Au Japon, le personnel d’un aéroport va utiliser des combinaisons robotiques (vidéo)
par Arnaud Lefebvre 28 juil. 2015
La prochaine fois que vous allez au Japon, vous pourriez constater qu’une partie du personnel de l’aéroport de Tokyo portent des exosquelettes robotiques. La société japonaise de robotique Cyberdyne collabore avec l’aéroport de Tokyo-Haneda afin d’introduire dans ses infrastructures des « robots de la prochaine génération » et de permettre aux employés de revêtir des exosquelettes, rapporte Tech Times. Les robots auront comme fonction des tâches de nettoyage tandis que les exosquelettes aideront le personnel à, par exemple, soulever des charges lourdes dans les terminaux, sans pour autant devoir fournir des efforts physiques trop importants.
Si les tests se passent bien, il se pourrait que l’utilisation de ces robots et des exosquelettes soit introduite dans d’autres aéroports japonais mais également du monde entier, a expliqué Isao Takashiro, le président de la société Japan Airport Terminal Co.
Les robots sont de plus en plus populaires au Japon, principalement en raison du problème de vieillissement démographique du pays qui provoque une diminution de la population active. Les robots de Cyberdyne seront également une manière de valoriser l’image du Japon durant les Jeux Olympiques de 2020 qui se tiendront à Tokyo.
Yoshiyuki Sankai, professeur à l'Université de Tsukuba, est à la tête de Cyberdyne. Il est le développeur de l’exosquelette HAL (Hybrid Assistive Limb – Membre d’assistance hybride), un dispositif qui se place sur les membres de l’utilisateur, lui permettant d’améliorer sa force et sa vitesse. Le modèle qui sera utilisé par le personnel de l’aéroport ne pèse qu’environ 3 kilos. La personne enfile simplement cet exosquelette qui comprend un certain nombre de senseurs qui captent les signaux bioélectriques des muscles de l’utilisateur et lui permet de supporter le poids levé.
« Le port d’HAL est une fusion de l’homme, de la machine et de l’information. HAL peut également aider les personnes à mobilité réduite à se déplacer et à exercer une énergie motrice plus importante qu’en temps normal », explique Cyberdyne sur son site internet. « HAL est également un système qui accélère l’apprentissage moteur des nerfs cérébraux », indique la société.
Japon Airport Terminal a également demandé à Cyberdyne de travailler au développement de robots capables de se charger de la sécurité dans l’aéroport. Ces machines pourront aussi aider les touristes à trouver plus facilement leur chemin.
France : la fin des paysans et les soldats perdus de l'agriculture industrielle
Jean-Luc Gasnier Mediapart sam., 25 juil. 2015 04:28 UTC
La France fut longtemps paysanne avant d'être industrielle. Nous sommes tous des paysans de souche et ce lien ancestral permet au monde agricole de bénéficier encore aujourd'hui d'une sympathie particulière lorsqu'il engage des actions revendicatives pour attirer l'attention des pouvoirs publics. Mais, derrière la bataille engagée aujourd'hui, une nouvelle fois, par nos éleveurs, se cachent les intérêts contradictoires de deux conceptions de l'agriculture et le combat ambigu de la FNSEA et de son président Xavier Beulin. Juchés sur leurs énormes engins agricoles, le plus souvent de marques étrangères, tandis qu'ils arborent des pancartes « Achetez français », noyés dans la fumée dégagée par des monticules de pneus enflammés, les ruraux du syndicat majoritaire ne sont plus des paysans mais les représentants d'un maillon de l'agro-industrie soumis à la mondialisation et à la concurrence libre des autres produits européens. Leurs difficultés s'apparentent finalement à celles que peuvent éprouver les salariés d'autres secteurs industriels car, bien que théoriquement indépendants, ils sont, dans les faits, tenus, enfermés, dans des liens de subordination particulièrement stricts et contraignants.
