Le groupe des Verts | Alliance Libre Européenne du Parlement européen a commis un article, « 6 raisons d’interdire la culture de plantes génétiquement modifiées dans l’UE » en lien avec la reprise des travaux de la Commission sur les OGM, en particulier sur les demandes d'autorisation de mise en culture des maïs MON 810 (renouvellement), 1507 et Bt 11.
Ils ont donc six raisons d'interdire la culture des OGM dans l'Union européenne (reconnaissons-leur un peu de réalisme puisqu'ils se limitent à l'UE... il faut bien nourrir le bétail et, au-delà, la population européenne...). Les voici :
1 - Les citoyens européens ne veulent pas des OGM
2 - Les biotechnologies privatisent le vivant
3 - La coexistence entre culture OGM et non OGM est impossible
4 - Les OGM augmentent l’usage de pesticides
5 - Leur croisement avec les plantes sauvages crée des “super mauvaises herbes”
6 - Il y a des alternatives !
Des affirmations à l'épreuve des réalités
Sans surprise, la désinformation propagandiste commence dès l'introduction : le maïs MON 810 est taxé de « sinistrement connu » et le TC 1507 est de « Dupont » (en fait, c'est de Pioneer, certes une filiale deDuPont) et il est dit « résistant à la pyrale du maïs et à plusieurs herbicides » (en fait, il est résistant à plusieurs lépidoptères et tolérant à une seule matière active, le glufosinate).
Mais ce ne seraient là que péchés véniels.
Les OGM sont maintenant cultivés depuis 20 ans (22 si ont inclut la tomate Flavr Savr qui fut un échec). En surface cumulée, cela représente 2 milliards d'hectares, un tiers de plus que la surface cultivée mondiale (1,5 milliards d'hectares). En 2015, on a cultivé près de 180 millions d'hectares d'OGM (plus de trois fois la superficie de la France), dont près de 97 millions dans des pays en développement d'Afrique, d'Amérique latine et d'Asie. Ils sont quelque 18 millions d'agriculteurs à cultiver des OGM, dont près de 90 % de petits paysans aux ressources limitées.
Le « sinistrement connu » MON 810 a été cultivé sur près de 108.000 hectares en Espagne en 2015, à la satisfaction de la filière agricole et alimentaire, sans que cela ne déclenche une quelconque agitation, hormis dans les milieux technophobes, anti-OGM et anticapitalistes (par euphémisme : altermondialistes).
Il suffit donc de regarder autour de soi pour confronter les arguments aux faits. Il y a aussi toute la littérature scientifique – la vraie, pas celle des militants qui usent et abusent de leur position d'universitaires et de chercheurs, parfois avec des moyens détestables comme ces ignobles photos de rats). Signalons simplement le dernier opus, « Genetically Engineered Crops: Experiences and Prospects » des Académies nationales des sciences, de l'ingénierie et de médecine des États-Unis. Il y a aussi l'appel de 110 lauréats du Prix Nobel.
Le résultat est dévastateur, même si les Verts européens ont pris soin de ne pas aborder frontalement la question de la sécurité dans leur communiqué.
Les citoyens européens ne veulent pas des OGM
Voilà un argument qui ne peut que choquer s'il avait une once de pertinence : une formation politique contribue à l'hystérie collective puis se retourne vers les décideurs politiques (qui ont eux-même contribué à cette hystérie) pour leur intimer de respecter une opinion publique largement manipulée. Les donneurs compulsifs de leçons de démocratie que sont les Verts s'adonnent ici au plus vil des populismes et à la plus infecte des démagogies. On est dans le même registre que les pyromanes de l'euroscepticisme et de l'europhobie qui ont si bien réussi avec le Brexit – pour ne rester que dans les comparaisons récentes.
Les Verts européens se réfèrent à un Eurobaromètre fondé sur des données de... 2010. On a du mal à y trouver de quoi conforter :
« 54% des citoyens européens estiment que les OGM ne sont pas bons pour eux et pour leur famille. Ceci devrait suffire pour interdire les OGM dans l’UE, tant aux champs que dans les assiettes. »
L'instrumentalisation des enfants est là, en filigrane.
Comme le montre le graphique ci-dessous, le niveau de connaissances sur les OGM est particulièrement bas. Qu'ont-ils trouvé de pertinent et d'objectif les 46 % de sondés qui ont parlé des OGM et ont occasionnellement cherché des informations ?
L'argument des Verts se résume donc à une injonction de fonder une politique publique sur l'ignorance publique.
Le tableau suivant montre aussi que les avis positifs sur l'alimentation GM ont beaucoup varié dans le temps dans certains pays (avec une tendance générale à la baisse). Qu'en conclure, sinon que l'opinion n'est pas cristallisée et est sous influence ?
