), par l’électricité d’éoliennes ou de panneaux photovoltaïques (bien plus coûteuse, qui défigure la France, qui fonctionne un jour sur quatre ou sur huit, avec du matériel importé, et qui va nécessiter la multiplication des lignes à haute tension sur tout le territoire). On perd sur tous les tableaux. Cela n’est pas seulement choquant, mais également absurde.
Enfin, Marie-Chantal faisait payer ses folies par son riche papa, alors que Hulot fait payer les siennes par les pauvres consommateurs ou contribuables. Les surcoûts de l’éolien et du photovoltaïque étaient en France (comme ailleurs) financés par une taxe sur la consommation d’électricité que vous trouverez sur votre facture sous le nom de CSPE. Comme la consommation d’électricité augmente moins vite que le revenu, cette taxe est un impôt régressif. On en a élargi l’assiette aux carburants, ce qui le rendra encore plus régressif. Cet impôt affecté est lourd. Plus un pays a recours à l’éolien et au solaire, plus le prix de l’électricité y est élevé.
En Allemagne, présentée bizarrement par Hulot comme un exemple à suivre, et à dépasser, le prix de l’électricité est juste le double du prix français. C’est ce qui nous attend. Pour M. Hulot, c’est un détail. Pas pour les Français. Emmanuel Macron est-il le président des riches ? Il est en tous cas entouré de Marie-Chantals. Ce qui est peut-être pire.
https://www.contrepoints.org/2018/07/07/319770-nicolas-hulot-en-fait-trop
L’astuce des compagnies aériennes pour vendre leurs billets plus cher
RépondreSupprimer15:31 07.07.2018
Des experts du service en ligne britannique Which? ont découvert le stratagème de certaines compagnies aériennes, qui gonfleraient les prix des billets d’avions en cas de réservation via un smartphone, la différence de prix pouvant parfois dépasser des dizaines d’euros.
Certaines compagnies aériennes facturent un supplément quand leurs clients réservent leurs billets avec leur téléphone portable, c'est en tout cas ce que révèlent des spécialistes du service en ligne britannique Which? à l'issue de leur enquête.
Ainsi, les compagnies Ryanair et Tui ajouteraient un supplément de 20£ (environ 23 euros) pour les vols qui ne sont pas réservés directement sur leurs sites internet mais via une application de smartphone. Quant à Easyjet, ils ajouteraient 15£ (soit 17 euros) au total, 10£ (11 euros) pour British Airways.
Et pour les sociétés qui affichent les prix plus alléchants lors d'une réservation en ligne, elles introduisent souvent des frais de commissions venant s'ajouter au dernier moment au coût final du billet.
Les services de presse des transporteurs aériens en question se sont expliqués en justifiant que l'introduction de prix plus élevés pour les réservations de billet via leur application smartphone découlait de coûts administratifs supplémentaires. En conclusion, pour éviter toute mauvaise surprise ils ont finalement conseillé aux utilisateurs d'effectuer leurs réservations directement sur la version web de leur boutique en ligne.
https://fr.sputniknews.com/societe/201807071037106067-compagnies-aeriennes-vendre-billets/
Le mystère des araignées volantes a-t-il été élucidé ?
RépondreSupprimer16:30 07.07.2018
Les araignées sont capables de mettre à leur service les champs électriques de la Terre pour voyager dans les airs sur des centaines de kilomètres. Elles profitent de la charge électrique naturelle de l'air qui «accrocherait» leurs fils.
Les voyages aériens d'araignées sont observés depuis longtemps. Les premières théories expliquant ces vols par l'utilisation de l'électricité ont été avancées dès la fin du XIXe siècle. Pourtant, elles ont été complètement oubliées. Pour refaire surface aujourd'hui. Ainsi, Erica Morley et Daniel Robert, chercheurs de l'université de Bristol, au Royaume-Uni, ont établi que les petites bêtes le font grâce au champ électrique terrestre, selon ScienceAlert.
Leur étude a montré que les araignées se servent comme d'un ascenseur de l'électricité statique dans l'atmosphère, celle qui est capable de hérisser les cheveux après frottement.
Dans une boîte, ils ont créé une atmosphère isolée de l'air ambiant, sans le champ électrique, avant de créer leur propre champ électrique qu'ils pouvaient allumer et éteindre. Et quand l'électricité était éteinte, les araignées retombaient. Ainsi, il s'avère qu'elles voyagent grâce au gradient de potentiel atmosphérique, un circuit électrique entre la Terre et l'ionosphère.