« La fin des paysans », annoncée dans un ouvrage resté célèbre du sociologue Henri Mendras, est en passe de devenir une réalité ; elle est inscrite dans les lois d'orientation agricole qui se sont succédé depuis les années 60. Sous les coups de butoir conjugués de l'UE, du ministère de l'agriculture et de la FNSEA, les paysans français disparaissent inexorablement pour laisser la place à des exploitants sous contrats qui sont en fait des ouvriers spécialisés et les maillons faibles d'une agro-industrie préoccupée avant tout de productivité et d'économie d'échelle. Il faut nourrir la planète à moindre coût, l'agriculture française doit relever ce défi et affronter la concurrence mondiale.
Mais les agriculteurs de ce système productiviste nourrissent désormais avant tout le capital emprunté aux banques et découvrent qu'ils ne sont plus maîtres de leur destin, de leur avenir. Ils ont perdu leur identité culturelle pour rejoindre l'immense cohorte des exploités de l'économie financière mondialisée. Ils ont été progressivement dépossédés :
- dépossédés de leurs terres et de leurs terroirs qui s'asphyxient et se minéralisent sous les engrais et les pesticides ;
- dépossédés de leurs savoirs, de leurs techniques et de leurs semences en devenant les clients obligés de fournisseurs en tous genres (notamment des firmes semencières et des fabricants d'aliments ) ;
- dépossédés de leurs outils de représentation et de coopération : les organisations professionnelles agricoles et notamment les coopératives sont devenues des instruments d'aliénation au service du modèle agricole dominant. Ainsi par exemple, Invivo, premier groupe coopératif français, développe un CA de 5,7 milliards d'euros, est présent dans 28 pays, et emploie 8000 personnes. Qui peut croire que cette coopérative sert une logique paysanne ?
- dépossédés de leurs instances représentatives : la FNSEA, principale organisation syndicale, est présidée par Xavier Beulin, PDG de la société Avril-Sofiprotéol, multinationale aux multiples activités (de la presse spécialisée à l'huile de palme en passant par les additifs alimentaires), le n°1 de l'alimentation animale en France après le rachat de Sanders. (lire ici l'article de Reporterre sur Xavier Beulin) . La société Sofiprotéol-Avril ( lire ici)est une véritable pieuvre qui est en train d'enlacer et de parasiter l'ensemble de la filière agro-industrielle. Xavier Beulin est par ailleurs vice-président du Copa-Cogeca, structure qui rassemble des syndicats et organisations agricoles au niveau européen, particulièrement favorable à la signature du traité TAFTA ( le traité de libre-échange en négociation entre les USA et l'UE) qui « constitue une occasion unique de supprimer des obstacles règlementaires inutiles , une des grandes priorités de l'industrie agro-alimentaire européenne ».Imagine-t-on un loup chargé de garder des brebis ? Imagine-t-on un fournisseur exhorter ses clients à différer le paiement de leurs dettes ? Les conflits d'intérêts et le mélange des genres ne semblent pas effrayer le président de la FNSEA, qui continue, faussement bravache, à encourager ses troupes tout en reconnaissant, sans le moindre embarras, que les mesures prises par le gouvernement vont « dans le bon sens ». (Stéphane Le Foll avait notamment pointé l'endettement des éleveurs vis-à-vis des fournisseurs d'aliments) ;
- dépossédés enfin de leur culture et du fameux bon sens paysan. La technostructure agricole a instillé aux jeunes générations le culte du rendement à tout prix, du machinisme, du progrès technique, l'obsession de la nature maîtrisée, domestiquée, conquise : vivre de la nature, dans la nature, tout en lui étant étranger, tout en étant furieusement réfractaire au respect de la vie et de l'environnement, au point même, pour certains, d'être dépossédés de leur humanité comme en ont témoigné les débordements scandaleux de certains militants de la FNSEA, dans le cadre de l'affaire de Sivens. Aujourd'hui, les agriculteurs qui manifestent sous la bannière de la FNSEA sont nus, aussi dépouillés et désorientés que les animaux qu'on mène à l'abattoir.