Ci-dessous: % de répondants qui sont d'accord ou totalement d'accord que les aliments OGM qui devraient être encouragés
Les gouvernants n'ont pas été en reste !
!
« Nous ne souhaitons pas la culture du maïs Monsanto 810 sur le territoire français. Et je voudrais que cette décision fasse l'objet d'un consensus. La recherche, c'est essentiel pour l'agriculture française. Mais nous n'avons pas le droit de faire prendre des risques aux agriculteurs et aux consommateurs. »
Nicolas Sarkozy, 29 novembre 2011, Gimont,(Gers)
« Pourquoi nous avons fait le moratoire sur les OGM? Non pas parce que nous refusons le progrès, mais au nom du progrès. Nous ne pouvons pas accepter qu'un produit, un maïs, puisse avoir des conséquences défavorables sur les autres productions. »
Et aussi :
« Les premières victimes ce sont les apiculteurs. » [Il faut préserver] « l'apiculture avec tout ce qu'elle a comme retombées bénéfiques pour l'ensemble de l'activité humaine ».
François Hollande, 2 août 2013, Dordogne
« Quelle que soit la décision, la ligne du gouvernement sera la même: nous ne sommes pas favorables aux OGM, notamment au Mon810 qui est un maïs résistant aux herbicides. »
Stéphane Le Foll, 2 août 2013
Quoi qu'il en soit, si on avait pris l'argument des Verts pour ligne de conduite, nous ne bénéficierions pas de nombreuses avancées sociétales que nous devons à des hommes politiques courageux et lucides, de droite comme de gauche. Et la Terre serait toujours plate.
Les propagandistes concluent :
« C’est le rôle de l’UE de protéger l’environnement et la santé de ses citoyens; la Commission et les Etats Membres devraient s’en souvenir au moment des débats. »
Superbe non sequitur !Il n'y a aucune allégation de menace pour la santé et l'environnement dans cette partie du discours... Et belle contribution à l'euroscepticisme et l'europhobie, ainsi qu'aux discours des extrêmes. Avec de tels alliés objectifs, le Front National n'a pas besoin de faire campagne.
Les biotechnologies privatisent le vivant
Le discours ne varie pas d'un pouce depuis deux décennies... l'incantation !
Admirez la logique :
« La transgénèse et la plupart des biotechnologies modernes permettent de déposer des brevets sur les variétés végétales. Cela signifie que les OGM cultivés dans nos champs, leurs semences et les produits alimentaires ou destinés au bétail qui en proviennent sont couverts par des brevets appartenant aux géants de l’agro-industrie tels que Monsanto, Syngenta ou Dupont. »
La première phrase est fausse, s'agissant de l'Europe et quasiment du reste du monde, hors États-Unis d'Amérique : les variétés végétales y sont exclues de la brevetabilité. S'agissant des États-Unis, cela fait belle lurette qu'on peut y déposer et obtenir des brevets sur des variétés végétales en tant que telles, GM ou pas (ex parte Hibberd, 18 septembre 1985). Les brevets n'appartiennent pas tous aux géants de l'agro-industrie, et le fait qu'il y ait un brevet (ou plusieurs) ne change pas grand chose à la situation juridique et économique des semences, etc. par rapport à la propriété intellectuelle « classique » en Europe (aux certificats d'obtention végétale).
Il est du reste « plaisant » de lire « les OGM cultivés dans nos champs » : il n'y en a pas ! Comme il y en a en Espagne, on peut poser une question simple : quelle est la différence entre l'Espagne et, par exemple, la France pour les agriculteurs et l'industrie agroalimentaire ? Aucune !
« Ceci permet le brevetage du vivant et la monopolisation de la nature par une poignée de compagnies agrochimiques, mais aussi l’accaparement de l’alimentation par des intérêts privés, une tendance qui met en danger la souveraineté alimentaire. »
Vingt ans d'OGM... Où sont la monopolisation, l'accaparement, la mise en danger de la souveraineté alimentaire dans les pays qui cultivent des OGM ?
Vingt ans d'OGM ? Les premiers brevets sont déjà arrivés à échéance. Et le paradoxe – pour des idéologues qui font fi des réalités sociétales et économiques – est que Monsanto s'est engagé à assurer le suivi réglementaire de son premier soja HT jusqu'en 2021, permettant ainsi aux agriculteurs de continuer à l'utiliser.
« Ces brevets sont chers, ce qui augmente autant les prix que la concentration d’entreprises dans une filière qui l’est déjà trop. »
Là aussi, on tombe des nues ! En 2015, le soja transgénique représentait 83 % des surfaces dans le monde... et il est moins cher que le soja non OGM (qu'on ne peut plus, décemment, appeler « conventionnel »)... Cherchez l'erreur !