«Nous ne savons pas encore si les champs électriques sont nécessaires pour les araignées. Nous savons cependant qu'ils sont suffisants», a déclaré Erica Morley.
https://fr.sputniknews.com/sci_tech/201807071037106927-science-araignees/
« Sûreté nucléaire : saint Thomas et Torquemada » dans le Point
RépondreSupprimer6 Juillet 2018
par Seppi
Glané sur la toile 262
Non, il ne s'agit pas d'agriculture, d'alimentation et de santé publique.
Alors que les médias bruissent d'annonces sur les déficiences de la sûreté nucléaire – ainsi le Monde avec « Nucléaire : un rapport parlementaire pointe les "failles" du parc français » – et sur la dernière gesticulation de Greenpeace – ainsi le Monde avec « Greenpeace lance un drone contre la centrale nucléaire du Bugey » –, le Point a ouvert ses colonnes à une brève analyse critique du contenu et du mode d'élaboration du rapport de la Commission d'enquête de l'Assemblée Nationale sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires.
Cette analyse – « Sûreté nucléaire : saint Thomas et Torquemada » – est de M. Julien Aubert, député du Vaucluse, vice-président du groupe Les Républicains à l'Assemblée Nationale et chargé des questions énergétiques au sein de LR.
Elle mérite lecture. Ceux qui se sont intéressés à d'autres travaux parlementaires, par exemple de la Mission d’information commune sur l’utilisation des produits phytopharmaceutiques (voir notre analyse, « Mission d'information "pesticides". Vous avez dit "information" » ?), trouveront quelques ressemblances.
L'analyse reprend évidemment les points principaux des critiques du groupe les Républicains consignées en fin de rapport parlementaire. La conclusion est cinglante... et inquiétante :
« En conclusion, le Groupe Les Républicains regrette donc un rapport malhonnête intellectuellement qui vise à tromper le lecteur sur la réalité des installations nucléaires en extrapolant les risques auxquels elles sont soumises. Plus qu’un rapport, le Groupe voit surtout dans ce texte un procès contre la filière nucléaire, alors que certains sujets visant à améliorer la sûreté et la sécurité méritaient d’être sereinement et objectivement abordés. Lors des débats sur ce rapport, des membres de la Commission, venant de tous les bords politiques – y compris la majorité – ont contesté la qualité relative du travail fourni qui ne crédibilise hélas pas le travail parlementaire. »
Oui, il y a un problème de crédibilité du travail parlementaire, notamment sur les sujets où s'exprime la « sensibilité écologique ». Le rapport sur le nucléaire a été adopté par 15 voix pour, 6 contre et 2 abstentions. C'est le signe d'un certain malaise.
http://seppi.over-blog.com/2018/07/surete-nucleaire-saint-thomas-et-torquemada-dans-le-point.html
Les mensonges de la Ville de Paris à propos du glyphosate…
RépondreSupprimer6 Juillet 2018
par Seppi
Albert Amgar*
Le site Agrisalon apporte en fin d’un article du 4 juillet 2017 des « Précisions sur la classification du glyphosate » :
L’OMS a classé en 2015 le glyphosate comme « cancérogène probable », mais, en 2016, a émis un nouvel avis mentionnant qu’il est improbable que le glyphosate pose un risque cancérogène pour les humains, du fait de l’exposition par le régime alimentaire. Une étude qui va dans le sens du rapport de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) qui avait conclu à l’absence de danger pour l’homme.
Pour mémoire, selon cet article du 1er juin 2018 d’Hervé Le Bars paru dans SPS, « Décodons Les Décodeurs du Monde sur le glyphosate » :
…toutes les agences de sécurité sanitaire qui ont réévalué la cancérogénicité du glyphosate à partir de 2015 ont confirmé l’absence de risque cancérogène, notamment l’Agence allemande de sécurité sanitaire (BfR, le 31 août 2015), l’Autorité européenne de sécurité alimentaire (EFSA, le 12 novembre 2015), l’Agence française de sécurité sanitaire (Anses, le 9 février 2016), la Réunion mixte de la FAO et de l’OMS sur les résidus de pesticides (JMPR, le 16 mai 2016), l’Office fédéral suisse de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV, 4 juillet 2016), l’Autorité de protection de l’environnement de Nouvelle-Zélande (NZ EPA, en août 2016), l’Autorité australienne des pesticides et médicaments vétérinaires (APVMA, en septembre 2016), l’Agence américaine de protection de l’environnement (US EPA, le 12 septembre 2016 et 12 décembre 2017), la Commission japonaise de sécurité des aliments (FSCJ, le 30 septembre 2016), l’Administration du développement rural de la république de Corée (le 10 mars 2017), l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA, le 15 mars 2017), l’Agence canadienne de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA, le 28 avril 2017) et quelques autres.