Seule une agriculture plus extensive - notamment dans le domaine de l'élevage - et soucieuse avant tout de qualité pourrait permettre au monde paysan de se réapproprier son destin, de préserver les milieux naturels et de respecter les consommateurs. Mais cette agriculture, défendue par la Confédération paysanne, ne correspond évidemment pas aux intérêts de l'agro-industrie et elle n'a pas les faveurs des pouvoirs publics. L'Etat français, malgré le lancement de l'an 1 de l'agro-écologie le 30 janvier dernier, a clairement fait le choix de l'agriculture intensive pour alimenter la très grande masse de la population mais aussi les moteurs de nos voitures avec les agro-carburants. Le colloque organisé en décembre 2013 pour fêter les 30 ans de Sofiprotéol - Avril avait été l'occasion pour le chef de l'Etat d'expliquer sa position et de choisir son camp : « Dans dix ans l'agriculture française sera un secteur extrêmement dynamique (...) C'est mon rôle de rappeler que l'on doit croire dans le progrès (...) Les protéines végétales et la chimie verte font partie des sept ambitions d'avenir reconnues par la commission "Innovation 2030" ».
Le plan de sauvetage des éleveurs démontre qu'il n'y a pas de jurisprudence des erreurs passées. En appeler à la responsabilité des acteurs est probablement assez vain dans un monde où la morale des affaires est tout de même dictée par la recherche du profit maximum. Et quelques centimes de plus au litre de lait ou au kilo de viande, arrachés par les éleveurs, ne changeront rien à la logique générale d'un système qui pousse à la concentration. Des aides comme le soutien à l'investissement et la promotion de la viande française à l'export seront captées, pour l'essentiel, par les plus gros.
Cette guerre des « paysans » profitera aux généraux de l'arrière, aux bâtisseurs d'empire comme Xavier Beulin, qui n'hésitent pas à envoyer au front, pour des batailles désespérées, les soldats perdus de l'agriculture industrielle.
TAFTA : menace de mort pour les éleveurs européens
victorayoli Mediapart mer., 29 juil. 2015 04:16 UTC
Et pourtant... Et pourtant, la distorsion de prix entre viandes françaises et viandes « européenne » tourne autour de quelques dizaines d'euros à la tonne. Mais se présente à l'horizon une menace d'un tout autre calibre...Un risque qui risque de balayer irrémédiablement non seulement l'élevage français (axé sur la qualité et les exploitations de 80 à 200 bêtes) mais aussi européens (axé, en Allemagne, au Pays-Bas, sur les volumes et les exploitations de 1000 à 3000 têtes). Cette menace de mort à un nom : TAFTA.
Il est prévu, dans ces accords transatlantiques menés dans la plus sournoise opacité, l'importation annuelle en Europe de 300.000 à 600.000 tonnes de bœuf, soit entre 4 et 8%, de la production européenne, en provenance du Canada, des Etats-Unis, et du Brésil, puisqu'un accord doit être signé simultanément entre les Etats membres du Mercosur et de l'Europe. Des viandes produites dans des conditions qui n'ont rien à voir avec ce qui se fait en Europe ! Qu'on en juge :
Sanitaire
En Europe, la traçabilité est strictement établie à tous les stades, de la naissance à la commercialisation de l'animal. Aucune traçabilité aux États-Unis et au Brésil.
Alimentation
- Aux États-Unis et au Brésil, les hormones et les antibiotiques comme facilitateurs de croissance sont la norme. Ces produits sont strictement interdits en Europe pour des raisons sanitaires et surtout de risque de résistance aux antibiotiques.
- Outre-Atlantique, les farines animales, les litières de volailles sont autorisées dans la nourriture de ces bovins « mange-merde » ! Ils sont rigoureusement interdits en Europe depuis la catastrophe de la « vache folle ».
- Dans les gigantesques parcs de gavage des bovins (jusqu'à 30.000 bêtes dans chaque « feedlots »), la nourriture des animaux comportent à plus de 80 % des maïs et des sojas OGM. Eu Europe, en tout cas en France, les animaux sont nourris à 70 % de fourrages et de céréales produits sur l'exploitation ou dans la région. Les OGM sont interdits (encore que...)
