L'initiative 1:12 est critiquée par la droite pour de mauvaises raisons. En effet, il est peu probable qu'elle engendre des pertes fiscales significatives, ou qu'elle augmente le chômage, ou nuise à l'économie, ces faux épouvantails agités pour effrayer les votants. Au contraire, son effet redistributif en faveur de salariés domiciliés en Suisse profiterait à la consommation, et les revenus imposables répartis sur un plus grand nombre profiteraient aux caisses de la Confédération (les très hauts salaires étant plus à même d'optimiser leur fiscalité).
Toutefois, même si certains d'entre nous voudront lui donner leur voix pour le principe, l'initiative 1:12 s'avère difficilement applicable, car même en cas de division par 20 des salaires actuels de certaines multinationales helvétiques, le salaire le plus bas devrait être supérieur à 10'000, ce qui ne serait pas loin du plus haut salaire chez certaines PME.
En outre, les multinationales suisses verraient leur valeur en bourse dégringoler, car les salaires se décident en réalité à New York et à Londres, là où nos blue chips ont souvent une double cotation, et où sont cotés leurs concurrents, qui veulent tous attirer les investisseurs clés avec l'argument d'un CEO ultra-performant. Une multinationale qui n'engagerait que des managers moins expérimentés et payés 20 fois moins tomberait vite dans la ligue inférieure. Cela, c'est la réalité, et les plus grosses multinationales suisses ont la contrainte de compter leurs plus vifs concurrents dans le monde anglo-saxon. Les initiants de 1:12 laissent croire que la solution à ce problème est locale, alors qu'elle ne peut être - et ce sont là les limites de notre démocratie - que globale. Le Conseil fédéral, qui est là pour servir le peuple et non les multinationales, doit entendre le message fort qui lui est adressé contre les rémunérations excessives, et agir au plan international pour que s'imposent à UBS comme à Bank of America, à Novartis comme à Glaxo, à Nestlé comme à Kraft, de nouveaux standards, qui doivent impérativement passer par le découplage des rémunérations des marchés financiers.
Initiative 1:12: louable, mais improbable
RépondreSupprimerMyret Zaki
Publié le 14 Octobre 2013 à 9:21
L'initiative 1:12 est critiquée par la droite pour de mauvaises raisons. En effet, il est peu probable qu'elle engendre des pertes fiscales significatives, ou qu'elle augmente le chômage, ou nuise à l'économie, ces faux épouvantails agités pour effrayer les votants. Au contraire, son effet redistributif en faveur de salariés domiciliés en Suisse profiterait à la consommation, et les revenus imposables répartis sur un plus grand nombre profiteraient aux caisses de la Confédération (les très hauts salaires étant plus à même d'optimiser leur fiscalité).
Toutefois, même si certains d'entre nous voudront lui donner leur voix pour le principe, l'initiative 1:12 s'avère difficilement applicable, car même en cas de division par 20 des salaires actuels de certaines multinationales helvétiques, le salaire le plus bas devrait être supérieur à 10'000, ce qui ne serait pas loin du plus haut salaire chez certaines PME.
En outre, les multinationales suisses verraient leur valeur en bourse dégringoler, car les salaires se décident en réalité à New York et à Londres, là où nos blue chips ont souvent une double cotation, et où sont cotés leurs concurrents, qui veulent tous attirer les investisseurs clés avec l'argument d'un CEO ultra-performant. Une multinationale qui n'engagerait que des managers moins expérimentés et payés 20 fois moins tomberait vite dans la ligue inférieure.
Cela, c'est la réalité, et les plus grosses multinationales suisses ont la contrainte de compter leurs plus vifs concurrents dans le monde anglo-saxon. Les initiants de 1:12 laissent croire que la solution à ce problème est locale, alors qu'elle ne peut être - et ce sont là les limites de notre démocratie - que globale. Le Conseil fédéral, qui est là pour servir le peuple et non les multinationales, doit entendre le message fort qui lui est adressé contre les rémunérations excessives, et agir au plan international pour que s'imposent à UBS comme à Bank of America, à Novartis comme à Glaxo, à Nestlé comme à Kraft, de nouveaux standards, qui doivent impérativement passer par le découplage des rémunérations des marchés financiers.
http://www.bilan.ch/myret-zaki/redaction-bilan/initiative-112-louable-mais-improbable