La Mairie de Paris indique pourtant sur ce lien à propos de « L’entretien des cimetières sans pesticides », mais il va de même pour les parcs et jardins :
Depuis 2015 les cimetières parisiens sont tous entretenus sans produits phytosanitaires pour préserver la santé des agents et des visiteurs, réduire la pollution des sols, de l’eau et de l’air, et favoriser la biodiversité.
Pourquoi avoir abandonné les produits phytosanitaires ?
Le glyphosate, molécule contenue dans la plupart des produits désherbants et phytosanitaires, a été classée « cancérogène probable » par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) en mars 2015.
Même si c’est faux, et je serais tenté de dire surtout si c’est faux, personne ne viendra plus contester cet amalgame par les temps qui courent… Big Brother n’est donc plus très loin…
Dans ce contexte, on lira avec attention, cet article de Gérard Kafadaroff & le Collectif Science-Technologies-Actions publié dans La Tribune le 28 juin 2019, « Entre les politiques et les scientifiques, rien ne va plus ! » dont voici un extrait :
Le cas le plus emblématique est celui du désherbant glyphosate que le gouvernement actuel veut interdire. Utilisé depuis plus de 40 ans dans le monde sans rencontrer de problèmes majeurs, reconnu pour ses performances et son bon profil toxicologique, cet herbicide de référence a fait l'objet d'une campagne de dénigrement soudaine et violente révélant entre autres l'ignorance de la réalité agricole par les responsables politiques. Le prétexte : le classement du glyphosate « cancérogène probable » par le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer), comme la viande rouge (!), agence discréditée par la communauté scientifique dont l'avis est contesté par les 11 autres agences sanitaires mondiales ayant évalué le glyphosate.
* Albert Amgar a été pendant 21 ans le dirigeant d'une entreprise de services aux entreprises alimentaires ; il n'exerce plus aujourd'hui, car retraité. Au travers de son blog il nous a livré des informations dans le domaine de l’hygiène et de la sécurité des aliments. Désormais, je l'accueille avec plaisir.
RépondreSupprimerhttp://seppi.over-blog.com/2018/07/les-mensonges-de-la-ville-de-paris-a-propos-du-glyphosate.html
La logique fort peu logique mais fort inquiétante de Mme Michèle Rivasi
RépondreSupprimer6 Juillet 2018
par Seppi
La Marche des Cobayes est arrivée à Paris. Selon le site :
« Cette marche vérité et justice pour la santé environnementale est portée par un collectif d’organisations, représenté par l’association Citoyens, Santé, Environnement. »
Elle ratisse large. Selon un « appel » que l'on peut signer,
« Alors que les maladies infectieuses ont largement baissé au XXème siècle en raison de l’hygiène et de la nutrition, les maladies chroniques dites maladies de "société" ont explosé : cancers, allergies, autisme, hyperactivité, maladies auto-immunes, infertilité, obésité, perturbations hormonales, pubertés précoces, maladies liées au effets secondaires de certains médicaments et vaccins, électro-hypersensibilité etc… Toutes ces maladies ont pour cause la dégradation de notre environnement et la "folie" de notre mode de vie.»
Il manque les cors aux pieds et les cheveux indomptables, mais leur référencement ne saurait tarder... il manque juste une petite étude un petit peu bidonnée comme celle de... chut, danger de plainte et procédure bâillon...
C'est sous le titre : « Malbouffe, pollutions, exposition aux produits toxiques, lobbys : BASTA ! »
Curieuse énumération... ah oui, les « lobbys », ça fait réagir les indignés, et cela attire quelques « organisations ». Il faut un « effet cocktail »...
« Notre environnement est pollué par tous les rejets chimiques industriels, agricoles (pesticides, OGM, résidus médicamenteux, plastiques, nanomatériaux…) et nucléaires, ainsi que par les champs électromagnétiques. Les cycles de l’air et de l’eau sont mis en danger et c’est notre survie, en tant qu’élément de notre biotope, qui est désormais compromise. Nous ne pouvons plus accepter d’être pris.e.s, avec notre écosystème et sa biodiversité, pour une gigantesque poubelle à ciel ouvert.
S’ajoute à cela le poids des lobbies des complexes agroalimentaires, chimiques, pharmaceutiques et du profit à tout prix, qui fait souvent primer, en matière de santé publique, les intérêts de l’industrie sur l’intérêt général. Des milliers de victimes sont humilié.e.s au quotidien par ces lobbies qui agissent en toute impunité et sans presque aucune surveillance et c’est toute la population qui devient cobaye de leurs expériences. »
Et ce sont les chevaux de bataille de Mme Michèle Rivasi, inspiratrice de la marche et de la démarche...