Environnement
Les méthodes de production français et américains, tant dans les normes que dans les pratiques, sont radicalement opposés :
- Les éleveurs français produisent l'alimentation de leurs troupeaux (fourrage, ensilage). Les éleveurs américains (étazuniens, brésiliens) ont recours à des achats d'aliments industriels bourrés d'OGM, d'antibiotiques et autres délicatesses.
- En France, il y des levées de boucliers lorsqu'un industriel veut mettre en œuvre une « ferme des mille vaches ». Outre-Atlantique, ce sont des entassements d'un minimum de 30.000 bêtes chiant des milliers de tonnes d'excréments azotés, polluant les sols et les eaux de ruissellement jusqu'aux nappes phréatiques.
Quant au bien-être animal, toujours présent chez les éleveurs français, les Américains, qu'ils soient des États-Unis ou du Brésil, s'en branlent éperdument. Les bêtes sont les unes sur les autres, sans espace vital, ne voient que rarement un brin d'herbe et voyagent dans des conditions répugnantes (28 heures de transport maximum sans pause aux États-Unis et au Brésil, contre 14 heures maximum en Europe). Á noter que ce sont ces gens qui s'offusquent et boycottent notre foie gras !
Voilà donc quelques éléments pour envisager ce qui risque d'arriver dans nos assiettes si le TAFTA est signé... Et puis, sur un strict plan financier, puisque c'est le principal critère pris en compte par les ultralibéraux, que feront les éleveurs français et européens lorsque arriveront d'outre-Atlantique ces carcasses dégueulasses à 150 euros la tonne contre environ 300 euros pour les bovins européens ? Ils fermeront boutique et n'auront plus qu'à se pendre...
Au Japon, le personnel d’un aéroport va utiliser des combinaisons robotiques (vidéo)
RépondreSupprimerpar Arnaud Lefebvre
28 juil. 2015
La prochaine fois que vous allez au Japon, vous pourriez constater qu’une partie du personnel de l’aéroport de Tokyo portent des exosquelettes robotiques. La société japonaise de robotique Cyberdyne collabore avec l’aéroport de Tokyo-Haneda afin d’introduire dans ses infrastructures des « robots de la prochaine génération » et de permettre aux employés de revêtir des exosquelettes, rapporte Tech Times. Les robots auront comme fonction des tâches de nettoyage tandis que les exosquelettes aideront le personnel à, par exemple, soulever des charges lourdes dans les terminaux, sans pour autant devoir fournir des efforts physiques trop importants.
Si les tests se passent bien, il se pourrait que l’utilisation de ces robots et des exosquelettes soit introduite dans d’autres aéroports japonais mais également du monde entier, a expliqué Isao Takashiro, le président de la société Japan Airport Terminal Co.
Les robots sont de plus en plus populaires au Japon, principalement en raison du problème de vieillissement démographique du pays qui provoque une diminution de la population active. Les robots de Cyberdyne seront également une manière de valoriser l’image du Japon durant les Jeux Olympiques de 2020 qui se tiendront à Tokyo.
Yoshiyuki Sankai, professeur à l'Université de Tsukuba, est à la tête de Cyberdyne. Il est le développeur de l’exosquelette HAL (Hybrid Assistive Limb – Membre d’assistance hybride), un dispositif qui se place sur les membres de l’utilisateur, lui permettant d’améliorer sa force et sa vitesse. Le modèle qui sera utilisé par le personnel de l’aéroport ne pèse qu’environ 3 kilos. La personne enfile simplement cet exosquelette qui comprend un certain nombre de senseurs qui captent les signaux bioélectriques des muscles de l’utilisateur et lui permet de supporter le poids levé.
« Le port d’HAL est une fusion de l’homme, de la machine et de l’information. HAL peut également aider les personnes à mobilité réduite à se déplacer et à exercer une énergie motrice plus importante qu’en temps normal », explique Cyberdyne sur son site internet. « HAL est également un système qui accélère l’apprentissage moteur des nerfs cérébraux », indique la société.