En résumé, pour les Verts, il faut interdire la culture des OGM en Europe parce que les Verts n'aiment pas les brevets et sont foncièrement anticapitalistes.
La coexistence entre culture OGM et non OGM est impossible
Soyons clairs : si l'argument repose sur le principe que pour être qualifié de « non OGM », aucune des quelque 100.000 plantes d'un hectare de maïs ne doit avoir été fécondée, pour un seul grain de maïs finalement récolté, par un grain de pollen divagateur, alors, oui, la coexistence est impossible.
Mais ce principe n'a pas cours légal en Europe : l'étiquetage « OGM » n'est obligatoire qu'en cas de présence volontaire d'ingrédients GM, ou issus de produits GM bien que ne comprenant plus le caractère GM, ou au-delà de 0,9 % lorsque la présence est fortuite et techniquement inévitable.
Le monde agricole nous démontre depuis des décennies que la « cohabitation » – ou la coexistence de filières – est tout à fait possible. Le production de semences exige une protection contre les fécondations par d'autres variétés ; à cet effet, les règles techniques et juridiques établissent des distances d'isolement qui n'ont rien d'extravagant. Le maïs doux ne doit pas être fécondé par un maïs-grain ; il y a des agriculteurs qui produisent les deux sur leur exploitation. Le colza à huile alimentaire et le colza à huile industrielle doivent être – et sont – soigneusement séparés...
« Mais le pollen ne connaît pas de frontières terrestres ! Les résultats du programme scientifique a prouvé en 2009 qu’il est impossible d’éviter les échanges génétiques d’une plante OGM vers des plantes non-OGM de la même espèce cultivée dans la même zone géographique. »
Les Verts nous offrent ici une référence remarquable : M. Yves Bertheau, le démissionnaire du Comité scientifique du Haut Conseil des Biotechnologies !
La coexistence est impossible ? Il y a toute une filière « sans OGM » ou « nourri sans OGM » en France qui s'approvisionne, par exemple pour le soja, dans des pays où OGM et non-OGM coexistent... Cherchez l'erreur !
Les OGM augmentent l’usage de pesticides
Superbe non sequitur :
« Les trois OGM proposés pour une ré-autorisation produisent tous leur propre insecticide (toxine Bt) contre la pyrale du maïs. Les industriels disent qu’il n’est donc pas nécessaire d’épandre d’insecticide contre ce ravageur, en oubliant de dire que les insectes visés peuvent y devenir résistants avec le temps et que tous les insectes qui mangent ce maïs seront exposés à la toxine Bt produite en continu par la plante, la diffusant en permanence dans l’écosystème. »
La rhétorique est aussi intéressante : « Les industriels disent... » ? Non, c'est un fait.
Ben oui ! « ...les insectes visés peuvent y devenir résistants avec le temps... » C'est le lot de beaucoup de résistances génétiques que d'être contournées par le ravageur-cible. Il se trouve, d'une part, que cela n'est pas encore arrivé pour la pyrale, d'autre part, que des mesures sont prises pour empêcher ou retarder cette résistance (si tant est qu'elle apparaisse un jour), et, enfin, que notre ingéniosité est en mesure de proposer des solutions.
Cet argument, généralisé, revient à préconiser le refus de toute méthode de lutte, génétique ou chimique, contre les ravageurs de nos cultures. Refusons aussi de mettre de nouveaux antiobiotiques en œuvre pour protéger notre santé voire nos vies : un jour une bactérie leur résistera... Back to the trees !
La suite est aussi formidable :
« Les agriculteurs biologiques utilisent la toxine Bt mais pas en permanence dans l’environnement, ce qui évite que les organismes cibles ne développent une résistance. »
C'est tout simplement faux pour la fin de phrase ! Voir par exemple ici. Mais ça fait partie du bréviaire vert.
La tolérance au glufosinate est également un sujet de récrimination. Elle a certes été utilisée comme marqueur pour la transformation génétique, mais on peut imaginer que quelqu'un demande l'homologation du glufosinate sur maïs (si tant est que la culture de ces maïs transgéniques soit un jour autorisée en Europe...). Que se passera-t-il ?
« Deux des OGM concernés ici sont rendus résistants à des herbicides (dont le glufosinate), ce qui veut dire qu’ils sont faits pour être utilisés avec un ou plusieurs de ces produits chimiques. Or il a été prouvé que la culture de plantes résistantes à un ou plusieurs herbicides augmentait globalement l’usage d’herbicides. »
Observez à nouveau la rhétorique : « ... rendus résistants à des herbicides... » quand un seul est en cause.
