Par Gérard-Michel Thermeau,
le 1 mai 2015 dans Histoire
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Si les Français jouissent de ce jour chômé du 1er Mai, c’est grâce à Pétain.
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Le Premier mai comme chaque année, aussi vrai que les muguets fleurissent, les syndicats défilent en bon ordre (généralement dispersé) tandis que les salariés profitent de cet « acquis social » qui inaugure un long mois de jours fériés à répétition.
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Il n’en a pas toujours été ainsi. Le Premier mai a d’abord été un jour de luttes, de revendications et de violences. Les syndicats ouvriers américains avaient lancé l’idée d’un mouvement d’actions ouvrières, à l’occasion du début de l’année comptable, qui tombait généralement ce jour là, en 1884. En 1886, grèves et violences marquent le début du mois de mai. Le 3 mai, des grévistes sont tués et le 4 mai des violences opposent manifestants et forces de l’ordre, une bombe explose tuant une quinzaine de policiers. À l’occasion de l’Exposition internationale de 1889, la IIe Internationale propose d’organiser une grande manifestation pour obtenir l’obligation légale de la journée de 8 heures : les Européens décident de s’aligner sur la date fixée par l’American Federation of labor. Dès le 1er mai 1890, grèves et manifestations vont marquer une journée rien moins que pépère : d’ailleurs dans les grandes villes ouvrières comme Saint-Étienne, les autorités déploient ostensiblement la troupe pour dissuader les ouvriers de manifester. Le 1er mai 1891 à Fourmies, les soldats tirent sur les ouvriers : bilan, dix morts. Si tous les 1er mai ne revêtent pas un caractère aussi violent, on est bien loin des défilés convenus et paresseux de notre époque. La journée de 8 heures étant obtenue un peu partout après la Grande Guerre, la journée va tendre à perdre son caractère belliqueux.
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Voilà ce qu’il en est pour l’origine du Premier mai, mais qui en a fait un jour férié ?
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Trois noms viennent immédiatement à l’esprit, Sainte Trinité du Premier mai : Lénine, Hitler et Pétain.
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L’URSS a été, ce qui n’étonnera personne, le premier pays à honorer les « travailleurs ». L’Allemagne a amélioré cet exemple en 1933 faisant du Premier mai un jour chômé et payé ce qui n’étonnera que ceux qui ignorent ou feignent d’ignorer la signification du terme nazi qui renvoie au « parti socialiste national des travailleurs allemands », traduction exacte de NSDAP. Ce n’est pas pour rien si les nazis arboraient un drapeau rouge.
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Mais d’un autre côté, si les Français jouissent de ce jour chômé, ils ne le doivent ni à Vladimir Illich ni à Tonton Adolf.
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Le Premier mai férié est l’œuvre du Maréchal, celui à qui nous devons la retraite par répartition, la fête des mères, les comités d’entreprise, la décentralisation, la technocratie, et tant d’autres bienfaits dont la liste serait trop longue à retranscrire.
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Philippe Pétain, dont le régime par le biais d’une « Révolution nationale », condamnait les méfaits du capitalisme, s’inscrit plus paradoxalement dans la lignée socialiste. Tourné vers le passé, nostalgique d’une France rurale et artisanale qui était en train de disparaître, le régime de Vichy, avant tout réactionnaire, souhaitait la paix sociale et regardait d’un œil suspicieux l’industrialisation. Le Maréchal n’avait-il pas dénoncé, à Saint-Étienne, ville ouvrière par excellence, le 1er mars 1941, l’attitude d’une grande partie du patronat dans son « appel aux Travailleurs » : « Votre égoïsme et votre incompréhension de la condition prolétarienne ont été trop souvent les meilleurs auxiliaires du communisme. » La Charte du Travail, annoncée à cette occasion, devait être officialisée au mois d’octobre s’efforçant d’apporter une satisfaction aux « aspirations légitimes » des ouvriers.
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Si jamais le caractère férié du Premier mai était un jour remis en question, nul doute que tout le ban et l’arrière ban de la gauche et de l’extrême gauche n’hésiterait pas à descendre dans la rue pour chanter « Maréchal nous voilà ! ». Après tout, la gauche a bien manifesté autrefois pour défendre la loi du comte de Falloux.
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