Japon Airport Terminal a également demandé à Cyberdyne de travailler au développement de robots capables de se charger de la sécurité dans l’aéroport. Ces machines pourront aussi aider les touristes à trouver plus facilement leur chemin.
http://www.express.be/business/fr/technology/au-japon-le-personnel-dun-aeroport-va-utiliser-des-combinaisons-robotiques-video/214769.htm
France : la fin des paysans et les soldats perdus de l'agriculture industrielle
RépondreSupprimerJean-Luc Gasnier
Mediapart
sam., 25 juil. 2015 04:28 UTC
La France fut longtemps paysanne avant d'être industrielle. Nous sommes tous des paysans de souche et ce lien ancestral permet au monde agricole de bénéficier encore aujourd'hui d'une sympathie particulière lorsqu'il engage des actions revendicatives pour attirer l'attention des pouvoirs publics. Mais, derrière la bataille engagée aujourd'hui, une nouvelle fois, par nos éleveurs, se cachent les intérêts contradictoires de deux conceptions de l'agriculture et le combat ambigu de la FNSEA et de son président Xavier Beulin. Juchés sur leurs énormes engins agricoles, le plus souvent de marques étrangères, tandis qu'ils arborent des pancartes « Achetez français », noyés dans la fumée dégagée par des monticules de pneus enflammés, les ruraux du syndicat majoritaire ne sont plus des paysans mais les représentants d'un maillon de l'agro-industrie soumis à la mondialisation et à la concurrence libre des autres produits européens. Leurs difficultés s'apparentent finalement à celles que peuvent éprouver les salariés d'autres secteurs industriels car, bien que théoriquement indépendants, ils sont, dans les faits, tenus, enfermés, dans des liens de subordination particulièrement stricts et contraignants.
« La fin des paysans », annoncée dans un ouvrage resté célèbre du sociologue Henri Mendras, est en passe de devenir une réalité ; elle est inscrite dans les lois d'orientation agricole qui se sont succédé depuis les années 60. Sous les coups de butoir conjugués de l'UE, du ministère de l'agriculture et de la FNSEA, les paysans français disparaissent inexorablement pour laisser la place à des exploitants sous contrats qui sont en fait des ouvriers spécialisés et les maillons faibles d'une agro-industrie préoccupée avant tout de productivité et d'économie d'échelle. Il faut nourrir la planète à moindre coût, l'agriculture française doit relever ce défi et affronter la concurrence mondiale.
Mais les agriculteurs de ce système productiviste nourrissent désormais avant tout le capital emprunté aux banques et découvrent qu'ils ne sont plus maîtres de leur destin, de leur avenir. Ils ont perdu leur identité culturelle pour rejoindre l'immense cohorte des exploités de l'économie financière mondialisée. Ils ont été progressivement dépossédés :
- dépossédés de leurs terres et de leurs terroirs qui s'asphyxient et se minéralisent sous les engrais et les pesticides ;
- dépossédés de leurs savoirs, de leurs techniques et de leurs semences en devenant les clients obligés de fournisseurs en tous genres (notamment des firmes semencières et des fabricants d'aliments ) ;
- dépossédés de leurs outils de représentation et de coopération : les organisations professionnelles agricoles et notamment les coopératives sont devenues des instruments d'aliénation au service du modèle agricole dominant. Ainsi par exemple, Invivo, premier groupe coopératif français, développe un CA de 5,7 milliards d'euros, est présent dans 28 pays, et emploie 8000 personnes. Qui peut croire que cette coopérative sert une logique paysanne ?