Notez bien qu'il n'y a pas les infra-sons des éoliennes...
La marche est « portée et soutenue par plus de 100 associations, collectifs de citoyens, personnalités et élus ». Vous pouvez faire des dons. L'objectif est modeste, 15.000 euros. À l'heure où nous écrivions, 5.680 euros avaient été récoltés auprès de 117 donateurs et il restait 3 jours pour atteindre l'objectif. À l'heure du lendemain – forcément postérieure – où nous mettons en ligne, il reste 25 jours... il y en a qui ont des machines à remonter le temps...
Pour 10 euros, vous aurez droit à « Toute notre gratitude et des discussions sympas pendant la Marche ». À partir de 50 euros, vous aurez droit en plus, notamment, au merveilleux « livre "Le Racket des laboratoires pharmaceutiques et comment en sortir" de Michèle Rivasi, Marie-Odile Bertella-Geffroy et Serge Rader ». Il doit y avoir des stocks d'invendus...
La Marche des Cobayes est donc arrivée à Paris le 30 juin 2018. Cela valait bien un petit article du Monde Planète, « Ils marchent pour la santé et l’environnement ». Et l'occasion de tendre le micro vers Mme Michèle Rivasi, inspiratrice de cette marche, pour de fortes paroles et, partant, de publicité pour son activisme :
RépondreSupprimer« Sept millions de personnes meurent chaque année dans le monde à cause de la pollution, 2,5 millions de salariés français sont exposés à des produits cancérogènes, sans compter la malbouffe, le tabac… Nous avons tous les éléments pour vivre dans un environnement sain, nous avons les moyens d’évaluation, de contrôle, des outils réglementaires, mais tout est gangrené par les conflits d’intérêts, les lobbies et le mépris des institutions »
Mme Rivasi doit ignorer que notre espérance de vie continue d'augmenter... Enfin on reste dans son registre politique, ou plutôt politicien et démagogique : en résumé, tout fout le camp et c'est la faute aux méchants capitalistes.
Mais il y a mieux :
« Nous voulons un inversement de la charge de la preuve, insiste Michèle Rivasi. Les victimes sont non seulement malades, mais elles font aussi face au déni des autorités. C’est aux industriels, aux laboratoires de démontrer que leurs produits ne causent pas d’effets secondaires, qu’ils ne sont pas dangereux pour la santé. »
Mme Rivasi a une formation scientifique (École Normale Supérieure de Fontenay-aux-Roses, professeure agrégée de sciences naturelles). Elle est certes à peu près aussi ancienne que la mienne, peut-être moins bien entretenue, ou plutôt probablement au regard des « causes » pour lesquelles elle s'investit. Mais il devrait tout de même y avoir encore quelques restes.
Elle devrait par conséquent savoir que la démonstration « que leurs produits ne causent pas d’effets secondaires, qu’ils ne sont pas dangereux pour la santé » est impossible. Cette notion d'impossibilité est aussi accessible aux juristes : en droit romain on disait déjà « factum negantis probatio nulla est ».
Elle devrait aussi savoir que de nombreux produits ont des effets secondaires, et qu'ils ont été jugés acceptables au vu des bénéfices qu'on en retire et des mesures de précaution prises (qui n'empêchent pas, hélas, les accidents). Que ce qu'elle exige mettrait la société sans dessus dessous.
Elle devrait aussi savoir que dans une société policée, respectueuse des droits fondamentaux, la charge de la preuve incombe à celui qui affirme : onus probandi incumbit qui dicit non qui negat.
Mais il y a mieux encore...
Que reproche-t-elle en ce moment à Bruxelles et Strasbourg au système européen d'autorisation des matières actives des pesticides, avec de vives attaques contre l'Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) et la Commission Européenne ? Que le système repose sur les données d'essais fournis par les entreprises !
Postures parfaitement contradictoires...
À ce stade, on peut s'interroger : a-t-elle perdu le sens des réalités, sinon plus ? Est-t-elle consciente des énormités qu'elle profère et a-t-elle décidé de passer outre à la raison ?
Quelle que soit l'hypothèse retenue, il y a un gros souci pour notre démocratie et notre vivre-ensemble.
http://seppi.over-blog.com/2018/07/la-logique-fort-peu-logique-mais-fort-inquietante-de-mme-michele-rivasi.html