Ce n'est pas vraiment ce que prouve l'article de Sylvie Bonny, qui s'est intéressé à l'évolution de l'utilisation du glyphosate (et d'autres herbicides une fois que des résistances au glyphosate sont apparues) par suite de la répétition des cultures HT et des épandages de glyphosate sans alternance ni diversité suffisantes. En d'autres termes, l'augmentation de l'utilisation d'herbicides n'est pas une malédiction des OGM HT, mais de leur mésusage ; il n'y a là rien de fondamentalement nouveau par rapport aux cultures non GM.
L'arrivée de plantes tolérant le glufosinate est à cet égard plutôt une bonne nouvelle, puisqu'elles permettent l'alternance des matières actives. Encore une fois, les Verts ont tout faux.
Il y a aussi :
« Autoriser la culture de ces maïs GM dans les champs européens mènerait à plus de produits dangereux dans nos sols, notre air et nos eaux à large échelle et sur le long terme. »
Encore faux ! Si les maïs étaient autorisés, ainsi que le glufosinate sur ces maïs, il y aurait substitution de matières actives.
Leur croisement avec les plantes sauvages crée des “super mauvaises herbes”
On ne sort pas de la grossière gesticulation :
« L’existence de "super mauvaises herbes", créées par le croisement de plantes OGM résistantes à des herbicides et de plantes sauvages de la même famille, a déjà été prouvée. Celles-ci sont rendues résistantes aux herbicides, ce qui nécessite d’utiliser des produits chimiques plus puissants et plus dangereux pour en venir à bout. »
La mouvance alter et anti a fait fortune avec les « superweeds ». Il n'y a rien de plus idiot ! On observera que les Verts ne fournissent aucune référence. Et pour cause !
Il y a actuellement 470 cas uniques (espèce x site d'action) répertoriés de mauvaises herbes résistantes dans le monde, ce pour 250 espèces (145 dicotylédones et 105 monocotylédones). Les résistances touchent 23 des 26 sites d'action connus des herbicides, et 160 herbicides différents. Trois cas de résistance, pour deux espèces, ont été rapportés pour le glufosinate.
Une mauvaise herbe devient résistante ? On gère ! Et quand on change de matière active, ce n'est pas pour prendre des produits « plus puissants et plus dangereux », mais des produits qui viennent à bout de la mauvaise herbe. Et ce sont souvent des produits utilisés précédemment sur les plantes non GM.
Il y a, ainsi, un compliment implicite fait par les Verts – à leur insu – aux OGM tolérant une herbicide comme le glyphosate ou le glufosinate : avec quoi désherbe-t-on les cultures non HT ? Avec ces produits réputés « plus puissants et plus dangereux »...
L'épouvantail téosinte – qui deviendrait une « super mauvaise herbe » si elle acquérait la résistance à la pyrale – est longuement agité. « C’est un scénario potentiellement catastrophique pour les agriculteurs et pour l’environnement » , écrivent les Verts, répercutant l'argumentaire d'un consortium anti-OGM. Nous en avons fait une brève analyse dans un billet précédent.
Il y a des alternatives !
Ben oui ! Il y a des alternatives... comme le montre le fait que nous cultivons du maïs non GM en France. Mais les alternatives ont un coût agronomique, économique, social, environnemental. Le discours – qui est ici plus classiques dans cette partie dans l'argumentaire Vert – déroule les thèses de l'agroécologie de canapé (et malheureusement aussi des préjugés officiels de certains ministères).
Mais cette partie débute par un appel à l'égoïsme du consommateur tout à fait indigne d'un parti politique qui prétend défendre les grandes valeurs :
« Ces trois plantes OGM n’apportent, fondamentalement, aucun avantage pour les consommateurs: elles ne sont pas plus saines ni moins chères. »
C'est du reste encore faux : la protection contre la pyrale est aussi une contribution à la protection du consommateur contre les mycotoxines ; elle sécurise les rendements là où la pyrale sévit et évite des pertes, ce qui se traduit favorablement sur le revenu des agriculteurs et, au-delà, sur les prix.
Mais il est vrai que les agriculteurs... pour les Verts... ce n'est pas leur électorat...
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http://seppi.over-blog.com/2016/07/6-raisons-d-interdire-la-culture-de-plantes-genetiquement-modifiees-dans-l-ue-bien-plus-de-raisons-de-vituperer-les-verts.html
Depuis des millions d'années 100 % de tout le vivant qui nous entoure est 100 % OGM.
RépondreSupprimerAinsi, le vent, la pluie et les insectes (abeilles entr'autres) contribuent-ils à modifier toutes les plantes qui poussent et aussi tous les animaux qui en consomment et qui consomment les animaux qui en consomment.
La seule différence entre les Organismes Génétiquement Modifiés par le vent, la pluie et les insectes (abeilles entr'autres) et les Organismes Génétiquement Modifiés en laboratoires par des scientifiques est que les premiers modifient la nature sans le Savoir tandis que les chercheurs la modifient à notre avantage.