(suite en dessous:)
- dépossédés de leurs instances représentatives : la FNSEA, principale organisation syndicale, est présidée par Xavier Beulin, PDG de la société Avril-Sofiprotéol, multinationale aux multiples activités (de la presse spécialisée à l'huile de palme en passant par les additifs alimentaires), le n°1 de l'alimentation animale en France après le rachat de Sanders. (lire ici l'article de Reporterre sur Xavier Beulin) . La société Sofiprotéol-Avril ( lire ici)est une véritable pieuvre qui est en train d'enlacer et de parasiter l'ensemble de la filière agro-industrielle. Xavier Beulin est par ailleurs vice-président du Copa-Cogeca, structure qui rassemble des syndicats et organisations agricoles au niveau européen, particulièrement favorable à la signature du traité TAFTA ( le traité de libre-échange en négociation entre les USA et l'UE) qui « constitue une occasion unique de supprimer des obstacles règlementaires inutiles , une des grandes priorités de l'industrie agro-alimentaire européenne ».Imagine-t-on un loup chargé de garder des brebis ? Imagine-t-on un fournisseur exhorter ses clients à différer le paiement de leurs dettes ? Les conflits d'intérêts et le mélange des genres ne semblent pas effrayer le président de la FNSEA, qui continue, faussement bravache, à encourager ses troupes tout en reconnaissant, sans le moindre embarras, que les mesures prises par le gouvernement vont « dans le bon sens ». (Stéphane Le Foll avait notamment pointé l'endettement des éleveurs vis-à-vis des fournisseurs d'aliments) ;
RépondreSupprimer- dépossédés enfin de leur culture et du fameux bon sens paysan. La technostructure agricole a instillé aux jeunes générations le culte du rendement à tout prix, du machinisme, du progrès technique, l'obsession de la nature maîtrisée, domestiquée, conquise : vivre de la nature, dans la nature, tout en lui étant étranger, tout en étant furieusement réfractaire au respect de la vie et de l'environnement, au point même, pour certains, d'être dépossédés de leur humanité comme en ont témoigné les débordements scandaleux de certains militants de la FNSEA, dans le cadre de l'affaire de Sivens.
Aujourd'hui, les agriculteurs qui manifestent sous la bannière de la FNSEA sont nus, aussi dépouillés et désorientés que les animaux qu'on mène à l'abattoir.
(suite en dessous:)
Seule une agriculture plus extensive - notamment dans le domaine de l'élevage - et soucieuse avant tout de qualité pourrait permettre au monde paysan de se réapproprier son destin, de préserver les milieux naturels et de respecter les consommateurs. Mais cette agriculture, défendue par la Confédération paysanne, ne correspond évidemment pas aux intérêts de l'agro-industrie et elle n'a pas les faveurs des pouvoirs publics. L'Etat français, malgré le lancement de l'an 1 de l'agro-écologie le 30 janvier dernier, a clairement fait le choix de l'agriculture intensive pour alimenter la très grande masse de la population mais aussi les moteurs de nos voitures avec les agro-carburants. Le colloque organisé en décembre 2013 pour fêter les 30 ans de Sofiprotéol - Avril avait été l'occasion pour le chef de l'Etat d'expliquer sa position et de choisir son camp : « Dans dix ans l'agriculture française sera un secteur extrêmement dynamique (...) C'est mon rôle de rappeler que l'on doit croire dans le progrès (...) Les protéines végétales et la chimie verte font partie des sept ambitions d'avenir reconnues par la commission "Innovation 2030" ».
RépondreSupprimerLe plan de sauvetage des éleveurs démontre qu'il n'y a pas de jurisprudence des erreurs passées. En appeler à la responsabilité des acteurs est probablement assez vain dans un monde où la morale des affaires est tout de même dictée par la recherche du profit maximum. Et quelques centimes de plus au litre de lait ou au kilo de viande, arrachés par les éleveurs, ne changeront rien à la logique générale d'un système qui pousse à la concentration. Des aides comme le soutien à l'investissement et la promotion de la viande française à l'export seront captées, pour l'essentiel, par les plus gros.
Cette guerre des « paysans » profitera aux généraux de l'arrière, aux bâtisseurs d'empire comme Xavier Beulin, qui n'hésitent pas à envoyer au front, pour des batailles désespérées, les soldats perdus de l'agriculture industrielle.
http://fr.sott.net/article/26095-France-la-fin-des-paysans-et-les-soldats-perdus-de-l-agriculture-industrielle
TAFTA : menace de mort pour les éleveurs européens
RépondreSupprimervictorayoli
Mediapart
mer., 29 juil. 2015 04:16 UTC
Et pourtant... Et pourtant, la distorsion de prix entre viandes françaises et viandes « européenne » tourne autour de quelques dizaines d'euros à la tonne. Mais se présente à l'horizon une menace d'un tout autre calibre...Un risque qui risque de balayer irrémédiablement non seulement l'élevage français (axé sur la qualité et les exploitations de 80 à 200 bêtes) mais aussi européens (axé, en Allemagne, au Pays-Bas, sur les volumes et les exploitations de 1000 à 3000 têtes). Cette menace de mort à un nom : TAFTA.
Il est prévu, dans ces accords transatlantiques menés dans la plus sournoise opacité, l'importation annuelle en Europe de 300.000 à 600.000 tonnes de bœuf, soit entre 4 et 8%, de la production européenne, en provenance du Canada, des Etats-Unis, et du Brésil, puisqu'un accord doit être signé simultanément entre les Etats membres du Mercosur et de l'Europe. Des viandes produites dans des conditions qui n'ont rien à voir avec ce qui se fait en Europe ! Qu'on en juge :
Sanitaire
En Europe, la traçabilité est strictement établie à tous les stades, de la naissance à la commercialisation de l'animal. Aucune traçabilité aux États-Unis et au Brésil.
Alimentation
- Aux États-Unis et au Brésil, les hormones et les antibiotiques comme facilitateurs de croissance sont la norme. Ces produits sont strictement interdits en Europe pour des raisons sanitaires et surtout de risque de résistance aux antibiotiques.
- Outre-Atlantique, les farines animales, les litières de volailles sont autorisées dans la nourriture de ces bovins « mange-merde » ! Ils sont rigoureusement interdits en Europe depuis la catastrophe de la « vache folle ».
- Dans les gigantesques parcs de gavage des bovins (jusqu'à 30.000 bêtes dans chaque « feedlots »), la nourriture des animaux comportent à plus de 80 % des maïs et des sojas OGM. Eu Europe, en tout cas en France, les animaux sont nourris à 70 % de fourrages et de céréales produits sur l'exploitation ou dans la région. Les OGM sont interdits (encore que...)
Environnement
Les méthodes de production français et américains, tant dans les normes que dans les pratiques, sont radicalement opposés :
- Les éleveurs français produisent l'alimentation de leurs troupeaux (fourrage, ensilage). Les éleveurs américains (étazuniens, brésiliens) ont recours à des achats d'aliments industriels bourrés d'OGM, d'antibiotiques et autres délicatesses.
(suite en dessous:)
- En France, il y des levées de boucliers lorsqu'un industriel veut mettre en œuvre une « ferme des mille vaches ». Outre-Atlantique, ce sont des entassements d'un minimum de 30.000 bêtes chiant des milliers de tonnes d'excréments azotés, polluant les sols et les eaux de ruissellement jusqu'aux nappes phréatiques.
RépondreSupprimerQuant au bien-être animal, toujours présent chez les éleveurs français, les Américains, qu'ils soient des États-Unis ou du Brésil, s'en branlent éperdument. Les bêtes sont les unes sur les autres, sans espace vital, ne voient que rarement un brin d'herbe et voyagent dans des conditions répugnantes (28 heures de transport maximum sans pause aux États-Unis et au Brésil, contre 14 heures maximum en Europe). Á noter que ce sont ces gens qui s'offusquent et boycottent notre foie gras !
Voilà donc quelques éléments pour envisager ce qui risque d'arriver dans nos assiettes si le TAFTA est signé... Et puis, sur un strict plan financier, puisque c'est le principal critère pris en compte par les ultralibéraux, que feront les éleveurs français et européens lorsque arriveront d'outre-Atlantique ces carcasses dégueulasses à 150 euros la tonne contre environ 300 euros pour les bovins européens ? Ils fermeront boutique et n'auront plus qu'à se pendre...
http://fr.sott.net/article/26094-TAFTA-menace-de-mort-pour-les-eleveurs-europeens